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Les autorités chinoises sont-elles en train de prendre le contrôle du dollar à l’extérieur des USA ?

par Charles Gave

Que voilà une question farfelue !

Et pourtant, je vais essayer de montrer qu’elle n’est pas si farfelue que cela

Revenons à la fin des années 60 et un bouleversement immense va se produire dans la façon dont la monnaie est créée, et nul sauf Jacques Rueff (voir le péché monétaire de l’occident, 1971) ne comprend ce qui est en train d’arriver.

Les USA commencent à avoir des déficits extérieurs importants et des masses de dollars  (contreparties des déficits) commencent à apparaître dans les banques non américaines en particulier dans la City  à Londres.

Au début, ces dollars sont présentés à la banque d’Angleterre pour être changés en livres sterling et donc la masse monétaire anglaise monte mais la masse monétaire US ne baisse pas puisque la Banque d’Angleterre ne peut demander la contre valeur en or, et est donc obligée d’ouvrir un compte en dollar à la Fed ou elle dépose les dollars, contribuant ainsi au financement du déficit budgétaire américain.

Résultats des courses : la masse monétaire anglaise monte, la masse monétaire américaine ne baisse pas, la somme des deux monte et la non-convertibilité du dollar assure donc que l’inflation va monter au moins en Grande-Bretagne.

 Arrive un banquier de génie, Sigmund Warburg, de la banque éponyme, qui se dit : «et pourquoi je devrais changer mes dollars à la banque d’Angleterre ? Je vais simplement les prêter à des gens à l’extérieur des USA qui en auraient besoin»

Ce qu’il fait. Inventant le marché de l’eurodollar qui a fait la fortune de la City depuis.

Un léger problème se fait jour quelque temps après : Une banque normale peut prêter beaucoup plus que ses dépôts (multiplicateur bancaire) et donc, il est d’usage de demander à la banque (réserves obligatoires) de ne pas prêter plus que mettons huit fois son capital.

Mais cela se passe quand le marché est national et régulé par des autorités de contrôle, or, au début de l’eurodollar, il n’y avait aucun organisme de contrôle pour limiter cette nouvelle création monétaire.

C’est ce phénomène que Rueff appellera la double pyramide du crédit et c’est lui qui déclenche la grande inflation des années 70 dans le monde.

 Car, en raison de cette double création, la quantité de dollars créés ex nihilo en dehors des USA explosa littéralement et du coup l’or passa de $ 33/ once à  …$ 800 pendant que le pétrole passait de $ 1.5/bb à  $ 30 bb de 1971 1980.

Depuis, la capacité des banques non américaines de créer des dollars ex nihilo a quasiment disparu et en conséquence, l’inflation s’est beaucoup calmée.

Et comment y est-on arrivé ?

Voici la réponse : peu de gens le savent mais un dollar (sauf sous forme de billet) ne peut pas physiquement sortir des États-Unis.

Et donc la banque Warburg et toutes les autres ensuite, devaient avoir un correspondant chez qui «leurs» dollars étaient déposées, mettons JP Morgan.

Et si la quantité de dollars déposés par Warburg augmentait, depuis plusieurs années, JP Morgan demandait d’où venaient tous ces dollars et pouvait tout à fait refuser de les recevoir s’ils venaient d’un pays ou d’un emprunteur qui étaient sur la liste noire de la diplomatie américaine.

Ce qui limita beaucoup la croissance du marché des eurodollars avant de la stopper complètement depuis plusieurs années.

Venons à la période actuelle et à la nouvelle que la Chine vient d’emprunter 2 milliards de dollars à l’Arabie Saoudite.

Commençons par une remarque de bon sens : La Chine, qui a des réserves de change en dollars prodigieuses, a besoin d’emprunter des dollars au moins autant que l’Arabie Saoudite a besoin de leur en prêter et que moi j’ai besoin d’un trou dans la tête.

La question se pose donc ; MAIS POURQUOI CE PRÊT A T’IL EU LIEU ?

Je vais essayer de l’expliquer, mais bien sûr, je peux me tromper.

Pour qu’un système de crédit fonctionne, il faut (voir les Lions menés par des ânes) :

  • Un préteur qui a une épargne surabondante mais qui ne veut pas prendre trop de risques. Dans ce cas précis, il s’agit de l’Arabie Saoudite.
  • Un intermédiaire qui va emprunter, a 3% pour prêter a 5 %. Les banques chinoises, chez qui l’État Chinois va déposer les 2 milliards, feront l’affaire.
  • Des entrepreneurs qui auront besoin d’argent pour effectuer des investissements d’infrastructure par exemple mais qui ne veulent pas emprunter en renminbi pour des raisons «politiques» et qui n’ont aucun problème à emprunter en dollars. A mon avis, il doit y en avoir un paquet en Inde.
  • Des sociétés qui ont des surcapacités considérables dans les biens d’investissements et je crois savoir qu’il y en a beaucoup en Chine
  • Des institutions disposant de réserves en dollar considérables, au cas où les banques chinoises connaîtraient une crise de liquidité en dollars. Les banques centrales chinoises et de HK ont environ 10 fois plus de réserve en dollar que le FMI n’en a.
  • Une monnaie ayant un taux de change fixe avec le dollar pour pouvoir parquer des dollars US en les changeant en dollar de HK, le produit de ce changement se retrouvant en dollars US investis en bons du trésor par la HKMA  à qui aucune question ne sera posée par la Fed ou par le Trésor Américain
  • Une autorité de contrôle respectée, et la banque centrale chinoise fera l’affaire pour éviter que le système n’explose comme le fit l’eurodollar dans les années 70
  • Une possibilité pour la Russie de revenir dans le commerce international dès qu’elle pourra facturer en dollar de HK, convertible en bien sur en dollar US mais aussi en Renminbi

Nous avons tout cela et le prêt qui vient d’être souscrit semble indiquer que bien des gens auront compris qu’une heureuse combinaison de tous ces facteurs règle les problèmes de l’Inde (financement de ses infrastructures) de la Chine (utilisation de ses excédents de production), de la Russie (convertibilité du rouble) et enfin de l’Arabie Saoudite qui elle se voit garantir ses exportations de pétrole vers les deux plus grands importateurs d’hydrocarbures au monde pour les décennies qui viennent.

Ce que je trouve hilarant est que tout le monde se demandait quelle allait être la nouvelle monnaie des BRICS et que le résultat est… roulements de tambour…. le dollar (international), mais dont l’émission sera contrôlée par …la Chine et dont le centre d’émission sera… Hong-Kong.

Et, compte tenu de la demande de crédits qui va s’en suivre, les taux d’intérêts sur le dollar vont beaucoup monter.

Le Président Trump voulait faire monter les droits de douane sur les produits chinois de 70 % alors même que les exportations chinoises vers la Chine ne représentent plus que 15 % du total des exportations de l’empire du milieu, et les Chinois  se contrefoutent donc de cette menace. Mais ils n’aiment pas être menacés, c’est une question de principe.

Il est à peu près certain  que les taux d’intérêts sur le dollar monte de 50 %, ce qui rendra les choses difficiles pour l’économie américaine et complètement impossibles pour l’économie française ou allemande.

 Il me paraît donc acquis que le conflit entre la Chine et les États-Unis va faire une victime collatérale, l’Europe.

Je crains beaucoup que madame VandersLeyen ne perde son poste, qui va disparaître.

Vous m’en voyez désolé.

source : Institut des Libertés

https://reseauinternational.net/les-autorites-chinoises-sont-elles-en-train-de-prendre-le-controle-du-dollar-a-lexterieur-des-usa/

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