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Inflation des fermes urbaines à Paris : jardinage bobo (pas vraiment) écolo

capture écran Ushuaïa TV
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Le 27 septembre, la mairie de Paris inaugurait en grande pompe le Jardin des traverses. Entre concerts, « balade paysagère » et vernissage de l’expo Jojo le Petit Prince, Anne Hidalgo et tout ce que la mairie compte d’adjoints à la « boboïtude » y sont allés de leur petit coup de plantoir.

Le Jardin des traverses est un « espace d’agriculture urbaine » installé sur la petite ceinture, dans le XVIIIe arrondissement de la capitale, le long du boulevard Ney. À l’abandon, le chemin de fer de ceinture permettait autrefois la liaison entre les différentes gares parisiennes.

Ce site, nous dit Le Parisien, qui suit avec attention la transformation rurale de la capitale, est « le plus grand site Parisculteurs intra-muros ». Il vient s’ajouter à une joyeuse kyrielle qui devrait encore s’agrandir : l’installation de 22 nouveaux sites est prévue dans les mois qui viennent. Ils viendront agrandir le parc de 37 hectares où les citadins sont invités à « des promenades comestibles ».

Un « tiers-lieu nourricier »

La mairie de Paris est très fière de ses fermes urbaines, vantées au printemps dernier comme autant d’attractions pour les touristes des Jeux olympiques.

Huit sites sont proposés à la balade festive. Ils ont des noms sympas. Au hasard : Bercy Beaucoup, dans le XIIe« un lieu de guinguette et de jardins partagés ». Dans le même arrondissement, la Ferme de Paris, à vocation pédagogique, avec des « animations » que n’aurait pas reniées Marie-Antoinette : « Tonte des brebis, moissons, alimentation des animaux… Chacun y (re)découvrira le plaisir de la vie à la ferme (sic) en participant aux travaux saisonniers ! » Autre orgueil d’Anne Hidalgo, la Ferme urbaine de Paris Expo, dans le XVe, soit « la plus grande ferme en toiture urbaine d’Europe » : 14.000 m2 sur le toit du pavillon 6 du parc des expositions, à la porte de Versailles. Et puis il y a aussi le Jardin21, au bord du canal de l’Ourcq, dans le XIXe, pas loin de la colline du crack où l’on pratique un autre genre d’agriculture.

En proche couronne, on a la Ferme du bonheur, à Nanterre, qui jouxte l’université Paris X, monument historique de Mai 68. On y propose « agriculture expérimentale, gastronomie, mais aussi théâtre, musique, danse, cinéma… » entre « bergerie, porcherie, basse-cour, étable et écurie ». Au Nord, dans le 9-3, c’est le Parti poétique qui cultive la Ferme ouverte de Saint-Denis. C’est la seule ferme historique, et même « la plus vieille ferme maraîchère encore en activité aux portes de Paris ». Elle propose légumes, fleurs, plantes aromatiques et « Miel Béton d’abeilles citadines » entre « des concerts, des DJ sets, des projections et des débats en plein air… »

Coût très élevé, rendement quasi nul

Qui en profite ? Les bobos et seulement eux, car « ces tiers-lieux nourriciers », comme les nomme la mairie, ont un rendement bien médiocre. Et si la ville annonce fièrement, comme le rapporte Le Parisien, une récolte annuelle de 170 tonnes de fruits, légumes et aromatiques ainsi que de la bière, des plants, des fleurs et de la tisane, « l’idée, c’est que les riverains mettent les mains dans la terre. Mais ce n’est ni le rôle ni l’ambition de l’agriculture urbaine que de nourrir les Parisiens », précise l’adjointe Audrey Pulvar.

Alors, on a envie de savoir ce que coûte aux Parisiens ce jardinage de luxe. C’est Emmanuelle Ducros qui, mardi matin sur Europe 1, a pris sa calculette. Elle détaille : « Il y a à Paris 220 sites d’agriculture, un empire agricole de 37 hectares. Péniblement la moitié de la surface d’une ferme française moyenne. » La production, comme dit plus haut, est de 170 tonnes annuelles (dont 100 tonnes de champignons), ce qui, compte tenu de la population (un peu plus de 2 millions d’habitants), représente « 78 g de nourriture par habitant et par an ». Le secteur emploie 300 personnes, qui produisent donc « 2,6 kg d’alimentation par jour travaillé ».

À quoi la mairie a consacré 15 millions d’euros dans le budget 2024.

Marie Delarue

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