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On prend les paris ? Xavier Bertrand ne sera pas premier ministre

Capture d'écran
L’hypothèse Xavier Bertrand était évoquée en début de semaine par Louis de Torcy pour le poste normalement dévolu à Lucie Castets (si l’on a bien compris Marine Tondelier qui, visiblement, ne prend jamais de vacances). L’homme de Saint-Quentin est donc prêt à faire don de sa personne à la France, la maison Bertrand ne reculant décidément devant aucun sacrifice. Dont celui de devoir renoncer à être l’homme de 2027. Car, sauf miracle – par exemple, découverte d’un trésor caché dans les caves de Bercy et oublié par Bruno Le Maire -, il est fort probable que le Premier ministre qui sortira du chapeau, s’il n’est pas rapidement blackboulé par l’Assemblée nationale, ressortira essoré de son passage à Matignon et donc, difficilement présentable pour les « JO Élysée 27 ».

Bertrand qui est tout sauf sot le sait sans doute et s’est peut-être fait une raison : Matignon, au fond, c’est pas mal, lorsqu’on a commencé sa carrière en vendant des assurances. Cela dit, sur un malentendu. En ce pays, où plus rien n’étonne, le temps des Jean-Claude Dusse est peut-être venu. Alors sera ou ne sera pas nommé ? On va se lancer, se jeter à l’eau sans le bébé et prendre ici un pari : Xavier Bertrand ne sera pas premier ministre. Qu’est-ce qui nous faire dire cela ? Les propos du député LR Philippe Juvin, au micro de franceinfo : Bertrand « a beaucoup d’atouts », dont celui d’avoir battu le RN dans les Hauts-de-France. Effectivement, on connaît la victoire de Bertrand aux régionales de 2015 face à la liste de Marine Le Pen... grâce au désistement de la gauche. Celle de 2021 fut plus glorieuse, le RN étant alors en phase dépressive, mais dans sa liste Bertrand comptait bien une vingtaine de colistiers très macron-compatibles. Alors, oui, effectivement, Bertrand a bien battu le RN.

Bertrand : un atout anti-RN ?

Est-ce pour autant un atout comme l’affirme le professeur Juvin ? Ce dernier oublie ou feint d’ignorer que l’hypothèse Bertrand repose, bien évidemment, sur le soutien de tous les députés de la Macronie (Ensemble pour la République, Horizons !, MoDem), de tous les députés LR (ce qui n’est gagné) et éventuellement de quelques députés du groupe LIOT et non-inscrits. Cela ferait au minimum 213 députés, au mieux du mieux 242 députés. Manquerait une grosse quarantaine de députés pour faire une majorité absolue. Irréalisable. En revanche, l’addition des voix du NFP, du RN et des ciottistes s’élève à 319. Plus que la majorité absolue (289). Cela signifie qu'Emmanuel Macron a tout intérêt a gentiment mettre dans sa poche son fameux atout anti-RN évoqué par Philippe Juvin s’il ne veut pas être à la merci de la première censure déposée par le NFP et que pourrait soutenir le RN. Sauf à mettre la barre tout à gauche, ce qui ne semble pas l’hypothèse qui tienne la corde actuellement, Macron sait cela. Désigner le pire ennemi du RN n’est alors peut-être pas l'idée du siècle, sauf à accepter l’idée que la France se paye une instabilité ministérielle digne de la IVe République.

Enfin, on oublie sans doute un facteur essentiel dans tout cela : la psychologie. Macron a horreur qu’on lui prenne la main, qu’on lui dise quoi faire, qui nommer. Pas certain que l’auto-désignation de Bertrand se présentant comme l'homme de la situation plaise à Macron plus que celle de Castets. Lors de la réforme des retraites, Marine Le Pen avait pointé du doigt chez Emmanuel Macron un « côté sadique du gamin qui arrache les ailes des mouches ». Castets ? C’est fait (voir son interview de fin juillet où le Président à balayé sèchement l'hypothèse Castets). Bertrand pourrait être la prochaine victime. Et puis, ne dit-on pas à Rome, « qui entre pape au conclave, en sort cardinal ». Et si Bertrand en ressort pape ? Nous aurons perdu notre pari, tout simplement.

Georges Michel

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