Depuis la rentrée du nouveau Parlement européen, deux textes sont passés grâce aux voix du Parti populaire européen (centre-droit) et des droites dites radicales, ce qui fait hurler les socialistes. Le PPE a fait passer deux textes en se passant de ses partenaires traditionnels de coalition proeuropéenne – les Socialistes ainsi que les centristes de Renew – en utilisant les voix des partis à sa droite : les conservateurs et réformistes européens (ECR, le groupe de Giorgia Meloni, dans lequel siègent Marion Maréchal et ses 3 colistiers), les Patriotes pour l’Europe (PFE, le groupe de Viktor Orban où siègent les élus RN), et l’Europe des nations souveraines (ENS, un groupe réunissant les exclus des Patriotes comme l’AfD, où siège Sarah Knafo de Reconquête).
La première fois, c’était pour une résolution du Parlement européen sur le Venezuela le 19 septembre. Le PPE a déposé et cosigné cette proposition avec ECR et les Patriotes pour l’Europe. Les socialistes et Renew, d’accord avec le fond du texte, ont refusé de le soutenir au titre du cordon sanitaire. Il est quand même passé.
Jeudi dernier, le PPE a fait passer avec les droites un texte régissant l’ordre de passage des auditions des futurs commissaires européens. La version adoptée fait passer en dernier, et donc en position plus vulnérable, la socialiste espagnole Teresa Ribera. A contrario, le vice-président italien ECR, Rafaele Fitto, passe parmi les premiers vice-présidents exécutifs. La présidente des socialistes, Iratxe Garcia Perez, était furieuse :
« On ne peut comprendre que le PPE joue le jeu d’avoir des doubles majorités, avec nous dans certains cas, avec l’extrême droite dans d’autres. Ils ont démontré aujourd’hui que la droite et l’extrême droite avaient une position commune. Le cordon sanitaire est brisé. »
La coprésidente des Verts Terry Reintke a également protesté :
« Utiliser le soutien de l’extrême droite pour pousser un agenda de droite aux auditions des commissaires est l’opposé d’un cordon sanitaire. »
David Cormand, président de la délégation française des écolos au Parlement européen, estime que
« c’était prévisible, puisque dans la plupart des pays européens, les partis de droite font des coalitions avec des fachos. Qu’est-ce qui les empêche de le faire au Parlement européen ? Le PPE utilise la coalition côté face avec S&D et Renew pour dire qu’il est fréquentable, et côté pile avec ECR et les extrêmes droites pour assurer son leadership. Ils négocient deux fois, et obtiennent fromage et dessert ».
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