Jordan Bardella a longuement été interrogé dans Valeurs Actuelles. En voici quelques extraits :
[…] Jamais le pays n’a autant voté à droite, sur la base du réel. La question n’est plus de savoir si nos idées vont arriver au pouvoir, mais quand. À partir de là, notre mission doit être de trouver la meilleure harmonie possible entre les idées que nous portons, la réorganisation de notre mouvement et notre nécessaire travail d’élargissement que nous avons commencé à mettre en œuvre. Le réel nous a tracé un chemin ? Maintenant, c’est à nous d’être à la hauteur.
Comment va évoluer cet “élargissement” ?
Je ne veux pas de fusion avec Éric Ciotti. Il a son mouvement politique, son groupe à l’Assemblée nationale et sa sensibilité qui n’est pas toujours la nôtre sur un certain nombre de sujets. Ces différences doivent vivre. Je ne veux pas donner le sentiment que le Rassemblement national cherche à absorber de potentiels alliés. L’alliance électorale avec Éric Ciotti va vivre.
Et concernant Marion Maréchal ?
Sa vocation n’est pas de revenir au RN. Et je ne pense pas qu’elle en formule l’envie. Il n’y a rien de particulier de prévu. […]
Nous ne gérons pas un mouvement à 142 députés, 11 millions d’électeurs et 100 000 adhérents, comme nous gérions un mouvement à une dizaine de parlementaires. Il faut répondre aux besoins d’implantation locale, d’enracinement et de développement du projet politique. Je suis président du Rassemblement national depuis bientôt deux ans. Nous avons engagé le désendettement du parti et multiplié par trois le nombre d’adhérents. J’ai eu l’occasion, lors de nos journées parlementaires, d’annoncer un certain nombre de réorganisations dans l’appareil du parti : la mise en place d’un échelon régional pour faciliter la coordination des travaux de nos fédérations, un meeting par mois partout en France en ciblant prioritairement les “swing-circos”, ces zones où nous avons frôlé l’obtention d’un ou plusieurs députés. La campagne va continuer avec la volonté, me concernant, de professionnaliser encore davantage le Rassemblement national.
Cela paraît évident de prioriser les circonscriptions qui peuvent être gagnées, mais ne faudrait-il pas aussi agir dans les territoires où vous ne gagnerez pas à court terme ?
En 2024, le Rassemblement national a accueilli un électorat nouveau, avec une progression très importante à la fois dans la France du travail, incluant les artisans, les commerçants, les CSP+, mais aussi auprès de la France qui a travaillé. Pour la première fois, nous performons chez un électorat retraité, ce qui est un marqueur notable dans notre progression électorale. Nous faisons face à un lissage géographique du vote RN. Des territoires qui apparaissaient comme des terres de mission, notamment l’ouest de la France et certains grands centres urbains, sont en train de devenir des terres de conquête. Aux élections européennes, je suis arrivé en tête à la fois en Bretagne et en Île-de-France, devant la gauche et Valérie Hayer.
Au sein du Rassemblement national, j’entends faire émerger une nouvelle génération de cadres et d’élus, à la fois représentatifs de l’image du mouvement et d’une volonté de professionnaliser mon parti. Pour cela, Edwige Diaz a été nommée vice-présidente chargée de la formation. J’ai confié la direction de campagne des élections municipales à Julien Sanchez, ex-maire de Beaucaire et député européen, et une codirection de campagne pour les élections législatives à Thomas Ménagé et Julien Odoul, avec l’ambition de procéder à l’investiture de candidats aux élections d’ici au mois de mars. C’est une nouvelle génération en qui j’ai toute confiance, avec qui j’ai gravi les échelons à des niveaux séparés et qui doit être capable désormais de s’imposer aussi dans la structure, de prendre des responsabilités et de conduire le RN vers son étape finale de la professionnalisation et de son implantation.