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François Lenglet défend les agriculteurs méprisés par Radio France

Comme on pouvait le craindre, les mesurettes annoncées en début d’année n’ont pas vraiment changé la vie de ceux qui nous nourrissent, et qui ne gagnent pas justement leur vie. Alors qu’une nouvelle révolte grandit sur fond de négociation d’un accord de libre-échange avec le Mercosur, le traitement des deux informations par les éditorialistes de RTL et de Radio France diverge sérieusement.

Humaniste pragmatique contre oligarques butés et méprisants

Le contraste est saisissant. D’une part, François Lenglet intitule sa chronique « Mercosur : pourquoi l’Europe a intérêt à devenir protectionniste », soulignant que nous sommes les dindons de la farce, et que cet accord est un traité d’un autre siècle. Il évoque une vague de protectionnisme mondial qui se lève et dit que l’Europe doit changer de logiciel, le temps du libre-échange étant passé. Il soutient que nous devons nous défendre, tant d’un point de vue industriel qu’agricole, d’autant plus que les normes ne sont pas les mêmes. Le discours est tout autre sur le prétendu service public. N’écoutant plus que quelques podcasts pour suivre leur pensée, je n’ai pas écouté de journaux. Néanmoins, la tonalité des éditoriaux que j’ai écoutés sur France Inter et France Info est en opposition complète avec celui de François Lenglet.

D’abord, le très détestable édito éco de Dominique Seux dans la matinale de France Inter. Passons sur le choix d’un tel journaliste pour être la voix de l’économie sur la première radio de France, qui en dit long sur la soumission mentale complète de France Inter à l’oligarchisme le plus obtus. Pour lui, « l’accord Mercosur (est) un coupable idéal  ». Il parle d’une « coagulation de raisons diverses pour avoir envie de dire non : ceux qui n’ont jamais aimé le commerce international, ceux qui craignent que notre agriculture y perde, ceux qui n’aiment pas la viande et ceux qui s’inquiètent des pesticides  » et parle de bouc-émissaire. Il minore l’impact qu’aurait cet accord en feignant d’oublier que quelques volumes de plus ou de moins peuvent lourdement peser sur les prix, et aboutir à une double peine pour nos éleveurs : perte de volume et baisse des prix. Et vouloir faire croire que notre réindustrialisation passe par le Mercosur est ridicule : toutes les exportations vers l’Amérique hors USA pèse 18 milliards, 0,6% de notre PIB.

Deux jours plus tard, Renaud Dély dans son édito politique sur France Info se demande « pourquoi tous les politiques caressent les agriculteurs dans le sens de la colère  ». Les agriculteurs seraient « la seule corporation à jouir d’un tel soutien, dans l’opinion comme chez les politiques (…) Même les accès de violence sont pardonnés ». Et pour lui, « le souci du traitement de faveur accordé aux paysans, c’est qu’il les entretient dans l’illusion d’un monde disparu (…) sans concurrence internationale ». Il conclut en évoquant le « déclin d’une profession en voie de disparition  ». Et le lendemain sur France Inter, Patrick Cohen poursuit par une chronique « Colères paysannes, bienveillance générale  » et affirme que « quel que soit le gouvernement, le seuil de tolérance aux violences paysannes reste étonnamment élevé ». Au moins, il rappelle les différentiels de normes en pointant les pertes de nos producteurs de noisette, quand la France importe 95% de ses besoins à des pays comme la Turquie, qui utilise 200 pesticides

Mais ce faisant, ces trois éditorialistes payés par les Français oublient tous de mentionner la souffrance d’une profession précarisée et paupérisée par l’ouverture excessive de notre marché. Un mot sur les revenus très insuffisants très agriculteurs (un tiers gagnant moins de 350 euros par mois) n’aurait pas été de trop. Ils auraient pu parler du succès des produits C’est qui le patron ?, qui garantissent une juste rémunération des agriculteurs. En outre, il est profondément mensonger de présenter l’ouverture des marchés comme un mouvement inéluctable. Bien des pays asiatiques ont réussi à s’ouvrir au monde tout en préservant une protection féroce de leurs marchés agricoles, suivant l’exemple du Japon, qui, plutôt que de se nourrir à bas coût à l’étranger préfère taxer à 300% le riz étranger pour garantir un prix rémunérateur à ses riziculteurs, modèle suivi par bien d’autres pays, de la Corée du Sud à la Chine. Ce n’est pas un monde disparu, c’est une protection qui a disparu de l’UE, et qui peut revenir, hors de l’UE.

Mais ce qui est effarant ici, c’est le traitement méprisant de ce prétendu service public dont les éditorialistes font quasiment l’oraison funèbre de nos agriculteurs, présentés comme des délinquants passéistes. Radio France est une honte qui en vient à me faire douter de l’utilité d’un service public de l’information. Merci à François Lenglet de relever le niveau. Vous donnez envie de revenir sur RTL.

https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/francois-lenglet-defend-les-257902

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