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Allemagne : la gauche inquiète de la percée de l’AfD et du charisme d’Alice Weidel

La campagne électorale allemande a sans doute atteint son paroxysme le 27 janvier dernier lorsque Friedrich Merz, tête de liste de la CDU, a indiqué qu’il accepterait le soutien de l’Alternative für Deutschland  pour faire passer au Parlement ses mesures anti-immigration. À l’appel des partis de gauche, entre 160 000 et 250 000 personnes – suivant les estimations de la police et des organisateurs – se sont rassemblées à Berlin, dimanche 2 février, pour dénoncer le rapprochement de la droite et de l’« extrême droite » allemandes, à trois semaines des élections législatives anticipées. La foule s’est massée devant le Parlement, en plein cœur de la capitale allemande, avant de défiler jusqu’au siège de l’Union chrétienne-démocrate (CDU). Samedi, plus de 220 000 personnes avaient manifesté dans les grandes villes du pays, comme Hambourg, Leipzig, Cologne ou Stuttgart.

Jusqu’ici les partis du système refusaient toute coopération au niveau national avec l’Alternative für Deutschland, au nom du « cordon sanitaire » ou « pare-feu » dressé contre une formation régulièrement mise en cause par le système pour ses « dérives antidémocratiques ». « Le pare-feu, c’est nous ! », ont scandé les manifestants, avant de se diriger vers le siège du parti conservateur.

Rare membre de la CDU à s’être rebellé contre l’esquisse de rapprochement avec l’AfD, Michel Friedman a pris la parole devant les manifestants pour rappeler « la promesse » inscrite dans la Loi fondamentale allemande : « La dignité de l’être humain est inviolable » « Le parti de la haine est un problème fondamental de ce pays », a lancé l’élu, qui a quitté ces derniers jours la CDU.

Comme en France, l’Établissement est viscéralement pro-immigrationniste, alors que l’opinion publique exprime de plus en plus massivement son rejet de l’immigration.

Le chancelier social-démocrate, Olaf Scholz, a mis en garde contre le risque de voir les conservateurs et l’« extrême droite » s’allier pour gouverner le pays, comme cela a été le cas dans d’autres pays. L’ancienne chancelière CDU Angela Merkel est sortie de sa réserve habituelle, jeudi, pour qualifier la décision de Friedrich Merz d’« erreur ».

L’offensive des conservateurs sur l’immigration fait suite à une récente agression mortelle au couteau commise à Aschaffenbourg  par un Afghan, dernier en date d’une série de violences impliquant des étrangers qui ont suscité une grande émotion dans l’opinion publique.

Les sondages placent l’AfD en tête pour les élections du 23 février. L’AfD, qui ne peut cependant pas espérer de majorité absolue au Bundestag, devrait, s’il entend prendre les rênes du pays, composer avec d’autres partis. Alors que jusqu’à présent, aucune des formations du système ne souhaitait s’allier avec le « diable », dont certaines prises de position ont été jusqu’à décourager son allié RN au sein du groupe Identité et Démocratie, il semble que le cordon sanitaire soit en train de faiblir du côté de la démocratie chrétienne (CDU). L’AfD est de plus en plus populaire en Allemagne : le parti surfe sur l’extrême mécontentement que provoque dans l’opinion publique la politique pro-immigrationniste open bar de tout l’établissement.

La personnalité de la coprésidente de l’AfD, Alice Weidel, désarçonne ses ennemis qui peuvent difficilement la comparer à un Hitler en jupon. « La catégorisation de l’AfD comme étant d’extrême droite est définitivement erronée si l’on considère qu’Alice Weidel, la dirigeante du parti, a une partenaire de même sexe originaire du Sri Lanka », a écrit Elon Musk dans le journal allemand Welt am Sonntag le mois dernier. « Est-ce que cela ressemble à Hitler ? Laissez-moi rire ! » Cerise sur le gâteau : Alice élève deux garçons avec sa compagne en… Suisse.

Il y a la Alice Weidel, qui défend la famille comme une union d’un homme et d’une femme, et celle qui a avoué publiquement son amour pour sa partenaire. « Je ne suis pas à l’AfD malgré mon homosexualité, mais à cause de mon homosexualité », explique-t-elle, arguant que l’AfD est le seul parti à combattre les attaques musulmanes contre les homosexuels.

Dans une récente interview accordée au Neue Zürcher Zeitung (NZZ), Alice Weidel explique avoir développé une haine des institutions et du gouvernement dans sa jeunesse. Sa famille, qui était aisée, croyait en la « primauté de la performance ». Elle considérait donc que le chômage était un choix et que le Bundestag était une « machine à gaspiller de l’argent ».

Anar, Alice ? Elle explique au NZZ que son modèle est Margaret Thatcher…

C’est sans doute à l’AfD que les deux mondes d’Alice Weidel se rejoignent. Ils associent des valeurs conservatrices et libertaires à une brillante carrière dans le monde cosmopolite de la finance. Elle a ainsi travaillé chez Goldman Sachs et au Crédit suisse, a vécu à Singapour, au Japon et en Chine. Mais elle a aussi gardé sa colère contre les institutions gouvernementales, qui dépendent aujourd’hui principalement de l’UE, a-t-elle expliqué à la NZZ.

Alice Weidel a rapidement gravi les échelons du mouvement, alors même que l’AfD se radicalisait, au lieu de parier sur la normalisation engagée par d’autres partis patriotes européens.

Elle s’est fait connaître du grand public lors de ses débuts à la télévision en 2016. Les médias allemands avaient à l’époque été intrigués par cette « homosexuelle, mère, entrepreneuse – et membre de l’AfD ». Elle prend la tête du parti en 2022.

Alice Weidel n’a jamais désavoué les éléments les plus radicaux de son parti, tel Björn Höcke – un ethno-nationaliste, condamné à deux reprises pour avoir utilisé le slogan « Alles für Deutschland » (Tout pour l’Allemagne). Un slogan qui n’aurait rien en soit de peccamineux, à ceci près qu’il a été prouvé qu’il faisait partie de la panoplie nazie. On connaît la susceptibilité des juges allemands sur la question. Et la chef de l’AfD n’a-t-elle pas qualifié Hitler de « gauchiste » aussi bien dans son entretien avec Elon Musk que dans son interview au NZZ ?…

Les Allemands qui biberonnent à l’autoflagellation ont commencé à ouvrir les yeux au sujet de la manipulation dont ils sont victimes depuis l’après-guerre avec la publication en 2004 du livre de Jörg Friedrich, L’incendie. L’Allemagne sous les bombes 1940-1945. Cet ouvrage a éclairé l’opinion publique sur la volonté génocidaire des alliés à l’encontre du peuple allemand. Les crimes de guerre, a minima, que sont les bombardements de Dresde ou de Hambourg n’ont jamais été jugés. « Bomber » Harris et Winston Churchill ont terminé leur vie paisiblement dans leur lit.

Henri Dubost

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