Depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962, les relations entre la France et son ancienne colonie ont été marquées par des tensions persistantes, exacerbées par une politique mémorielle souvent instrumentalisée par le régime algérien. Ce dernier, en proie à une crise de légitimité et à des défis socio-économiques majeurs, utilise la figure de "l'ennemi français" comme un moyen de galvaniser le nationalisme et de détourner l'attention des problèmes internes. Cette stratégie, qui s'inscrit dans une logique de victimisation, ne fait que renforcer un discours anti-France qui n'est ni justifié ni constructif.
Une politique de victimisation indécente
La stratégie de victimisation ne se limite pas aux discours. Elle se manifeste également dans les politiques éducatives, où l'histoire de la colonisation est toujours présentée de manière unidimensionnelle, renforçant ainsi un sentiment anti-France tenace chez les jeunes générations. Les manuels scolaires, par exemple, mettent l'accent sur les atrocités commises par la France, tout en minimisant les aspects de l'histoire algérienne qui pourraient nuancer cette vision. En cultivant une mémoire collective empreinte de ressentiment, le régime algérien, de plus en plus critiqué par la population, s'assure une base de soutien.
Depuis l'arrivée au pouvoir d'Abdelmadjid Tebboune, en décembre 2019, cette rhétorique anti-française s'est intensifiée. Le chef de l'État algérien n'a cessé de dénoncer l'ingérence française dans les affaires intérieures de son pays, accusant Paris de vouloir déstabiliser le régime. En décembre 2024, l'ambassadeur de France à Alger a été convoqué par le ministère algérien des Affaires étrangères suite à des accusations de "déstabilisation" formulées par les autorités algériennes. Ces accusations étaient notamment liées à des allégations fantaisistes selon lesquelles les services de renseignement français auraient cherché à manipuler des anciens jihadistes algériens pour organiser des attentats en Algérie.
Cette convocation intervient dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays, marquées par des accusations réciproques d'ingérence et des divergences de vues sur des questions régionales, telles que le conflit au Sahara occidental. Le retrait de l'ambassadeur d'Algérie en France en signe de protestation contre le soutien d'Emmanuel Macron au plan marocain d'autonomie du Sahara occidental avait déjà considérablement refroidi les relations bilatérales.
Le régime algérien a ainsi multiplié les initiatives visant à réduire la présence française en Algérie. La francisation a été fortement remise en question, les établissements scolaires français ont été fermés, et les entreprises françaises opérant sur le territoire national ont été soumises à des pressions accrues.De plus, le français n'est plus une des langues officielles de l'Algérie.
Cette politique anti-France prend des formes diverses. Elle se manifeste notamment dans les symboles nationaux, comme le couplet de l'hymne algérien qui évoque explicitement la lutte contre le colonialisme français. Elle se traduit également par des répressions visant les voix dissidentes, comme en témoigne l'arrestation de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, 75 ans, critique envers le régime et ouvertement hostile à l'instrumentalisation de l'histoire.
Cette stratégie sert plusieurs objectifs. Elle permet tout d'abord de distraire l'opinion publique des innombrables problèmes internes auxquels le pays est confronté, tels que la crise économique, la corruption généralisée et le chômage des jeunes (36% des moins de 24 ans). Elle permet également de renforcer le pouvoir du régime en galvanisant les nationalistes et en présentant le président prorusse Tebboune comme le défenseur de l'Algérie face à l'impérialisme français. Enfin, elle vise à réduire l'influence française en Afrique du Nord et à affirmer le rôle, illusoire et fantasmé, de l'Algérie comme leader régional.
Détourner l’attention des problèmes algériens
En plus de servir de bouc émissaire, la politique anti-France du régime algérien permet de détourner l'attention des nombreux problèmes internes. Alors que le pays fait face à des défis économiques croissants, notamment une dépendance excessive aux hydrocarbures et une jeunesse désillusionnée et désœuvrée, le gouvernement préfère focaliser le discours public sur les relations avec la France, "responsable de tous les maux". Cette stratégie est particulièrement visible lors des périodes de crise, où les dirigeants algériens intensifient leur rhétorique anti-française pour détourner l'attention des manifestations populaires et des revendications sociales.
De plus, cette politique a des répercussions sur les relations diplomatiques entre les deux pays. Les tensions récurrentes, alimentées par des déclarations provocatrices et des gestes symboliques, nuisent à la possibilité d'une coopération constructive. Alors que la France et l'Algérie pourraient collaborer sur des enjeux cruciaux tels que la lutte contre le terrorisme, la migration ou le développement économique, la focalisation sur le passé empêche toute avancée significative. Le régime algérien privilégie une posture de confrontation directe plutôt que de dialogue.
L’impact considérable sur les relations bilatérales
Les conséquences de cette politique anti-France sont multiples et touchent divers aspects des relations bilatérales. Sur le plan économique, la méfiance croissante entre les deux pays entrave les investissements français en Algérie, qui pourraient pourtant contribuer à la diversification de l'économie algérienne. De nombreuses entreprises françaises, qui ont longtemps été des partenaires stratégiques, hésitent à s'engager dans un climat aussi tendu, ce qui limite les opportunités de création d'emplois et de transfert de compétences.
Sur le plan culturel, la situation n'est guère plus favorable. Les échanges culturels, qui pourraient favoriser une meilleure compréhension mutuelle, sont souvent entravés par des discours nationalistes qui rejettent toute forme de coopération avec la France. Les initiatives de jumelage entre villes, les programmes d'échanges universitaires ou les projets artistiques communs sont souvent perçus à travers le prisme d'une méfiance historique, ce qui limite les possibilités d'enrichissement mutuel. Les jeunes Algériens, qui pourraient bénéficier d'une ouverture vers la culture française, se retrouvent enfermés dans une vision étriquée et conflictuelle de leur histoire.
Il est désormais crucial de reconnaître que la politique anti-France du régime algérien, loin de servir les intérêts du pays, ne fait que perpétuer un cycle de ressentiment et de division. Alors que les deux nations ont un passé complexe, il est temps de dépasser les repentances mémorielles pour se concentrer sur l'avenir.de leurs populations respectives. Cette haine du gouvernement et des autorités de la République algérienne "démocratique" et "populaire " (La Corée du Nord est également "populaire" et "démocratique") à l'égard de la France n'est absolument pas justifiée.
Il est temps de mettre fin à cette imposture victimaire d'un régime gérontocratique aux abois qui n'est pas capable de prendre soin de sa jeunesse et de lui offrir un avenir plus radieux, dans un pays indépendant depuis 62 ans et qui dispose de ressources naturelles considérables et regorge de sites touristiques de premier plan. Dans de telles conditions, on peut légitimement se poser la question sur ce qu'a fait la dictature algérienne, pendant ces nombreuses décennies, pour développer le pays et assurer un niveau de vie décent à ses citoyens ?
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