Mémoire du royalisme 9
Après la mort du comte de Chambord en 1883, le royalisme s’était réduit à lui-même. Il disposait d’une presse moins puissante mais combattive. Si sa force parlementaire déclinait, ses liens avec le catholicisme social étaient très forts. En 1899, le mouvement de la « Jeunesse royaliste » (JR) rate sa tentative de coup de force. Alors Maurras lance l’Enquête sur la monarchie et l’Action française s’impose. Apparaît alors un conflit entre les royalistes.
Les cadres du mouvement se rallient presque tous au Prince : sur environ 75 présidents de comités départementaux, on ne compte que 11 « rebelles » ; à la suite du vieux chouan qu’était le général de Charette, presque tous les notables royalistes avaient affirmé leur loyalisme. Tous devaient peu à peu se démettre ou se soumettre et la guerre de 1914 consacre le monopole que l’Action française aura désormais dans la direction du mouvement royaliste ; c’est une lourde charge et bien des pesanteurs sociologiques, bien des compromis, vont désormais entraver son action, risquant ainsi la confusion avec une « Droite » conservatrice pourtant méprisée. Le « chantier d’idées » vanté par Barrès, n’est plus aussi fécond. Le contact populaire n’est plus aussi activement recherché. Pour ne plus donner prise aux accusations de collusions avec les anarcho-syndicalistes, l’Action française se cantonne dans une théorie corporatiste mal adaptée au monde moderne et Georges Valois ne mène qu’une action marginale. N’oublions pas que la Revanche n’était plus « Reine de France » ; bientôt la guerre et les défaillances de notre diplomatie allaient contraindre Maurras à se tenir constamment au créneau, obsédé à juste titre par le souci de préserver le sang français.
L’Action française n’a fait que reprendre, plus efficacement et plus systématiquement, la stratégie du duc d’Orléans et de la « Jeunesse royaliste » mais ce modèle, valable en un temps donné, devint exclusif et l’on fit souvent un absolu de ce que Maurras lui-même considérait comme une fâcheuse nécessité. Du « compromis nationaliste » l’Action française espérait bien aboutir rapidement au « nationalisme intégral » ; sa mainmise sur le royalisme, à la veille de 1914, se serait justifiée par le succès.
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