De Marion Duvauchel, Professeur de lettres et de philosophie (retraitée), Fondatrice de la Pteah barang au Cambodge :
Mme Anne Genetet, la ministre de l’éducation est formelle et elle l’a répété à l’envi : « la théorie du genre, ça n’existe pas, ça n’a même jamais existé », et ça n’existe pas davantage dans le programme d’éducation sexuelle qu’on nous a concocté.
On nous chantait cocotte dans les mêmes termes avec Mme Belkacem de funeste mémoire.
Pour rappel, en février 2013, le ministère de l’éducation nationale et cinq autres ministères cosignaient la convention interministérielle pour l’égalité fille-garçon dans le système éducatif. Convention 2013-2018 qui fixait un cadre d’action pour mettre fin à cette « situation », entendez : ces fameux stéréotypes que l’on retrouve d’ailleurs dans le nouveau programme d’éducation à la sexualité, on va en parler, elle l’a dit, mais très vite, et en insistant sur le fait qu’on allait leur parler de la différence garçon-fille. Oui-da mais dans quels termes ? Ah oui, le respect, on va leur apprendre à respecter qu’ils sont une fille ou un garçon. On croit rêver.
Méfiance les amis, méfiance…
Le vendredi 8 mars 2013 lorsque la ministre de la réussite éducative (vous savez ces ministères de fantaisie imaginés par Hollande en son temps) Mme George Pau-Langevin avait reçu les rectrices et les directrices académiques des services de l’éducation nationale à l’occasion de la journée internationale des femmes, elle avait déclaré que « déconstruire les stéréotypes répandus dans la société était l’un des objectifs de l’institution scolaire, et cela à tous les niveaux ». Et que cette mission nécessitait une action d’ensemble à l’École et à l’extérieur de l’École, puisque les représentations sociales s’inscrivent bien au-delà des murs des établissements. Et on avait bien enfoncé le clou : l’École devait être un lieu d’éducation à la mixité et où l’égalité fille-garçon devait être effective. Le pognon qu’on a dû mettre dans cette usine à gaz, là encore…
Parce que mixte, elle ne l’était pas déjà notre école ??? ça fait belle lurette qu’on n’a plus des premières L avec des filles et des terminales S avec que des garçons. Mme Curie est passée par là, et d’autres femmes tout aussi remarquable, et 14-18 aussi. Y’a un effort à faire évidemment. Je propose qu’on leur fasse démonter et remonter dès quatre ans des horloges, des réveils matins et toutes sortes d’objets. Ça développe l’intelligence technique. Ah faut former les professeurs évidemment. Et ça coûte.
En janvier 2013, la porte-parole du gouvernement soutenait que la théorie du genre n’existait pas. J’avais alors rédigé un article pour démontrer le contraire en m’appuyant sur cette convention qu’on trouvait alors en ligne sur le site gouvernemental et en citant in extenso la mesure 4. Cette mesure me semblait la preuve éclatante qu’il était fortement question d’encadrement de la sexualité, et dans un paradigme anthropologique nouveau, celui de la théorie du genre. Deux jours après la parution de cet article, les textes officiels que je citais – et que d’un simple clic on pouvait trouver directement – disparaissaient, remplacés par des photos de la ministre et des recteurs et rectrices signant la convention. On trouve encore ces articles avec les références sur le Salon beige, qui les avait mis en ligne. Je l’en remercie.
Mme la ministre récemment nommée a insisté sur un point : l’éducation à reconnaître et identifier des émotions à partir de quatre ans. Ah bon, un enfant ne sait pas décrypter les émotions ? De qui se moque-t-on ? Un enfant tout petit ressent la peur, la colère, la frustration et sait reconnaître si sa mère est émue ou agitée. Quiconque a tenu un nourrisson dans ses bras, (à mon avis on est nombreuses et nombreux) même si ce n’est pas le sien, le sait parfaitement. Un enfant de quatre ans n’a nul besoin d’être éduqué à la reconnaissance des émotions, il a surtout besoin d’un climat de sécurité, d’être sûr qu’un survolté hyperactif ne va pas le frapper, que l’enfant déséquilibré qui ne cesse de faire du bruit avec sa bouche (demandez autour de vous, c’est du témoignage que je répercute) et dont le professeur redoute la violence ne va pas se mettre à hurler. C’est de cela dont un enfant de quatre ans a besoin, de sécurité, comme en ont besoin aussi ceux de cinq ans et de six ans. Et au-delà. C’est de sécurité, de calme, de paix dont nos enfants ont besoin, et non du climat survolté et survoltant que font régner les enfants qui demandent des soins particuliers que l’on n’est pas en mesure de leur donner dans l’état consternant de notre système éducatif devenu fou. Ces soins et cet apprentissage spécifique, on ne peut le leur offrir que dans des organismes spécialisés, avec des éducateurs qualifiés. Commencez, Mme la ministre, par demander la réouverture des établissements qu’on a fermé, et l’ouverture de nouveaux centres, et accessoirement demandez, et même exigez, que l’on forme du personnel, en leur foutant la paix avec les idéologies que vous avez tenté d’imposer à l’ensemble de la Nation à travers les enfants et à travers notre système éducatif. L’éducation sexuelle, c’est la loi, nous dit-elle sans rire. Ah ça, oui, c’est la loi, et vous avez su la trafiquer à des fins ignobles. Car la théorie du genre a conduit aux wokisme, au transgenre, à toute une ignominie dont on commence à mesurer les sinistres conséquences.
