Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La France et l’Europe des Nations doivent se rapprocher de la Russie (2)

Développer les échanges économiques entre l’Europe et la Russie

En faisant de l’Ukraine, de la Biélorussie, de la Géorgie, du Kazakhstan et de la Russie des partenaires stratégiques privilégiés, l’Europe continentale pourrait « gagner » 270 millions d’habitants supplémentaires générant un PIB d’au minimum 3500 milliards de dollars, soit plus que le PIB nominal de la France, ainsi que des ressources naturelles et énergétiques en abondance. En termes de parité de pouvoir d’achat le PIB russe, à lui seul, est supérieur au PIB français.

La Russie possède 20 % des richesses minières de la planète, une industrie de plus en plus puissante qui représente 33 % du PIB russe et une agriculture capable de nourrir une bonne partie du tiers-monde. La Russie est devenue la 5° puissance économique en termes de parité de pouvoir d’achat tandis que la France recule au 9° rang. Détentrice des plus grandes réserves de gaz du monde, seule puissance continentale avec la France à maîtriser le nucléaire civil et militaire, fournisseur stratégique de nombreux pays européens, la Russie constitue pour l’Europe le partenaire stratégique idéal.

Fragilisée par une économie insuffisamment développée, suite à 70 ans de communisme et un programme libéral anglo-saxon de dix ans, complètement raté sous Eltsine qui a fini de détruire l’économie, la Russie a toujours été très désireuse de se rapprocher économiquement de l’Europe. La Russie agace les actuels dirigeants occidentaux parce qu’elle possède de riches ressources, un vaste territoire, des gens intelligents et autosuffisants qui aiment leur pays, ses traditions et son histoire. L’historien Emmanuel Todd a vu juste : « Avec 2,2 fois moins de personnes qui étudient, les Russes forment 30 % de plus d’ingénieurs que les États-Unis. La Russie dispose donc d’un réservoir de matière grise nettement plus important que celui de l’Amérique.

Les multinationales occidentales sont troublées par la vision différente du monde et la divergence idéologique avec la Russie. Les multinationales souhaitent essentiellement s’enrichir et développer la société de consommation. La Russie cherche, au contraire, à maintenir un équilibre raisonnable entre la primauté du politique, les valeurs morales, spirituelles et le développement économique.
L’Europe et la Russie ont les mêmes préoccupations existentielles : l’islam radical, les bombes démographiques latentes autour de la mer Caspienne, de la mer Noire et du sud de la Méditerranée, la rivalité sino-américaine pour le leadership mondial au XXIe siècle, des démographies vieillissantes, malgré les efforts de redressement très importants de Poutine en Russie.
.
Les stupides pertes d’investissements, de sources d’approvisionnements, de débouchés, d’emplois et de rentabilité des entreprises européennes, suite aux sanctions économiques contre la Russie prônées par les États-Unis et leurs valets européens irresponsables

