Combat royaliste 59
Par Philippe Germain
Donald Trump a pris le pouvoir DU politique. Ce qui lui permet de lancer – écrit la presse – une « contre-révolution » anti-wokiste. À l’inverse de la thèse de Gramsci, Trump apriorisé le combat politique « du temps court » afin de pouvoir ensuite gagner la guerre culturelle « du temps long », celle des mentalités. Pour l’instant, la contre-révolution par le haut lui permet de signer des décrets contre le wokismegouvernemental. Bien joué !
Est-ce une piste pour la France ? Il y a quinze ans, la pensée dominante combinait la référence aux droits de l’homme et la mondialisation. Celle-ci serait obligatoirement heureuse en articulant régulation juridique et fédéralisme européen ce qui rapprocherait les pays par le dynamisme économique. La pensée dominante française se ralliait aux idées canons de la démocratie américaine, celles du libéralisme politique et de l’« économique d’abord ». L’épiscopat, crispé sur le « spirituel d’abord », au service du migrant, ralliait cette pensée dominante. Prudente, l’émergente pensée conservatrice préférait prendre l’aiguillage du « culturel d’abord » pour éviter d’être associée au « péril maurrassien ». Celui du politique d’abord et de l’intérêt national comme finalité. Sans doctrine, la pensée conservatrice peinait.
Objectivement alliées, les pensées libérale-libertaire et bourgeoise-bohème pouvaient s’appuyer sur le terrorisme intellectuel de « vigilants » (ainsi s’auto-désignaient-ils). Celui-ci formait un puissant instrument de contrôle social démocratique qui en 2000 fut, non pas dénoncé, mais implacablement démasqué par l’essayiste bainvillien Jean Sévillia. Or, il vient d’enrichir son étude de référence de huit chapitres détaillés couvrant, sur le quart de siècle écoulé, les nouveaux domaines dans lesquels le terrorisme intellectuel s’est déployé : Europe, insécurité, immigration, islamisme, censure des mal-pensants, genre, wokisme, barrage républicain. De plus, Sévillia démasque une nouvelle méthode « terroriste » liée à l’apparition des chaînes d’information en continu et des réseaux sociaux qui fournissent un champ à la liberté d’expression. Pour éviter tout débat, le terrorisme intellectuel pratique une judiciarisation croissante. Dans le Journal du Dimanche, Sévillia explique : « Pour une formule qui a déplu aux professionnels de la vigilance, on risque un procès. Une telle dérive est facilitée par l’évolution législative qui a conféré une interprétation extensive au racisme, concept abusivement applicable aux mœurs ou à la religion ». Voilà pourquoi il faut impérativement lire son dernier ouvrage, Les habits neufs du terrorisme intellectuel.
D’autant que Sévillia explique : « La chaîne CNews a donné une vitrine télévisée [au] courant de droite, achevant de constituer un pôle intellectuel qui échappe à la gauche. Je m’en réjouis, mais je ne crois pas que cela signifie la fin du terrorisme intellectuel car le système reste en place. Des brèches ont été ouvertes, des espaces de liberté ont été créés, mais dans le monde intellectuel, au sein du système médiatique et dans l’enseignement, ces canaux qui façonnent l’esprit des Français, le politiquement correct continue de dominer ». Il est donc encore bien trop tôt pour sauter sur sa chaise comme un cabri en disant « la Droite a gagné la guerre culturelle ». Il faut d’abord mener le combat des idées et c’est pourquoi nous allons, sur plusieurs rubriques, chercher à comprendre la reconfiguration idéologique en cours.
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