Il fallait dire : « oui la théorie du genre existe, oui on a tenté de la faire vivre dans les programmes, et oui, on s’est trompé grossièrement, et oui, on fait marche arrière aujourd’hui ». Parce que oui, la société civile a commencé à se rebeller, qu’elle en a assez de toutes ces saloperies idéologiques et qu’elle vote à présent pour la droite qu’on appelle « extrême ».
Notez bien, mes amis, que lorsqu’elle a parlé de la pornographie, elle a ajouté « par ailleurs dégradantes » presque en ce rattrapant.
La théorie du genre existe et pendant des années on s’est employé à l’intégrer dans les programmes, de la petite école jusque dans les classes de première et de terminale.
Il y a quelques années, en poste à Doha, dans le cadre d’une explication sur un texte de Platon, je répondais aux questions sur l’homosexualité que posait un élève à la lecture de ce texte, et je soulignais qu’il ne fallait pas confondre l’interprétation du livre de Platon sur le désir avec la société grecque, qui aurait disparue si elle avait été homosexuelle dans son ensemble. Et parce que j’avais souligné le problème philosophique, juridique et technique que pose le discernement entre pédophilie et homosexualité, le fils de l’attaché culturel me dénonça auprès de l’ambassade de France. Alors on me convoqua au motif que j’avais « brisé mon devoir de réserve ». Un genre de tribunal, qui respectait absolument la mixité et les quotas : un homme et une femme.
– Ah bon que j’ai dit, parce que poser un problème philosophique en classe de philo, c’est briser un devoir de réserve ? – ils sont fragiles à cet âge-là, leur identité est incertaine, etc.. – Ah bon que j’ai dit, fragiles ? Ils viennent en limousine climatisée, y’en a un qui a écrit un courrier de délation, ils fument et copulent, et devant le lycée, la rumeur dit que c’est un baisodrome, vous les trouvez fragiles vous ? Ben s’ils sont si fragiles et qu’ils doutent de leur identité sexuelle, c’est le moment de leur dire qu’aimer une femme quand on est un garçon c’est bien, que c’est source de joie, de fécondité, surtout quand c’est une relation stable, constructive, durable (et inversement, aimer un homme quand on est une fille et qu’on aura envie un jour de porter ses enfants). Et accessoirement, que j’ai ajouté, leur dire qu’il y a mieux comme facteur d’identité que l’identité sexuelle : il y a l’honneur d’être un homme ou une femme digne de ce nom, et ça serait bien de les aider à le comprendre et à avoir envie de le devenir, digne de l’existence qui leur a été donnée. Cadeau, don gracieux, gratuit, élégant, généreux.
Il a failli s’étrangler.
Ils ont cessé de m’emmerder après deux convocations, parce que rien n’interdit à un professeur de poser un problème juridico-philosophique, ce que je leur ai expliqué dans une langue très soutenue et textes officiels à l’appui. J’avais une bonne copine et collègue bien informée, elle m’a trouvé l’information, et je leur ai montré qu’un professeur de philosophie, ça avait quelques armes contre la bêtise institutionnelle. J’ai la faiblesse d’éprouver en y songeant cette émotion qu’on appelle la fierté et qu’un enfant de 4 ans devra désormais savoir nommer…
Bon, vous avez 14 ans et neuf mois, vous êtes un garçon et un type de 44 ans vous invite à une relation sexuelle. Dans trois mois, vous avez la majorité sexuelle, et dans trois mois seulement. Le gars qui vous débauche, il est pédophile ou il est homosexuel ? Vous vivez chez vos parents, donc sous leur autorité légale et légitime. Et vous pouvez faire ce que vous voulez de votre corps à quinze ans tout en vivant sous leur toit ? Des jeunes fragiles… Ils sont d’une solidité à toute épreuve, nourris de mensonge idéologique et pour ceux que j’enseignais à Doha-Qatar, de ce qu’implique la limousine climatisée dans une terre où l’on paie les Népalais deux euros de l’heure pour construire des buildings absurdes et les villas pour les riches expatriés.
