La chute du Gouvernement Barnier ne saurait ni étonner ni affliger l’Action française. Elle est la simple conséquence du manque de majorité, même relative — trois blocs sensiblement équivalents. Emmanuel Macron a joué avec le feu en dissolvant l’Assemblée nationale puis en organisant un « front républicain » dont le seul objectif était d’empêcher Jordan Bardella d’accéder à Matignon : on s’aperçoit aujourd’hui que cela ne fait pas une politique.
Le plus grave n’est pas tant que la France se retrouve sans budget pour 2025 à quelques semaines de la fin de l’année : la Constitution a prévu ce cas de figure et tous ceux qui, dans le « bloc central », ont joué contre les Français en appelant les marchés financiers à organiser le chaos pour faire peur au pays et rester en place, n’ont réussi pour l’instant qu’à montrer leur absence de patriotisme. Il en est de même de l’appel à un « gouvernement technique » : un gouvernement conduit toujours une politique et, qu’il soit « technique » — les Italiens en ont fait l’amère expérience — signifie seulement qu’il conduit la politique de Bruxelles et celle des marchés financiers — ce que font, peu ou prou, tous les gouvernements de droite ou de gauche depuis des lustres.
Depuis 1962 et la chute du Gouvernement Pompidou, aucun autre gouvernement n’était tombé à la suite d’une motion de censure. De plus, Macron est le premier président de la République dont un gouvernement tombe sur un « 49, alinéa 3 », à savoir en vue de rejeter un texte, en l’occurrence le projet de loi de financement de la Sécurité sociale — mais il en aurait été de même du projet de loi de finances pour 2025. C’est donc bien l’ensemble de la politique de ce gouvernement « républicain-macronien » que les oppositions ont rejeté, certes, pour des raisons souvent divergentes, mais de manière radicale. Un nouveau gouvernement ne changera pas la donne politique à l’Assemblée qui ne peut être de nouveau dissoute avant juin 2025. La démission du président de la République elle-même, si elle pourrait laisser la place à l’espoir d’un changement radical à plus ou moins brève échéance, dans le sens des intérêts de la nation, n’aurait pas non plus d’effet immédiat, une majorité patriote à l’Assemblée n’étant pas possible avant plusieurs mois. En revanche, elle permettrait de voir partir de l’Élysée un homme qui a toujours été indigne de sa fonction.
Nous ignorons à cette heure les conséquences immédiates de la chute du Gouvernement Barnier. Mais nous savons déjà qu’elle est le signe du pourrissement accéléré de nos institutions qui ne protègent même plus les Français de l’instabilité gouvernementale. Les maux qu’ils doivent affronter sont trop importants pour qu’ils ne se tournent pas à plus ou moins brève échéance vers un changement institutionnel radical. La Ve République semblait la meilleure en ce qu’elle paraissait la moins républicaine de toutes. Elle l’est encore manifestement trop. Passons de la fausse monarchie républicaine à une véritable monarchie, la monarchie royale, seule à même de garantir le bien commun en assurant la continuité de la nation et un arbitrage indépendant de toutes les factions et les oligarchies.