Le chancelier allemand Olaf Scholz a pris une décision qui, dans les faits, reprend une proposition clé de Jordan Bardella, président du RN : la réintroduction des contrôles aux frontières de l’Allemagne, une idée proche de la « double frontière » défendue par le président du Rassemblement National lors des élections européennes. Ce choix marque une nouvelle étape dans la déliquescence de l’espace Schengen, qui semble vivre ses derniers instants. En invoquant une « menace grave à l’ordre public », l’Allemagne suit les règles européennes tout en portant un coup fatal à la libre circulation en Europe. La Commission européenne, souvent prompte à défendre l’ouverture des frontières, n’a pour l’instant pas réagi. Bien que ces contrôles soient censés être temporaires, ils pourront être renouvelés, entérinant ainsi une forme de souveraineté que de nombreux pays européens réclament.
Un tournant face à l’immigration incontrôlée et à la montée de l’AfD
La décision de Scholz n’est pas seulement motivée par des raisons sécuritaires, comme l’attentat de Solingen ou la tentative visant le consulat israélien à Munich. Elle s’inscrit également dans un contexte de pression politique intense, notamment avec la montée fulgurante de l’AfD, le parti d’extrême droite qui s’impose désormais dans plusieurs Länder allemands. Après les victoires en Thuringe et en Saxe, l’AfD s’apprête à triompher dans le Brandebourg, où elle pourrait obtenir 30 % des suffrages, confirmant l’effondrement du SPD de Scholz. Le chancelier, poussé par la CDU de Friedrich Merz qui réclame ces mesures depuis des mois, a donc décidé de renforcer le contrôle aux frontières, un signal fort mais tardif qui illustre la faiblesse de son gouvernement face à l’immigration incontrôlée.
En agissant ainsi, Olaf Scholz semble avoir adopté une partie du programme de Jordan Bardella, qui préconisait lors de la campagne européenne l’instauration d’une « double frontière » : une barrière aux frontières extérieures de l’UE, mais aussi à l’intérieur de l’espace Schengen. Si les contrôles rétablis par l’Allemagne ne sont pas aussi rigides qu’une fermeture complète, ils envoient un message clair : la sécurité des citoyens allemands passe avant les dogmes européens de libre circulation. Cette décision a d’ailleurs été saluée par Viktor Orban, toujours prompt à défendre la souveraineté nationale contre les diktats de Bruxelles. Mais ce geste allemand pourrait bien déclencher un effet domino en Europe, les voisins de l’Allemagne, comme les Pays-Bas, commençant à envisager des mesures similaires pour se protéger de l’immigration de masse.
Les Pays-Bas : un modèle de fermeté face aux migrants illégaux
Les Pays-Bas, où le parti de Geert Wilders est désormais au pouvoir, montrent la voie avec une politique claire et ferme. Les déboutés du droit d’asile y sont privés de toute aide, une mesure qui réduit l’attrait du pays pour les migrants illégaux et les incite à chercher refuge ailleurs. Ce type de politique, qui pourrait paraître extrême pour certains, s’avère être une réponse pragmatique à une crise migratoire qui déstabilise les sociétés européennes. L’Allemagne, elle, fait face à une pression similaire, son modèle social attractif encourageant toujours plus de migrants à tenter leur chance. Pour beaucoup de responsables politiques conservateurs, comme ceux du PPE, la coupe est pleine : l’Allemagne doit impérativement fermer ses frontières pour éviter d’être submergée.
Le rétablissement des contrôles aux frontières divise bien sûr la coalition au pouvoir. Les Verts, toujours prompts à défendre l’ouverture sans limite, critiquent vivement la décision de Scholz. Anton Hofreiter, député Vert et président de la commission des Affaires européennes, déplore une mesure qui, selon lui, pourrait mettre en péril le marché intérieur européen. Un argument qui semble totalement déconnecté des préoccupations des citoyens allemands, lassés de voir leur pays devenir une destination privilégiée pour les migrants illégaux. En réalité, ce sont ces frontières perméables et cette incapacité à réguler les flux migratoires qui mettent en danger la cohésion de l’Europe et la sécurité des Allemands.
Michel Barnier conforté dans sa ligne dure sur l’immigration
La décision de Scholz de renforcer les contrôles pourrait bien influencer les débats en France. Michel Barnier, connu pour sa position ferme sur l’immigration, pourrait être conforté par cette évolution allemande. Son idée d’un « moratoire » de trois à cinq ans sur l’immigration, assorti d’un référendum pour suspendre temporairement certaines obligations européennes, semble de plus en plus d’actualité. Dans un contexte où plusieurs pays européens, comme l’Italie ou le Danemark, durcissent leur politique migratoire, Barnier incarne une réponse lucide aux défis que pose l’immigration de masse. L’idée d’un « bouclier constitutionnel » pour préserver la souveraineté nationale face aux décisions des instances européennes pourrait bien trouver un écho grandissant en France et ailleurs.
Le durcissement des positions en Allemagne, en France, et dans plusieurs pays européens révèle une prise de conscience : la protection des frontières et la régulation stricte des flux migratoires ne sont plus des tabous, mais des nécessités. Le temps des beaux discours sur l’ouverture inconditionnelle semble révolu. Face aux menaces sécuritaires, à la déstabilisation sociale et à la montée des partis patriotes, de plus en plus de gouvernements comprennent que seule une politique migratoire ferme et réaliste permettra de préserver l’identité et la sécurité des nations européennes. L’espace Schengen, tel qu’il existe aujourd’hui, pourrait bien être un vestige du passé, et ce n’est peut-être pas une mauvaise chose
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