Bayrou, l’incompétence en bandoulière vient de nous en révéler un échantillon à Mayotte. Devant la catastrophe et face à la demande des journalistes, il n’a rien trouvé d’autre que d’esquiver en donnant la parole à son ministre de l’intérieur démissionnaire Retailleau et de finir par balbutier quelques lieux communs en se retournant vers ses petits camarades pour s’assurer de leur assentiment. Les mauvaises langues se demanderont bien pourquoi il s’est déplacé avec lui, si ce n’est pour conforter que l’ex est aussi le futur.
Là n’est pas le fond de l’affaire et finalement heureusement qu’il était présent pour rattraper l’inconséquence de Bayrou, désarmé et incapable de dire quoi que ce soit de concret. En si peu de temps dévoiler toute l’étendu de la supercherie de sa nomination, c’est un exploit tout de même. S’il était l’homme providentiel, il aurait su intervenir, évoquer l’action prévue. En demeurant muet, pire en fuyant, il s’est montré à son désavantage dans cet exercice. Que penser d’un personnage qui devra faire face à d’autres cas similaires si jamais il officie longtemps à ce poste. Serait-il plus à son aise quand il planifiera à tête reposée, on en doute aussi. Le bilan de 4 ans de cogitation au plan est nul et celui à la mairie de Pau est désastreux en termes de finances…
Devant cette débâcle de l’autorité, de l’absence de vision et de prise de responsabilité, on peut s’estimer heureux qu’il y ait eu Retailleau pour sauver les apparences. L’homme bénéficiait déjà du capital confiance le plus élevé dans l’ancien gouvernement, il a dû marquer encore des points. On pourra nous rétorquer que la concurrence n’était pas si virulente pour qu’il ne tire pas son épingle du jeu. Bien entendu, face à un Jean-Noël Barrot, la tâche était aisée et les plus corrosifs diront que cela ne constitue pas un étalon valable. Certes, mais rendons-lui tout de même ce mérite. Il est clair que dans cet océan d’incompétence et de d’inculture, l’homme prend de l’épaisseur, il pourrait presque incarner aux yeux de certains l’homme providentiel. On en est encore loin, pour cela il devra au préalable se libérer de certains réflexes, comme celui de plaire au PS, tout en ne mécontentant pas la droite… le grand écart ne peut constituer une stratégie. À vouloir satisfaire tout le monde sur la simple base de compromis, on en perd son caractère et on devient transparent, voire insignifiant. Il faudrait aussi qu’il s’affranchisse de ses discours sur l’immigration dont il sait, du moins espérons-le, qu’ils ne sont que des effets de manches, des propos vides de consistance tant que la question de fond n’est pas évoquée et résolue, à savoir la soumission à la Commission européenne. Parler de réguler les arrivées d’étrangers sans retrouver notre pleine et entière souveraineté est un leurre, une fanfaronnade de plus destinée à endormir les plus naïfs. Les NFP le détestent, c’est un gage de qualité…
L’UE vient de rappeler à l’ordre les pays membres qui voulaient restreindre les arrivées des futurs réfugiés Syriens, Retailleau ne peut l’ignorer. Hors prétendre pouvoir régler un problème qui est de la compétence de la Commission Européenne est un mensonge. Ce qu’il gagne d’un côté, il le perd de l’autre. Mais peut-il déclarer officiellement qu’il est dans l’incapacité de juguler l’immigration parce qu’il est tenu d’obéir aux directives de l’Union et que ces dernières sont pour une invasion massive. Prendre ce parti c’est procéder à un virage à 180° et entraîner de facto ses amis pros européens à changer de posture. En a –t-il le cran ou simplement les convictions ? Mais s’abstenir de le faire c’est s’enferrer dans un mensonge qui ne tient plus qu’avec l’aide d’une presse aux ordres, elle-même bien malmenée et dont la confiance s’est largement écroulée. Il faut qu’il se dise aussi que si la France commence à affronter l’Union européenne telle qu’elle est aujourd’hui, beaucoup d’autres lui emboîteront le pas.
Veut-il prendre le pari de l’authenticité, ou se complaire dans l’illusion, dont on sait qu’elle finit toujours par s’écraser sur le mur du réel, emportant avec elle les fantasmes tenus pour vérités, et ceux qui s’en sont fait les ardents serviteurs. Mais parler de se libérer de cette Commission c’est déjà admettre qu’elle nous empêche de diriger comme on l’entend nos affaires internes. Il faudrait qu’il admette que l’affirmer ce n’est pas faire injure à nos intelligences, ni mentir. Le sujet est débattu dans certains partis en Allemagne sans que cela ne provoque des cris d’orfraie, pourquoi en serait-il autrement chez nous ? Nous n’avons plus l’autonomie des grandes orientations, persister à le faire croire n’est pas responsable. Se cacher derrière une pseudo volonté en courbant sans cesse l’échine détruit la confiance et augmente l’impuissance croissante des programmes politiques qui nous enfument de promesses impossibles à mettre en œuvre, faute d’indépendance. Il est temps pour lui de prendre la tête d’un mouvement de vérité, quitte à créer une nouvelle scission, ou plus salutaire, une prise de conscience. L’enjeu n’est-il pas supérieur aux petits arrangements politiciens qui ternissent en permanence une classe politique vue comme incompétente, partisane et privilégiée. Sa position au sein du gouvernement et dans le marasme ambiant pourrait lui permettre d’entamer ce virage, qui devra, de toute façon, être amorcé à un moment donné.
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Par Gilles La-Carbona : secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire
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