La France était le premier employeur étranger en Russie avec les entreprises Total, Renault, Safran, Auchan. Renault détenait 33 % du marché automobile du pays. Total qui détient 30 % du consortium géant Yamal, au cœur de l’Arctique russe a dû renoncer à des participations en Sibérie. De nouveaux champs de coopération devaient être ouverts pour les énergies nouvelles, le nucléaire ainsi que pour l’intelligence artificielle, chaque pays ayant déjà bâti un plan stratégique. À l’heure où les Européens doivent se battre pour survivre économiquement et ne pas perdre leurs emplois dans un monde de plus en plus dangereux et compétitif, c’est un suicide économique européen inutile, pur et simple, pour les beaux yeux de l’Amérique !
Il suffit de penser à la perte financière et de fiabilité pour l’économie française quand la société DCNS et les chantiers STX de Saint-Nazaire renoncent, avec des pénalités à la clé, à la vente de deux navires militaires de type « Mistral », soit 1,12 milliard d’euros. Nous prendrons comme autre exemple l’entreprise de haute technologie Safran qui a dû lancer un plan d’économies pour neutraliser l’impact des pertes d’activité importantes en Russie : Safran ne livre plus de moteurs et d’équipements pour les programmes Super jet 100, l’avion régional de Sukhoï, MC 21, le moyen-courrier d’Irkut, et les hélicoptères Kamov 62 et 226. De même le groupe a cessé ses activités de service et de maintenance dédiées aux moteurs équipant environ 500 A 320 et Boeing 737 au sein des compagnies aériennes russes. Le Groupe a dû aussi augmenter ses stocks de titane, afin de couvrir ses besoins. Pour le moment, Safran dépend à 50 % du titane fourni par le russe VSMPO !
La Russie joue un rôle fondamental pour l’approvisionnement de métaux critiques tels que le titane, le chrome, l’arsenic, le cobalt, le sélénium et le magnésium. Malgré la guerre en Ukraine, les entreprises européennes ont été autorisées à acheter des matériaux « critiques » tels que le titane, l’aluminium ou le nickel à la Russie. Entre le 24 février 2022, date du début du conflit et le 14 mars 2023, Airbus a acheté pour 22,8 millions de dollars de titane russe, soit quatre fois plus qu’au cours des 13 mois précédents.

Les pertes astronomiques de l’agriculture française et européenne, suite aux sanctions économiques suicidaires de l’Occident contre la Russie

La Russie représentait 10 % des exportations totales agricoles européennes. Ce volume s’est évaporé et se traduit en pertes sèches pour beaucoup de producteurs. En 2013, la France avait expédié pour plus d’un milliard d’euros de produits alimentaires, sur les dix milliards qu’a importés la Russie de l’Union européenne. L’embargo décrété par la Russie, le 6 août 2022, sur certains produits alimentaires européens en représailles des sanctions imposées par Bruxelles, a causé un préjudice considérable à l’agriculture française.
La Russie est le premier exportateur mondial de blé (42 millions de tonnes), soit plus de 20 % des exportations mondiales de blé, avec la Turquie et surtout l’Égypte, premier importateur mondial, comme client. Les autres exportations sont anecdotiques. Longtemps déficitaire, la balance commerciale agricole russe est devenue excédentaire en 2018. S’il pèse bien moins que l’énergie, les métaux et les minerais dans la balance commerciale, le secteur agricole est devenu le troisième poste d’exportation, devant l’armement. Selon Sébastien Abis, « les sanctions occidentales ont stimulé l’agriculture russe ».

Complémentarité stratégique avec la Russie : mettre fin au gaz de schiste américain liquéfié hors de prix et rouvrir les deux gazoducs germano-russes Nord Stream 1 et 2

Les exportations de gaz russe vers l’Allemagne et l’Europe devraient passer en mer Baltique par Nord Stream 1, soit deux tubes parallèles d’une capacité globale de 55 milliards de m3 qui ont été inaugurés en 2011. Ils assuraient déjà 40 % de l’approvisionnement allemand et 30 % de celui de la France. Un seul des deux tubes ayant été endommagé par le sabotage des États-Unis, les livraisons de gaz russe pourraient reprendre immédiatement jusqu’à concurrence de 27,5 milliards de m3 par an.
Le gazoduc Nord Stream 2, avant son sabotage par l’Amérique, devait doubler la capacité de Nord Stream 1 et être inauguré en 2021. Le projet Nord Stream 2 a toujours suscité l’ire des États-Unis qui ont accusé l’Allemagne d’accroître sa dépendance au gaz russe et ont incité Berlin à importer le gaz naturel de schiste liquéfié américain beaucoup plus onéreux. Soucieux de ménager la susceptibilité américaine, le gouvernement allemand a procédé à la construction de terminaux méthaniers destinés à importer du GNL en provenance d’outre – atlantique.
Le gaz russe ne constitue pas une dépendance pour l’Europe, mais bien au contraire une source énergétique fiable, complémentaire et très bon marché, alors que le gaz américain coûte 4 fois plus cher, pollue avec les méthaniers sur les mers ainsi qu’avec les usines de liquéfaction aux États-Unis et les usines de re-gazéification en Europe. Les autres sources d’approvisionnement (Norvège, Pays-Bas, Algérie) sont sur le déclin.

