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Les ambitions de l’Otan en Ukraine et le « plan de résolution du conflit » de Zelensky

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Le nouveau secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, a déclaré que l'Ukraine devait obtenir sa place promise au sein de l'Alliance : "Ma prochaine priorité est d'intensifier l'aide à l'Ukraine et de la rapprocher de l'Otan. Car il est impossible d'atteindre une sécurité stable en Europe sans une Ukraine forte et indépendante. Nous devons mettre en œuvre l'aide promise lors du sommet de Washington. Cela concerne la création d'un commandement, l'aide financière et la trajectoire irréversible de l'Ukraine vers l'adhésion à l'Otan, car la place de l'Ukraine est au sein de l'Otan." Cela signifie-t-il que l'Occident prend un cap clair vers l'intégration de l'Ukraine dans l'Otan ? Peut-on considérer cela comme une ligne directrice du nouveau secrétaire général ? 

En partie, ces questions trouvent une réponse dans un article de Jens Stoltenberg, ancien secrétaire général de l'Alliance. Concernant la crise ukrainienne, il déclare : "Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le chemin le plus court vers la paix et le dialogue en Ukraine passe par la fourniture d'un plus grand nombre d'armes à l'Ukraine. [...] C'est à l'Ukraine de décider quand sera le bon moment pour des négociations, mais il est clair que la force est le seul langage que Poutine comprenne." 

Cela peut être considéré comme l'un des scénarios probables pour la crise ukrainienne. 

Les intentions de l'Occident consistent à intégrer l'Ukraine dans l'Otan à tout prix. Par conséquent, des négociations, dont le contenu a été rendu public, sont en cours. Ainsi, le New York Times, citant les renseignements américains, écrit au sujet des risques liés à l'autorisation de frappes contre le territoire russe en profondeur : "Les services de renseignement américains estiment que la Russie ripostera probablement avec plus de force contre les États-Unis et leurs partenaires de la coalition, éventuellement avec des frappes létales, s'ils acceptent de donner aux Ukrainiens l'autorisation d'utiliser les missiles à longue portée fournis par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France pour frapper le territoire russe en profondeur, ont déclaré des responsables américains. L'évaluation du renseignement, qui n'avait pas été divulguée auparavant, minimise également l'impact que les missiles à longue portée auront sur le cours du conflit, car les Ukrainiens disposent actuellement d'un nombre limité de ces armes, et il est incertain combien d'autres les alliés occidentaux pourraient fournir, si tant est qu'ils le puissent." 

Parallèlement aux discussions sur les frappes en profondeur contre la Russie, il est rapporté que le président américain Joe Biden pourrait promouvoir la candidature de l'Ukraine à l'Otan avant la fin de son mandat. Cette question pourrait être discutée le 12 octobre lors de la réunion des chefs d'État du groupe de contact sur l'Ukraine. Le document final du sommet de l'Otan de juillet stipule qu'il n'y a pas de consensus au sein de l'Alliance sur l'adhésion de l'Ukraine, mais que l'Ukraine est sur une trajectoire irréversible vers l'Otan. 

Les propositions occidentales à la Russie se concluent par une discussion autour du "scénario allemand" pour résoudre le conflit en Ukraine. Selon le Financial Times, des responsables occidentaux et ukrainiens estiment de plus en plus que le règlement du conflit ne peut être atteint qu'à travers le scénario allemand. Celui-ci impliquerait des accords dans lesquels les territoires perdus par l'Ukraine resteraient sous le contrôle de l'armée russe, tandis que la partie du pays encore sous contrôle de Kiev rejoindrait l'Otan. Il s'agit du fameux "plan de Scholz" qui, tout comme le "plan de Zelensky", n’a jamais été officiellement présenté mais circule relayé par les experts et les médias. 

Les ambitions de l'Otan et de l'Occident sont claires. Toutefois, l'avenir du conflit dépend avant tout des ressources disponibles. 

La ressource mentale de la société ukrainienne est évoquée par The Economist, qui cite des enquêtes sociologiques ukrainiennes. On constate une division évidente entre les générations dans leur perception du conflit : "Ceux qui ont plus de 60 ans, et qui ne risquent pas d'être enrôlés, sont bien plus engagés dans la guerre que les jeunes : 54% des plus de 60 ans pensent que l'Ukraine est en train de gagner, contre 31% parmi les 18-25 ans." De plus, le nombre d'Ukrainiens qui seraient prêts à céder des territoires à la Russie sous certaines conditions ne cesse d'augmenter. 57% des Ukrainiens accepteraient la paix si l'Ukraine reprenait le contrôle des parties occupées des régions de Zaporijjia et Kherson, tout en cédant la Crimée, Donetsk et Lougansk à la Russie.

Le Washington Post met également en lumière les défis énergétiques auxquels l'Ukraine pourrait être confrontée cet hiver. Un haut responsable ukrainien y est cité, déclarant : "Cet hiver, nous pourrions nous retrouver dans une situation très critique... Cela pourrait finalement affecter le moral de la population. Ce qui me fait le plus peur, c'est qu'après avoir traversé un tel hiver, il n'y aurait plus aucun moyen de trouver un consensus parmi la population." 

Les médias parlent également des ressources humaines de la guerre. Selon le Financial Times, plus de la moitié des nouvelles recrues ukrainiennes sont tuées ou blessées peu après leur arrivée au front. Les commandants ukrainiens soulignent que les recrues manquent de compétences de base et de motivation, et que la majorité d'entre elles paniquent dès les premiers tirs. 

L'État ukrainien, lui aussi, est en quête de survie. L'Ukraine reçoit de l'électricité de presque tous ses pays voisins, et les autorités devront mobiliser d'énormes ressources, particulièrement en hiver, pour assurer la survie du pays, alors qu'elles manquent cruellement. 

La fin du conflit semble être une solution pour sortir de cette situation. 

Zelensky a présenté son "plan de victoire" à ses alliés occidentaux, notamment aux États-Unis. Les citoyens ukrainiens en prendront connaissance, mais, comme l'a indiqué Andriy Yermak, chef du bureau de la présidence ukrainienne, ils n'en verront qu'une version abrégée et après son approbation par l'Occident. 

Les rumeurs autour de ce "plan" sont nombreuses. Pourquoi les Ukrainiens ne verront-ils qu'une version tronquée ? Certains suggèrent qu'outre les demandes d'autorisation de frappes contre la Russie en profondeur "comme mesure coercitives pour imposer la paix", le document pourrait contenir des concessions territoriales, un compromis de plus en plus acceptable pour l'Occident. Cependant, cela pourrait pousser les Ukrainiens à se demander : à quoi tout cela, la guerre et la mobilisation, a-t-il servi ?

Alexandre Lemoine

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