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Migrants : Macron passe le deal du siècle avec les Britanniques…

Capture d'écran X
Capture d'écran X
La visite d’État d’Emmanuel Macron, grand-croix honoraire de l'ordre du Bain, au Royaume-Uni, est un véritable triomphe, il faut bien l’avouer. Vous n’êtes pas convaincus ? Alors, jetez un petit coup d’œil sur la vidéo d’autosatisfaction publiée par le président de la République, sur X, avec pour seul commentaire : « Long live l’entente amicale ! » Notons au passage que, dans une sorte d'incroyable parallélisme des formes avec la monarchie britannique, désormais, Brigitte Macron est institutionnalisée comme reine consort du petite royaume de Macronie. Jamais, en effet, une « première dame » française, même sous Sarkozy, n’avait été autant mise en avant. Passons.

Le « deal » avec les Britanniques : « un pour un » !

Un véritable triomphe, donc, notamment sur le plan de la lutte contre l’immigration irrégulière vers l’Angleterre puisque, dans ses bagages, Macron, outre les petits souvenirs d’usage, ramène un « accord pilote » avec Keir Starmer, le Premier ministre britannique. Le « deal » ? Fondé sur le « un pour un », « one to one », les Britanniques renverront en France tout migrant illégal arrivé par petit bateau (small boat) et, en échange de quoi, ils s’engagent à accepter un migrant se trouvant en France, désireux de s’installer au Royaume-Uni et justifiant de liens avec ce pays. L’objectif ? Comme l’expliquait, jeudi soir, sur le plateau de RTL, Patrick Stefanini, représentant spécial sur l’immigration du ministre de l’Intérieur, il s’agit de casser les filières de passeurs sur la côte aux environs de Calais. Comment ? En introduisant « l'idée qu'un migrant qui franchit irrégulièrement la Manche n'aura plus la certitude d'y rester impunément ». Aujourd’hui, effectivement, les migrants qui réussissent à arriver au milieu de la Manche sont récupérés par les Britanniques, transportés sur les côtes anglaises avec, après, affirme l’ancien préfet, « l’assurance qu’il n’y a jamais de retour ». Mouais...

On - pardon, Macron - s'est fait avoir

D’emblée, on comprend que, pour les Britanniques, c’est tout bénéfice. Mais c’est le propre de nos amis grands-bretons, d'ailleurs, que le gouvernement soit conservateur ou travailliste, de regarder les choses d’abord de façon pragmatique et surtout en fonction de ce qu’ils pensent être leurs intérêts. C’est vieux comme Albion et ils ont sans doute bien raison. Pour nous, les Français – tout du moins au Macronistan -, c’est un peu différent car, c’est bien connu, la France est généreuse (avec l’argent que les Français n’ont plus…). C’est tout bénéfice pour les Britanniques, estime Xavier Bertrand, président de la région des Hauts-de-France : « Les Britanniques auront donc une immigration choisie, et nous, une immigration subie », ajoutant même que cet accord « va aggraver la situation ». Autre réaction, celle de Patrick Martin-Genier, professeur à Sciences Po Paris, spécialiste des questions européennes et pas spécialement extrémiste : « Les Britanniques peuvent crier victoire. La France devient le bras armé de leur politique migratoire moyennant quelques contreparties mineures. » Les anglophobes primaires diront que c'est une tradition, chez nous. Plus trivialement - pardon, Macron ! -, on s'est fait avoir.

Et après ? Ce n'est plus le problème des Anglais...

Renvoyés en France, que deviendront les migrants ? Visiblement, ce n’est pas le sujet de l’accord ! Natacha Bouchart, maire LR de Calais, a sa petite idée. « Très en colère », tout comme ses collègues maires du littoral, elle estime qu’en plus d’avoir à gérer « la problématiques des départs », il faudra bientôt gérer « la problématique des retours ». Mais non ! rétorquent Patrick Stefanini et Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), présent aussi sur le plateau de RTL, ces migrants reviendront en France en avion et pas forcément à Calais…

Alors, que deviendront ces refoulés du sol britannique ? Au micro de RMC Matin, Jean-Christophe Dumont, chef de la division migrations internationales à l'OCDE, esquisse une réponse très évasive : « Nous aurons la possibilité de déposer une demande d’asile en France. » Bien. Et de poursuivre : « Est-ce qu’ils seront renvoyés vers leur pays d’origine ou est-ce qu’ils le seront vers un pays européen ? La Grèce, l’Italie et l’Espagne, qui reçoivent le plus de personnes en situation irrégulière, devront être associés à un accord qui les concerne. » Comprendre : on n’en sait rien. Mais bon, ce n’est plus le problème des Anglais, c'est déjà ça.

No change...

Ah, au fait, on oubliait un petit détail de rien du tout, dans cette affaire. Cet « accord pilote », qu'on nous vend comme « win-win », devra évidemment être validé par la Commission européenne. On se disait, aussi… Résumons-nous : un Président complètement démonétisé dans son pays, mais faisant le roi à Windsor, conduit et détermine la politique de la France en lieu et place d'un gouvernement fait de bric et de broc, se vante d'un accord où l'on a du mal, pour l'instant, à voir où sont les intérêts de la France et qui devra tout de même demander la permission à sa suzeraine de Bruxelles. Bref, no change...

Georges Michel

Commentaires

  • - Les Français s'accommodent de la monarchie républicaine depuis 1958, plus monarchique que la monarchie anglaise. Ce n'est pas tant le pouvoir monarchique qui dérange les Français que le krach de 2008 et ses conséquences, l'incapacité des technocrates capitalistes à redresser la barre.

    - L'économie européenne a tué au bas mot 40.000 migrants entre 1990 et aujourd'hui ; comme les dirigeants de l'UE aiment bien se faire passer pour des "humanistes" (sic) auprès de leurs électeurs, il est assez logique qu'ils prennent le problème des noyades à bras le corps.
    Les pays encore industrialisés sont les plus attractifs : Allemagne, Italie - Mme G. Meloni a fait entrer 400.000 migrants en Italie depuis 2023 et le patronat italien en réclame "beaucoup plus". Vu le vieillissement de l'Allemagne, elle n'a pas d'autre choix que d'ouvrir ses frontières plus largement que ses voisins.
    La débâcle économique française est donc le principal repoussoir à migrants, même si les industriels du BTP emploient quasi-exclusivement des Africains.
    - Donc on en est arrivé au stade où les capitalistes se plaignent du fonctionnement du capitalisme et des éditorialistes employés des cartels réclament le beurre et l'argent du beurre, c'est-à-dire une main-d'oeuvre corvéable à merci, peu coûteuse, que l'on pourrait noyer ensuite plus massivement pour être tranquille dans les zones où vivent les abonnés au "Figaro".

    Le seul espoir réside dans une jeune génération de Français moins stupidement passifs devant la politique des cartels capitalistes que les deux générations qui l'ont précédée.

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