Sauf que, quelques instants auparavant, la même Manon Aubry attaquait von der Leyen sans ménagement à la tribune du Parlement européen : « Votre discours illustre tout le mépris que vous avez pour les gens dans la galère, accusait la pasionaria mélenchoniste. En plus d’une demi-heure, vous n’avez pas mentionné une seule fois le mot pauvreté, ni le mot chômage. » Elle insistait, Manon Aubry, avec l'obsession de l'argent sous le vernis de l'égalité propre à l’extrême gauche française : « Madame von der Leyen, je sais que vous gagnez plus de 30.000 euros par mois, mais savez-vous qu'un Européen sur trois doit sauter des repas ? Que des millions d’Européens doivent une fois de plus se priver de vacances ? » Suivait un réquisitoire : « Condamnée par la Cour de justice européenne pour l’opacité des contrats pour les vaccins contre le Covid, vous ne devriez même pas vous présenter face à nous mais davantage face à un juge », tançait la justicière Manon Aubry. Elle voterait contre von der Leyen. Tout cela pour, quelques instants plus tard, caresser l’Allemande, sous le regard ironique de Marine Le Pen.
Collusion, duplicité, l'image parle en effet d'elle-même.
« Au service des peuples ou leur bourreau ? »
Le vote au Parlement européen est secret, nul moyen de vérifier ce qu’ont voté les députés LFIstes, pas plus que la délégation française des députés LR, menée par François-Xavier Bellamy. Le Français, qui avait tenté, au sein du PPE (le parti de von der Leyen), de s’opposer à la nouvelle candidature de l’Allemande était observé. « Bellamy n’a pas applaudi au discours de von der Leyen, ni avant, ni après », a noté l’entourage du député européen RN Jean-Paul Garraud. Contacté par BV, le cabinet de François-Xavier Bellamy assure, en effet, que les élus français LR ont bien voté contre le renouvellement d’Ursula von der Leyen. Mais ils restent au sein du PPE.
Le matin même, Jordan Bardella rappelait le résultat des élections européennes de juin : « Nul ne peut les ignorer », disait-il. « En renforçant les partis patriotes sur tout le continent, en désavouant les centristes, la gauche et les Verts qui subissent des reflux importants, les peuples d’Europe ont fait entendre leurs aspirations à la défense de leur identité », lançait Bardella. « Êtes-vous au service de ces peuples ou êtes-vous leur bourreau ? », demandait, de son côté, la députée Reconquête Sarah Knafo. La réponse ne s'est pas fait attendre.
« Irrégularités »
Soutenue par des partisans déclarés et des oppositions de théâtre, l’UE montre à nouveau qu’elle gouverne mal mais qu’elle se défend bien. Ursula von der Leyen est assurée - sauf surprise - de piloter la Commission en toute quiétude jusqu’en 2029. Cela, en dépit des affaires qui jettent un sérieux soupçon de corruption sur l'Allemande choisie, voilà cinq ans, dans les rangs du PPE sous l’influence d’un certain Emmanuel Macron. « La Commission n’a pas donné au public un accès suffisamment large aux contrats d’achat de vaccins contre le Covid-19 », ont estimé, ce 17 juillet, les juges de la Cour de justice de l’UE. Selon Euronews, « parmi les "irrégularités" pointées par le Tribunal européen, figure notamment le refus "partiel" de divulguer les déclarations d'absence de conflit d'intérêts des fonctionnaires de l'exécutif européen chargés de négocier ces achats avec les laboratoires pharmaceutiques ». Broutilles, auront estimé les députés européistes.
Pour rester en place, le cartel antinational a donc fédéré les voix centristes : celles du PPE, des socialistes, des macronistes de Renew et même les voix d’une partie des élus de droite du groupe ECR (Conservateurs et Réformistes européens, celui de Meloni). Une forme de bis repetita à l’échelle européenne du « pacte » qui a réussi, en France, à voler sa victoire au Rassemblement national. Après bien des débats et un vote sanction historique au premier tour des législatives, retrouvera-t-on Attal à Matignon, Macron à l’Élysée et... Ursula von der Leyen à la Commission européenne ? Quand les peuples piétinés s'éveilleront, la tempête risque de souffler fort.