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« Ne pas subir » : Élias a résisté, que nos gouvernants prennent exemple sur lui

©BVoltaire
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« Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années », écrivait Corneille. Élias avait 14 ans. 14 ans et demi, comme disent les enfants et, à cet âge, on est encore un enfant. Il allait avoir 15 ans en février. Tous ses amis, du lycée Montaigne ou de son club de foot, le décrivent comme gentil, joyeux, serviable, notamment envers les plus petits au foot. On peut rajouter aussi, à présent, courageux.

Courageux

La mère d’un fils du même âge que je suis pense à celle qui l’a porté neuf mois, s’est levée la nuit, l’a cajolé, aimé, soigné, a consolé ses petits chagrins, l’a emmené à l’école, a surveillé ses devoirs, l’a pris en photo sur la plage, en famille, tellement fière de ce petit homme qui grandissait… la mère d’Élias a raison d’être fière : il ne s’est pas laissé faire. Il a résisté. Deux individus ont voulu lui voler son téléphone : on sait l’importance du téléphone, pour un enfant de cet âge, c’est son bien matériel le plus précieux, cela a une charge affective, aussi, c’est souvent un cadeau qu’on lui a fait. Son premier cadeau de grand.

La syntaxe d’un titre du Monde laisse perplexe : « Un adolescent de 14 ans tué à Paris après avoir refusé de se faire prendre son téléphone, deux suspects mineurs en garde à vue ». La relation de causalité est établie entre la mort et le refus de se laisser « prendre » son bien. (il n’y a pas seulement le mot « voler »). À croire qu’il l’a cherché. S’il voulait garder la vie sauve, il n’avait qu’à obtempérer. Jusqu’où ? Doit-on, par exemple, éduquer à détourner le regard quand une femme est agressée ? À Mâcon (Saône-et-Loire), en juillet dernier, un jeune de 17 ans a reçu plusieurs coups de couteau en s’interposant entre un voleur et sa petite amie.

Anne-Lorraine Schmitt, il y a quelques années, a été mortellement poignardée pour avoir refusé de se laisser violer. Il fallait donc qu’elle se laisse faire ? La lâcheté a donc contaminé tous les esprits ? Il est vrai qu’elle est devenue un mode de gouvernement.

Opération écran de fumée

Pour Élias s’est déjà mise en branle l’opération écran de fumée. Pas besoin de se concerter, chacun joue sa partition et tire de son côté pour tendre le manteau de Noé de l’impuissance sur un drame révoltant qui aurait pu être évité. Un « hommage » est « en réflexion », nous dit le préfet Nuñez. On connaît les vertus cathartiques lénifiantes de ce genre d'exercice.

Carine Petit, maire écolo du XIVe, prétend sans ciller que « tout a été fait pour que cela n’arrive pas ». Elle développe : les présumés meurtriers s’étaient déjà fait connaître pour vol avec violence en réunion mais on « a mobilisé tout le monde, on s’est réuni, on a pu mettre des mots sur ce qui se passait, on a trouvé des solutions ». Bah non, visiblement pas. On a l’impression que c’est la CPE d’un lycée qui parle au conseil de classe d’une mauvaise note en maths. Son regret, c’est qu’« un enfant soit mort, et que deux risquent d’aller en prison pour des années… » Dans un relativisme déconcertant, elle mélange allègrement victime et meurtriers, tous sont pour elle des « enfants » victimes de ce drame.

Celui qui a donné le coup de couteau habitait boulevard Brune. La dernière fois que la mairie du XIVe a parlé des logements sociaux de ce boulevard, c’était, en août dernier, pour en vanter la rénovation, visant à créer des logements plus éco-responsables, des lieux de vie plus inclusifs et mieux partagés. Pour l’inclusion et le partage, convenons que c’est réussi.

Quant à Bernard Beignier, recteur de l’académie de Paris, lui pointe du doigt les armes blanches. C’est reparti. Le responsable, c’est le couteau, pas celui qui le manie. Des générations de scouts ont eu un canif sur eux, sauf erreur de ma part, ils n’ont jamais tué personne.

Emmanuel Macron n’a pas, à cette heure, réagi. Il répond aux tiktokeurs mythomanes à tendance islamiste mais reste silencieux sur le meurtre d’un enfant de 14 ans.

Le ministre de l’Éducation Élisabeth Borne, sur son compte X, n'a pas évoqué, non plus, Élias. Qu’en est-il, au fait, de ces dérisoires cours d’empathie envisagés pour juguler la violence à l’école ? Pas sûr qu’ils aient, ici, suffi. Les cours d’éducation sexuelle sont-ils toujours une priorité ?

François Bayrou a parlé d’impunité, Bruno Retailleau d’effondrement d’autorité. Parfait. Mais si le contrat est à la portée de tout le monde, eux seuls peuvent agir. Et donc ?

Il y a quelques jours, invité par Thibault de Montbrial au CRSI, Bruno Retailleau citait la devise du maréchal de Lattre : « Ne pas subir ». Élias n’a pas subi. Il y a laissé sa vie. Que nos gouvernements prennent cet enfant en exemple. Ou sinon, les mères de famille finiront par descendre dans la rue.

Gabrielle Cluzel

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