Le concile Vatican II, sous l’autorité des papes Jean XXIII puis Paul VI, a marqué un tournant décisif dans l’histoire moderne de l’Église catholique. Ce concile œcuménique avait pour ambition de moderniser l’Église afin de l’adapter aux nouvelles réalités du monde contemporain. Bien que considéré comme l'un des événements religieux les plus marquants du XXe siècle, il semble pourtant que ce concile ne soit pas encore totalement achevé, à en juger par les actions du pape François durant son pontificat.
Objectifs et réformes principales
Le concile Vatican II, convoqué en 1959 par Jean XXIII, fut une surprise pour beaucoup. Ce pape âgé, auquel on ne prêtait pas l’intention de bousculer l’Église, relança pourtant un projet de réforme inachevé, celui du concile Vatican I, interrompu en 1870. Ainsi, le 11 octobre 1962, le concile Vatican II s’ouvrit à Rome, réunissant plus de 2.500 évêques de toutes les parties du monde afin de réfléchir à des thèmes essentiels à l’avenir de l’Église tels que la liturgie, la place des laïcs et les relations de l’Église avec le monde moderne. Une des réformes majeures fut la révision de la liturgie, avec la constitution Sacrosanctum concilium qui permit l’usage des langues vernaculaires pendant la messe, rendant les célébrations plus accessibles. Cette décision contribua, néanmoins, au long déclin de l’usage du latin, à la fois dans la sphère religieuse et la sphère culturelle. Vatican II prôna également une plus grande participation des laïcs dans la vie de l’Église, notamment à travers la création de conseils paroissiaux.
L'Église et le monde
Le concile a également abordé les relations de l'Église avec le monde moderne, notamment à travers la constitution Gaudium et spes. Ce texte prônait une approche plus ouverte aux enjeux sociaux, économiques et politiques du monde contemporain, affirmant que l'Église devait s'engager activement dans les questions de justice sociale et de paix. Vatican II a aussi renforcé l'idée de liberté religieuse avec la déclaration Dignitatis humanae, soutenant que chaque individu devait avoir le droit de choisir sa religion sans contrainte. Un autre aspect crucial fut l'œcuménisme, avec la déclaration Unitatis redintegratio, qui encourage le dialogue et la réconciliation avec les autres confessions chrétiennes. De plus, la déclaration Nostra aetate a redéfini les relations avec les autres religions, en particulier le judaïsme, en rejetant toute forme d'antisémitisme et en soulignant les racines communes entre le christianisme et le judaïsme. Cela reprenait ainsi les propos du pape XI : « En tant que catholiques, nous sommes spirituellement des sémites ».
Un pontificat aux airs de concile
Le concile Vatican II, qui s’est conclu le 8 décembre 1965, se voulait une ouverture au monde moderne, et il semble que le pontificat de François poursuive cette dynamique. Néanmoins, certaines décisions du pape ont suscité des réactions partagées de la part de certains catholiques. Par exemple, le motu proprio de 2023, visant à limiter l’usage de la messe en latin, a déclenché l’indignation des milieux catholiques traditionalistes, distincts, rappelons-le, des intégristes comme les lefebvristes, en rupture avec Rome depuis 1988. Le souverain pontife a également accentué l'ouverture de l’Église au monde contemporain en abordant des sujets tels que l'inclusion des personnes divorcées et homosexuelles. Il souhaite aussi renforcer le rôle des laïcs, thème central du synode en cours à Rome, qui examine notamment la place des femmes dans l'Église, bien que le pape ait exclu la question du diaconat féminin.
Ainsi, le pontificat du pape François s’apparente à un très long concile Vatican III orchestré à travers des synodes et parfois en tension avec la tradition. Pourtant, ces réformes semblent éviter d’aborder deux défis cruciaux pour l’avenir de l’Église : la perte du sens du sacré dans la liturgie et la crise des vocations, qui restent des enjeux