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Quand le service public devient une tribune pour diatribes anti-RN

Capture d'écran
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Le 20 décembre, sur le plateau de l’émission Taratata diffusée sur France 2, le leader du groupe Shaka Ponk, Frah, a choisi de transformer son passage musical en tribune politique. Dépassant le cadre artistique, il s’est lancé dans une virulente diatribe contre le Rassemblement national (RN). « Tous les jeunes qui ont voté pour le RN étaient abonnés à nos réseaux sociaux. Ça fait des années qu’on voit le RN monter dans les médias. Ça fait des années que M. Macron est en train de mettre le RN au pouvoir », a-t-il affirmé. Sur X, le député RN de Moselle, Laurent Jacobelli, a annoncé saisir l’Arcom, scandalisé par la séquence. « Avec l'argent des contribuables, une émission de variétés se transforme en tribune anti-RN sans aucune modération de l'animateur !, s’offusque l’élu. Le service public militant, ça suffit ! Marre de payer pour se faire insulter. Je saisis l'Arcom [Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, NDLR] ! »

Une absence flagrante de contradiction

Ces déclarations interviennent dans un contexte de tension politique croissante. Alors que le RN progresse dans les sondages et s’ancre dans le paysage démocratique (38 % des Français voteraient Marine Le Pen dès le premier tour en cas d’élection présidentielle anticipée), cette attaque frontale soulève des interrogations sur la place de la politique dans les émissions culturelles - en particulier de service public. Frah, connu pour son militantisme écologiste et anticapitaliste, a par ailleurs ajouté : « Il faut qu’on utilise une bonne partie de notre temps, en plus de la musique, à exprimer des choses et à prendre position politiquement contre ces abus. »

Loin d’apporter la moindre nuance, l’animateur Nagui a rétorqué d’un simple : « Tu reconnaîtras que tu as pu le faire librement sur ce plateau. » Une séquence qui pose, une fois de plus, la question de l’utilisation de l’espace public pour des prises de position militantes, dans un contexte où le RN s’affirme comme la première force d’opposition en France. Si l’art est souvent un vecteur d’engagement, peut-il pour autant servir de prétexte à diaboliser une partie de la population française qui soutient ce parti - et finance une chaîne sur laquelle elle est ouvertement insultée ?

Le service public peut-il rester impartial ?

Cette prise de position relance un débat déjà ancien sur l’impartialité des médias publics. Dans sa charte éthique, France Télévisions s’engage, « en tant que groupe audiovisuel doté d'une mission de service public », à « conserver une stricte neutralité politique et respecter sur ses antennes le pluralisme de l'information, ainsi que l'expression pluraliste des courants de pensée et d'opinion ». Mais, sans contradictoire, la charte est caduque et le gendarme de l’audiovisuel pourrait trouver à redire.

En attendant, cette sortie médiatique risque de renforcer la perception d’un « deux poids deux mesures » dans le traitement des sujets politiques sur le service public, alors que de nombreux Français s'agacent de constater qu’il penche trop à gauche. En s’associant à une critique virulente du RN, Nagui semble oublier qu’il s’adresse à une audience diverse, qui inclut aussi des sympathisants de ce parti. Doit-on rappeler que la démocratie, c’est aussi accepter le débat d’idées, même lorsqu’elles dérangent ?

Julien Tellier
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