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Seconde Guerre Mondiale – Les États-Unis continuent leurs efforts pour réécrire l’histoire d’un monde global

par Karine Bechet-Golovko. (mai 2020)

La déstabilisation générale des États et des rapports internationaux est une excellente période pour reprendre du terrain géopolitique, pendant que tous les regards sont forcés de se focaliser dans une seule direction, pendant que les pays tournent en rond au fond d’une impasse glauque. Cette année marque le 75e anniversaire de Victoire de la Seconde Guerre Mondiale, qui devait être l’occasion de cérémonies grandioses. Notamment à Moscou, puisque l’URSS est un pays-clé de la victoire contre le nazisme et le fascisme. « Par chance » pour le clan atlantiste, ces cérémonies n’auront pas lieu le 9 mai, ils ne seront pas obligés de venir et de devoir refuser de venir, ils purent applaudir avec soulagement la décision de report des cérémonies du 9 mai, qui ne seront donc pas des cérémonies du 9 mai, à Moscou.

Le symbole ne leur sera pas imposé. Il n’y aura pas de symbole. Et pendant ce temps-là, les États-Unis travaillent. Ils ouvrent un programme de financement en Hongrie, permettant une individualisation de l’histoire et sa réécriture contre le rôle de l’URSS dans la Seconde Guerre Mondiale au profit des alliés américains. Bref, pendant que certains pays ont été mis à l’arrêt, la vie continue, le monde global renforce ses positions.

La réécriture de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale par les États-Unis n’est pas une nouveauté, c’est même un élément essentiel, depuis la chute de l’URSS, pour réduire son rôle en Europe et donc délégitimer la prétention de la Russie aujourd’hui à être un centre politique concurrent. Nous avons eu droit récemment à une tentative grossière d’attribuer à l’armée américaine la libération du camp d’extermination d’Auschwitz, libéré par l’armée soviétique, (voir notre texte à ce sujet ici). Nous avons régulièrement droit à l’opération de discrédit de l’URSS sur fond de laïus « Pacte Molotov-Ribbentrop », accompagné de la mise sous silence de tous les pactes conclus par les pays occidentaux, notamment la France et la Grande-Bretagne avec l’Allemagne nazie et du refus qu’ils ont opposé à l’URSS en 1939 pour une alliance militaire contre l’Allemagne nazie (voir notre texte ici).

Si l’attaque est répétée avec tant de constance, c’est justement parce que l’URSS a joué un rôle incontournable dans la Seconde Guerre Mondiale, qu’elle a libéré seule plus de 50% du territoire européen (sans compter sa partie européenne), ce qui fait la libération de plus de 120 millions de personnes sur 16 pays aujourd’hui indépendants. Pour la libération de 6 autres pays, l’armée rouge est intervenue en coopération avec les armées alliées. (voir notre texte à ce sujet).

C’est cette mémoire qu’il faut briser. C’est cette histoire qu’il faut réécrire. Afin que le monde soit enfin global, qu’il n’ait qu’une mémoire, faisant des États-Unis le héros incontesté et incontestable, justifiant leur rôle d’unique centre politique. Puisque la globalisation, par définition, ne permet qu’un centre.

Ainsi, le Département d’État américain ouvre le financement d’un programme en Hongrie de reconstruction de l’histoire basée sur la mise en avant d’histoires individuelles, s’appuyant sur des témoignages, afin de reconnaître, comme cela est annoncé, la « complexité de l’histoire ». Autrement dit, je cite, des actes d’humanité et de résistance, de cruauté et de collaboration au milieu de l’holocauste, de la Seconde Guerre mondiale et « sous la tyrannie de l’Union soviétique ».

Combattre l’histoire par l’individu, ce qui permet de sortir chaque élément de son contexte et, à terme, de réécrire ce contexte. Et surtout de mettre au même niveau le libérateur-soviétique et l’occupant-nazi, qui était, il est vrai, un allié. Mais cette complexité-là de l’histoire est beaucoup moins souhaitable.

L’ambassade de Russie aux États-Unis a protesté et demandé en substance aux États-Unis de ne pas financer de pseudo-programmes historiques, ne devant in fine que servir les intérêts des États-Unis et non pas de la recherche historique.

Elle a rappelé que la bataille de Budapest a coûté la vie à 80 000 soldats soviétiques et alliés roumains, faisant plus de 240 000 blessés dans leurs rangs. Environ, 50 000 soldats allemands et hongrois sont morts, 26 000 ont été blessés et 138 000 capturés. Dans cette bataille brutale, qui s’est menée maison par maison, les pertes civiles ont été autant réduites que possible – 76 000. Cette bataille a été décisive également sur le plan stratégique, car elle a privé Hitler d’un de ses derniers alliés en Europe.

C’est aussi de cette « histoire complexe » dont les globalistes ne veulent plus avoir à supporter l’ombre. Et cet étrange « combat global » contre un « virus global » ne doit pas nous faire détourner les yeux de l’essentiel : notre mémoire, c’est notre avenir, notre liberté, notre survie comme Nation. Elle ne peut être mise en quarantaine. En tout cas, sans que nous n’y succombions.

Karine Bechet-Golovko

source : http://russiepolitics.blogspot.com

https://reseauinternational.net/seconde-guerre-mondiale-les-etats-unis-continuent-leurs-efforts-pour-reecrire-lhistoire-dun-monde-global/

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