Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Nouveau cours d’histoire pour LFI sur le vrai visage des lois liberticides

image wikimedia commons
image wikimedia commons
La proposition récente de La France Insoumise (LFI), menée par le député Ugo Bernalicis, visant à abroger le délit d’apologie du terrorisme inscrit dans le Code pénal, relance le débat sur l’équilibre entre liberté d'expression et sécurité nationale. Cette disposition légale, instaurée en 2014, combat la propagande terroriste en limitant les incitations à la violence. Pourtant, en la qualifiant de menace à la liberté d’expression et en sous-entendant que notre République limiterait nos libertés, LFI ignore, volontairement ou non, notre histoire de France qui permet de nuancer ces affirmations.

En effet, si l’on souhaite évoquer de véritables lois répressives contre la liberté d’expression, il suffit de plonger dans notre passé national. Deux exemples marquants : la loi des suspects de 1793 et la loi de sûreté générale de 1858, deux textes législatifs bien plus autoritaires et répressifs que celles en vigueur aujourd’hui. Ces lois et leur contexte historique révèlent que notre cadre légal contemporain est modéré, axé sur la protection des citoyens plutôt que sur une prétendue répression.

La loi des suspects de 1793 : un outil de répression sans précédent

En pleine période de la Terreur, la Convention nationale décide le 17 septembre 1793 d’instaurer une nouvelle législation visant à sauver la République de ses ennemis intérieurs. Ainsi, cette loi dite des suspects vise alors à arrêter toute personne désignée comme « ennemis de la liberté ». Dans les faits, cela entraîna l’incarcération arbitraire de milliers de citoyens, sans preuves solides ni droit à une défense équitable. Tout homme ou femme soupçonné de sympathies ou d’être en accord avec les idées des monarchistes, de la noblesse, des prêtres réfractaires, ou même des révolutionnaires jugés modérés pouvait ains être injustement être emprisonné.

Selon l’historien Jean Tulard, près de 500 000 personnes auraient été jetées dans les geôles de la Révolution à cause de cette loi. Suite à ces incarcérations, s’ensuivaient des jugements expéditifs devant le terrible tribunal révolutionnaire, qui condamnait certains suspects jugés coupables à la guillotine. Ainsi, la parole de Danton« soyons terribles pour dispenser le peuple de l'être », devint réalité avec cette loi qui contribua à la création de la légende noire de la Terreur et symbolise aussi ce qu’est une véritable répression idéologique. Abrogée en 1795, cette loi demeure un exemple frappant de l’excès liberticide au nom de la sécurité.

La loi de sûreté générale de 1858 : réprimer l’opposition sous le Second Empire

Lors de son accession au pouvoir en 1852, l’empereur Napoléon III entame un règne autoritaire. L'héritier politique de Napoléon Ier cherche à consolider son pouvoir ainsi qu’à réprimer les adeptes de l’anarchie, qu’ils soient français ou étrangers. Ainsi, après avoir réussi à échapper miraculeusement à l’attentat du révolutionnaire italien Felice Orsini le 14 janvier 1858, Napoléon III décide de durcir davantage son régime. Ainsi, le 27 février 1858, il promulgue une loi dite de sûreté générale. Celle-ci permet alors l’emprisonnement ou la déportation sans jugement des personnes soupçonnées d’opposition au régime impérial : républicains, socialistes et anciens révolutionnaires en sont les principales cibles.

Néanmoins, cette loi soulève de nombreuses critiques au sein de la société. Napoléon III, ne pouvant ignorer cette situation, accorde de nombreuses amnisties tout en maintenant sa législation. Certaines personnalités reviennent alors en France, mais d’autres, comme Victor Hugo en exil depuis 1852, choisissent de rester solidaires des opprimés afin de manifester leur opposition au régime impériale. L’auteur du Bossu de Notre-Dame déclarait ainsi : « Fidèle à l'engagement que j'ai pris vis-à-vis de ma conscience, je partagerai jusqu'au bout l'exil de la liberté. Quand la liberté rentrera, je rentrerai ». Ce souhait se concrétisa en 1870, quand le Second Empire disparut et que la loi de sûreté générale fut supprimée. La IIIe République chercha à réparer cette injustice le 30 juillet 1881 en promulguant une loi de réparation nationale, qui alloua une pension aux victimes de la répression impériale.

L'évocation de ces deux lois prouve à quel point la France a réellement connu, dans son passé, de véritables excès liberticides, contrastant avec le cadre légal actuel diabolisé par les élus de la France Insoumise. Le délit d’apologie du terrorisme repose sur des faits précis et protège les citoyens contre des discours incitant à la violence. LFI, en dénonçant cette loi, minimise les dangers réels du terrorisme tout en exagérant les parallèles avec des régimes autoritaires. Par ailleurs, aucun intellectuel contemporain de gauche ou d’extrême-gauche n’a encore pris le chemin de l’exil par conviction comme a pu le faire Victor Hugo, prouvant ainsi que nous sommes encore dans un pays garant des libertés fondamentales.

Eric de Mascureau

Les commentaires sont fermés.