Poser ce problème en classe de philosophie vous valait à l’époque un paquet d’emmerdements mais aussi un souvenir que j’ai la faiblesse de raconter en éprouvant cette émotion qu’il faudra que les enfants sachent nommer dès quatre ans : l’allégresse. Aujourd’hui, ça ne se poserait plus, les enseignants se gardent bien de répondre. Ils bottent en touche ou ils se soumettent aux idées ambiantes. L’homosexualité, c’est infiniment plus raffiné que l’hétérosexualité, surtout depuis Michel Foucault. C’était un violent, il raconte dans ses « Dits et écrits » qu’il aimait en bicyclette forcer les bus à se déporter, il aimait sentir le rapport de pouvoir entre l’homme à bicyclette et le bus, quitte à provoquer un accident. Ça, c’est de l’élégance…
La théorie du genre n’existe donc toujours pas, dixit Anne Genetet. On ne présentera donc pas d’excuses à la Nation, pour avoir massacré notre programme de littérature et de philosophie, pour avoir liquidé la filière littéraire, pour toute l’ignoble propagande instaurée, dès le primaire, pour la mesure 4 qui confondait violence sexistes (« dégage, t’es qu’une fille », c’est pas chic, mais les garçons aiment bien se battre entre eux, c’est comme ça qu’ils règlent leur compte) et la violence sexuelle (le garçon qui profite de sa force pour violer une fille dans les toilettes, ça s’est vu et ça se voit encore).
Au Cambodge où j’ai fondé il y a plus de dix ans un petit centre pour enfants, il y a deux mots différents pour dire « oui ». « Bâ » pour les hommes, et « cha » pour les femmes. Mais « non », c’est até, quel que soit le sexe. J’y vois une discrimination autour de la négation ; Mais que font les linguistes ??
À quatre ans, ils savent ce que c’est qu’un climat d’insécurité, de bruit forcé. A quatre ans ils savent ce que c’est qu’une émotion et c’est le rôle des parents de mettre les mots sur les choses senties : « mon petitou, je sais que tu as peur du noir, mais tu n’as pas à avoir peur, il n’y a pas d’ogre ni de monstre dans la nuit », ou encore « ma pitchounette, ne pleure plus, ce n’était qu’un cauchemar, maman est là, rendort-toi, il n’y a pas de loup dans la maison, tu n’as rien à redouter ».
Mais dehors, oui, il y a des loups et ils se rapprochent de plus en plus… Les loups, charmante Elvire, sont entrés dans nos écoles, et depuis trop longtemps, des loups gris et aussi des louves avec un voile sur la tête, bien décidées à en découdre avec la nation française. Et puis il y a les loups qui se font passer pour des bergers. Ou pour des bergères.
Il y a toutes sortes de loups dans nos écoles. Ils finiront par en sortir, lorsque les chiens de berger se souviendront de leur vocation : protéger les brebis. Il leur faudra sans doute montrer un peu les crocs. Il faut savoir ce que l’on veut : on veut protéger nos enfants ou on veut les livrer de nouveau en pâture aux idéologies LGBT ?
Mme Genetet est une femme. Ne nous y fions pas, nous avons vu les modèles politiques qu’elles proposent. Elles mentent tout pareil, elles sont tout aussi corrompues que les hommes politiques qui les entourent. Mesdames, vous avez envie de leur ressembler, vous ? Vous avez envie de ressembler à Ursula von Leyen ou à Elisabeth Borne ?
Moi non.
Post scriptum : On a interdit les calendriers de l’Avent. Ah mais non, ça ne vient pas de la ministre mais d’un inspecteur zélé. C’est bien, la patronne déjuge ses laquais de service, c’est un bon départ. Continuez madame, continuez, on pourra mettre dans la liste des émotions pour les petits de quatre ans, la lâcheté politique. On mettra une photo de tout un tas de gens avec l’émotion correspondante, ils n’auront qu’à désigner de leur petit doigt innocent le salopard et l’émotion correspondante : le rire, pas mal de rire pour François Hollande et pour Emmanuel Macron, on leur fera lancer des œufs pourris sur sa photo, pour leur apprendre un sentiment appelé le mépris. Ça, ça sera éducatif… Mais ça nous arrange qu’on trahisse les sous-fifres. Il paraît que les calendriers de l’Avent sont devenus des supports pédagogiques, mais attention hein, pas de contenus religieux. On va vers Noël, cocotte, Noël, la naissance du rédempteur. C’est éminemment religieux. Tu pourras toujours raconter ce que tu veux sur les vertus pédagogiques de ces calendriers, tu ne pourras pas enlever leur vraie nature. Ils annoncent une date unique dans l’histoire de l’humanité et la Parole nouvelle qu’il va faire entrer dans le monde, cet enfant dans sa crèche. Tout le reste passera, mais pas cette Parole qui accomplit la promesse éternelle d’un Dieu qui dit vrai et dont les dons sont sans repentance.
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