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Le combat entre terre (Russie) et mer (États-Unis) (3)

La France, un domaine maritime mondial ex æquo avec les États-Unis au XXIe siècle

L’Outre-mer est la richesse cachée de la France. Elle est la seule nation européenne à être présente sur toutes les mers du monde grâce à ses territoires. Cet espace maritime immense de 11 millions de kilomètres carrés de zone économique exclusive (ZEE), soit vingt fois la superficie de la France, la place au premier rang dans le monde avec les États-Unis. La Polynésie avec ses 118 îles représente, à elle seule, la taille de l’Europe. Au-delà de la richesse halieutique, il existe la possibilité d’exploiter les fonds marins recouverts de nodules polymétalliques avec des éléments rares tels que le germanium et des métaux nécessaires pour fabriquer des composants électroniques. De plus, 99 % des communications numériques mondiales passent par des câbles sous-marins.

Cet Outre-mer est situé à 90 % dans l’océan Indien et dans l’océan Pacifique. Il est peuplé de 2,7 millions de Français qui aspirent à être protégés par de puissants moyens de projection maritimes et aériens, ce qui n’est pas le cas actuellement (15 frégates, 137 Rafale et 35 A- 400 M en 2030). Il est grand temps de cesser de voir ces territoires ultramarins comme des cailloux épars, comme « des nouveaux arpents de neige » canadiens qui coûteraient trop cher.

Les États-Unis, puissance maritime

L’Amérique du Nord est une île. Le Canada est l’Écosse de l’Amérique. Sa position actuelle sur la planète ressemble à celle de la Rome antique dans le monde méditerranéen. L’Amérique sépare les océans Atlantique et Pacifique comme l’Italie les eaux de la Méditerranée. Comme la puissance romaine après les guerres puniques, la puissance américaine est essentiellement maritime, exploitant sa position centrale entre deux mers.

Les raisons profondes de la puissance mondiale de l’Amérique sont sa prépondérance incontestée sur le continent nord-américain, la disposition très grande de matières premières et sa situation imprenable entre deux grands océans, mais quid à l’ère des armes russes hypersoniques ? L’Amérique dispose de l’accès à toutes les mers ouvertes ; sa position entre le Pacifique et l’Atlantique lui facilite une domination sur toutes les mers du globe terrestre. Mais l’Alliance atlantique, dans sa confrontation avec la Russie et la Chine, ne subira-t-elle pas le même sort que la ligue de Délos ?

À l’heure de la démondialisation, l’Europe reste essentiellement une puissance continentale et les États-Unis une puissance maritime. Au gré des guerres civiles européennes, les États-Unis ont progressivement pris la relève de la puissance maritime par excellence, l’Angleterre. La prépondérance du commerce et la subordination des autres activités humaines aux relations marchandes caractérisent ces deux pays. Il y a donc une différence de conceptions du monde, les valeurs de l’Europe continentale tout comme celles de la Russie étant davantage marquées par le rapport à la terre.

La Russie, puissance continentale

La faiblesse de la Russie est sa situation défavorable du point de vue maritime. Si les États-Unis et le Canada jouissent du voisinage de deux océans, l’Europe et la Chine n’en avoisinent, chacune, qu’un seul. La Russie fait face à une mer de glaces et n’a qu’un port non bloqué par ces dernières : Mourmansk. Si le réchauffement climatique se confirme, cette mer de glaces pourrait laisser place à une véritable façade maritime.

Si l’Amérique a tous les avantages d’une île qui ne peut être attaquée par voie terrestre, la Russie détient tous les inconvénients d’un territoire qui a 12 000 km de frontières terrestres. Là où la Russie a des côtes, celles-ci se trouvent derrière des détroits contrôlés par des puissances étrangères ou prises par les glaces plusieurs mois dans l’année.

La grande puissance arctique qu’est la Russie ressemble à un manteau dont on aurait cousu les manches : la mer Baltique lui est fermée à Copenhague, la mer Noire à Istanbul, la Méditerranée à Gibraltar et à Suez. Depuis toujours, Copenhague et Istanbul ont été les objectifs à court terme de la politique russe, les objectifs à long terme étant les rives de l’océan Indien et de l’Atlantique, d’où l’intérêt stratégique pour la Russie de mettre en place une Grande Europe d’une façon amicale et pacifique.

La Russie continentale seule se présente comme un contrepoids à la voracité du « camarade loup » américain. C’est ainsi que Vladimir Poutine a qualifié, en mai 2006, les États-Unis, lors de son message annuel à la nation.

La Grande Europe des nations de l’océan Atlantique à l’océan Pacifique disposerait d’une localisation stratégique idéale dans le monde, bien meilleure que celle des États-Unis ! 

Après avoir été impérialiste et dominatrice, l’Europe est devenue une colonie américaine dépendante des États-Unis. Il importe qu’elle soit décolonisée à son tour pour redevenir elle-même, libre, européenne, indépendante. Son principal atout est sa proximité naturelle et un bon voisinage avec la Russie. L’Europe reste l’aboutissement naturel des plaines eurasiatiques du nord avec leur débouché sur l’Atlantique. De par cette situation géographique, les Européens n’ont d’autre choix que la soumission à l’Amérique ou le rayonnement de leur puissance et de leur civilisation, en même temps que la défense de leurs intérêts géopolitiques et stratégiques. Pour exister, se défendre, rayonner dans un monde multipolaire qui s’annonce de plus en plus dur, il est nécessaire de se regrouper stratégiquement en un grand ensemble de nations, de l’océan Atlantique à l’océan Pacifique.

La Grande Europe bénéficierait alors très fortuitement du même avantage stratégique que « l’île États-Unis » entre l’océan Atlantique et l’océan Pacifique ! Mais elle disposerait en plus de l’immense avantage stratégique, par rapport aux États-Unis, d’être le fameux « Heartland » permettant de dominer l’île du Monde (« World Island »), donc le Monde, selon le concept de Mackinder, et de bénéficier en plus d’un accès direct à la nouvelle voie maritime de l’Arctique vers l’Asie ! Bref, le rêve ! L’Europe de Brest à Vladivostok est un grand objectif mobilisateur : elle permettrait aux Paneuropéens de non seulement se rapprocher de la parité de puissance avec les États-Unis, mais plus vraisemblablement de les dépasser !

Marc Rousset – Auteur de « Notre Faux Ami l’Amérique/ Pour une Alliance avec la Russie » – Préface de Piotr Tolstoï  -Librinova – 2024

http://marcrousset.over-blog.com/2024/07/le-combat-entre-terre-russie-et-mer-etats-unis-3.html

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