Complémentarité énergétique de Turkstream : un gazoduc pour livrer du gaz russe au sud de l’Europe

Avec le gazoduc Turkstream dont les vannes ont été ouvertes solennellement le 8 janvier 2020 à Istanbul par Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine, le chef du Kremlin a parachevé un dessein esquissé de longue date : accroître et assurer la fourniture de gaz russe aux Européens.
Turkstream permet d’acheminer 31 milliards de m3 (dont la moitié destinée à la Turquie) dans deux tubes immergés de 930 kilomètres sous la Mer noire, entre le port russe d’Anapa et le village turc côtier de Kiyiköy, non loin d’Istanbul. Un tronçon terrestre de 65 kilomètres relie ensuite Kiyiköy et Lüleburgaz, non loin la frontière turco-bulgare. La Grèce et la Macédoine du Nord sont déjà clients ; l’objectif est de fournir ultérieurement la Serbie, la Hongrie et jusqu’à Baumgarten en Autriche.
Les flux gaziers russes vers l’Europe ont longtemps transité par une plateforme majeure, l’Ukraine, avant que ce pays ne devienne, pour Moscou, l’obstacle à contourner. La solution pour la Russie passe donc par le contournement de l’Ukraine, au sud de l’Europe avec Turkstream, et au nord avec Nordstream.

L’Europe ne peut pas se passer du gaz russe

Les besoins de l’UE en gaz sont colossaux : 400 milliards de m3 par an dont 187 milliards fournis par la Russie, soit 46,8 %, jusqu’à la guerre en Ukraine. 55 % du gaz allemand consommé était d’origine russe. L’UE a donc dû épargner le gaz qui, contrairement au charbon et au pétrole russe, n’est pas sous sanctions, tout en essayant de ralentir les achats. L’Europe continue, en fait, à dépendre plus que jamais du gaz naturel liquéfié russe. Les importations par les divers gazoducs russo-européens se sont réduites ou ont été arrêtées, suite au sabotage de Nordstream par l’Amérique, mais les achats de gaz naturel liquéfié à Moscou par bateaux ont bondi ! Au 31 Aout 2023, ils étaient en hausse de 40 % par rapport à la même période en 2021, avant l’intervention militaire russe. De plus, le GNL coûte 40 % plus cher que le gaz transporté par gazoduc
Poutine s’il le souhaite pourrait stopper les exportations de GNL pendant l’hiver 2023-2024 et mettre l’Europe grelottante à genoux. Le Qatar et les États-Unis, avec un prix quatre fois plus cher que le gaz russe, sont dans l’incapacité de compenser durablement et en totalité les importations européennes de gaz russe. Selon Faith Birol, directeur exécutif de l’AIE, si la reprise de l’économie chinoise s’accélère en 2023-2024 et si l’hiver est rigoureux, il n’y aura pas assez de gaz russe liquéfié pour l’Europe. Les stocks de gaz constitués à l’automne ne permettent pas de couvrir la consommation des pays européens si l’hiver est rigoureux. 21 % de la production d’électricité en Europe s’effectue à partir du gaz. (à suivre)

Marc Rousset – Auteur de « Notre Faux Ami l’Amérique/Pour une Europe des nations avec la Russie « -Préface de Piotr Tolstoï-370p -Librinova – 2024

http://marcrousset.over-blog.com/2024/05/la-france-et-l-europe-des-nations-doivent-se-rapprocher-de-la-russie-2.html

Les commentaires sont fermés.