La Nouvelle-Calédonie est un archétype de société multiculturelle qui compte environ 280 000 habitants. Cohabitent sur ce territoire de multiples communautés : les Kanaks (41,21% de la population), les « Caldoches », Néo-Calédoniens d’origine française (24,12%), les métis (11,33%), les Wallisiens et Futuniens (8,3%), les Asiatiques (Indonésiens, Vietnamiens, Chinois, Japonais…), les Tahitiens et Ni-Vanuatu. Donc une mosaïque de cultures qui devrait réjouir les chantres de la diversité. Ceux-ci pourtant, dans le cas particulier, ont tendance à dénier leurs droits démocratiques à ceux qui n’appartiennent pas au « peuple premier », près de 60% de la population. De surcroît, l’exemple n’est pas très probant. A l’évidence le multiculturalisme n’est pas si facile à vivre. Une fois encore les faits viennent contredire l’idéologie.
Au demeurant, il n’est pas nécessaire d’avoir fait Normale sup pour constater que faire vivre en harmonie des sociétés multiculturelles est plus compliqué que dans le cas de société plus unie sur le plan culturel. Et point n’est besoin d’évoquer le Rwanda ou le Moyen-Orient, il suffit de regarder l’histoire récente de l’Europe de l’Irlande, au Pays basque, de la Bosnie-Herzégovine au pseudo Etat du Kosovo, ou, dans un mode mineur la Belgique avec les Flamands et les Wallons ou l’Espagne et la Catalogne. Il est évident que les différences culturelles peuvent devenir des antagonismes, voire des conflits ouverts. N’en déplaise aux idéologues. Les empires multiculturels ont tous fini par s’effondrer dans la douleur et n’avaient tenus que grâce à une fidélité dynastique qui n’est plus de saison.
Le profil des émeutiers mérite l’intérêt. Une analyse des émeutes de l’été 2023, publiée par Vie publique (21/09/2023) indique que les émeutiers et pillards étaient de jeunes hommes de moins de 25 ans, peu ou pas diplômés et sans revendications idéologiques ou politiques affirmées. Or ce profil ressemble à celui des émeutiers de Nouvelle-Calédonie. L’interrogation qui demeure est de savoir qui instrumentalise cette jeunesse sans repère tombée dans la violence. En vérité, dans les deux cas, la réponse semble assez claire : des ennemis de la France. Pourtant de nationalité française. Preuve que la forme juridique ne présuppose en rien la loyauté affective et civique.
En Nouvelle-Calédonie, l’Etat est apparu dépassé par les évènements dès le début du mouvement insurrectionnel. Les citoyens ont donc été contraints de créer des milices d’auto-défense ! La décadence de l’Etat régalien a donc éclaté au grand jour. L’Etat français n’est plus qu’un Etat lourd à défaut d’être un Etat fort. En métropole, il avait été aussi dépassé et incapable d’assurer la sécurité des biens.
Quant au gouvernement, il s’est borné à égrener les habituelles déclarations martiales sur l’ordre républicain et la fermeté totale des institutions. Personne n’y croit plus.
Ainsi le chaos de la Nouvelle-Calédonie semble préfigurer ce qui pourrait survenir en métropole. Depuis des décennies les gouvernements de droite et de gauche se sont évertués à transformer la France en mosaïque multiculturelle. Le Président Hollande a même confessé qu’il ne voyait plus comment éviter la partition. Le responsable politique n’est plus qu’un commentateur des évènements qui les « accompagne ». L’aveuglement idéologique et la faiblesse de l’action politique encouragent et nourrissent l’effondrement de l’Etat et la déstructuration de la société. La responsabilité du système oligarchique est écrasante. Si nous ne voulons pas que la situation de la Nouvelle-Calédonie soit une répétition générale, il faut changer d’urgence tous les paradigmes de l’action politique. Il nous faut une alternance forte. Vite. Avant qu’il ne soit trop tard.
Stéphane Buffetaut
https://www.bvoltaire.fr/chronique-nouvelle-caledonie-repetition-generale/