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Comment les guerres se terminent… et pourquoi celle d’Ukraine pourrait s’éterniser

Trump court le risque de suivre la formule ratée de la «paix par la force» des présidents précédents en Ukraine… Il y a dans ce moment quelque chose qui – à toute chose malheur est bon – fait plaisir : c’est la fin momentanée de l’hypocrisie et des bons sentiments sous lesquels nous avons été obligés de siroter par des gens payés pour ça l’ignominie impérialiste… Encore qu’il y a des gens qui n’y renonceront jamais et qui refuseront la tête sur le billot de voir qui finance les colloques, les revues dans lesquels ils étalent leur suffisance, les festivals et les palmarès suivis de visites sur le terrain des exploits des guerriers par procuration de l’empire. Les soutiens jusqu’au bout de la mitterrandie faisandée et les fausses indignations vertueuses autour des «genres» dont on découvre un peu tard que l’héroïne est une fasciste que Franco n’aurait pas reniée. Mais la France entière grâce aux ronds de jambes et hystéries clientélistes refuse de voir qui paye pour l’escalade de la guerre… Ils croient que les espions du KGB passés à la démocratie, les Robert Ménard, les secteurs internationaux des partis de fauche, les journalistes véreux y compris de l’Huma, sont comme les petits oiseaux de saint François d’Assise, ils vivent de la pitance que dieu leur offre chaque matin et pas de ce que la CIA leur assure y compris à travers les «fondations» allemandes.

Danielle Bleitrach

par Uwe Parpart

Steve Bannon, qui ne fait plus partie du cercle intime de Donald Trump, mais qui n’en est pas moins avisé politiquement, a récemment fait remarquer : «Si nous ne faisons pas attention, elle [l’Ukraine] deviendra le Vietnam de Trump. C’est ce qui est arrivé à Richard Nixon. Il a fini par s’approprier la guerre et c’est devenu comme sa guerre, pas celle de Lyndon Johnson».

Bannon a réagi à la mission du président Trump à son envoyé spécial pour la Russie et l’Ukraine, le lieutenant-général à la retraite Keith Kellogg, de mettre fin à la guerre en Ukraine en 100 jours… 99 jours plus tard que le candidat Trump ne s’était vanté. Pour Bannon, il s’agit d’un retard inquiétant qui ne fera qu’augmenter le risque que les États-Unis soient entraînés plus profondément dans une guerre qu’il croit ingagnable et qui n’est pas dans l’intérêt national de l’Amérique.

Je suis d’accord. L’incapacité à agir rapidement sur un cessez-le-feu et l’incapacité à rompre avec le candidat néoconservateur de la stratégie Ukraine/Russie promis par Trump remet en jeu les vieux fantasmes éculés de paix par la force et les sanctions magiques («rouble en miettes») de l’administration Biden ; stratégies qui ont échoué pour Johnson au Vietnam avec la résolution du golfe du Tonkin, pour George W. Bush avec l’augmentation des forces américaines en Irak en janvier 2007 et pour Barack Obama avec l’augmentation en Afghanistan en 2010.

Le slogan à la mode du Pentagone est «escalader pour désamorcer». Le problème, c’est que la désescalade n’arrive jamais. Vous ne pouvez pas affiner la guerre. Vous ne pouvez pas la «jouer» comme le pensait le théoricien des jeux militaires Herman Kahn, et le secrétaire à la Défense de l’époque de la guerre du Vietnam, Robert McNamara, l’a découvert à ses dépens. Le monstre vous submergera.

Comment les guerres se terminent-elles ? En particulier, comment cette guerre va-t-elle se terminer ? Le général et théoricien militaire prussien Carl von Clausewitz considère la guerre comme un instrument de politique et identifie principalement trois façons de la terminer :

1. L’une ou les deux parties abandonnent leurs objectifs politiques.

Dans le cas de la guerre en Ukraine, le président Trump aurait bien pu atteindre l’objectif du candidat Trump de faire taire les armes en un jour s’il avait déclaré clairement et de manière crédible à Vladimir Poutine et au monde que les États-Unis et leurs partenaires de l’OTAN abandonnent l’expansion de l’OTAN vers l’est et ne feront jamais de l’Ukraine un membre de l’OTAN.

2. L’une ou les deux parties atteignent le point culminant de leur capacité à mener des attaques réussies et une impasse s’ensuit, conduisant à des négociations de cessez-le-feu.

3. Une partie perd la volonté ou la capacité de se battre à la suite de l’effondrement du moral public et/ou militaire.

La guerre de Corée est un cas où une guerre s’est terminée selon le deuxième scénario. Tout a commencé le 25 juin 1950, lorsque les troupes nord-coréennes ont franchi le 38e parallèle, là où la Corée avait été divisée après la Seconde Guerre mondiale. Dès mars 1951, après des déplacements massifs des lignes de front dans l’intervalle, une impasse s’était développée au 38e parallèle où tout avait commencé.

Les deux parties avaient atteint des points culminants à la condition qu’aucune arme nucléaire ne soit utilisée. Les pourparlers d’armistice ont commencé en juillet 1951, mais il a fallu encore deux ans et des combats intermittents avant qu’un armistice ne soit conclu le 27 juillet 1953.

Le nouveau président américain (Dwight Eisenhower a pris ses fonctions en janvier 1953) et le nouveau dirigeant soviétique (Joseph Staline est mort en mars 1953) n’avaient aucun intérêt à sortir de l’impasse. L’armistice a tenu – mais jusqu’à aujourd’hui, aucun traité de paix entre les deux Corées et les autres parties belligérantes n’a été signé.

Certains ont suggéré que l’issue coréenne est un modèle pour la guerre en Ukraine. Je ne suis pas d’accord. Contrairement à ce que certaines voix de l’OTAN voudraient nous faire croire, il n’y a pas d’impasse ni de point culminant du côté russe. Un armistice au cœur du continent européen n’aura de valeur durable que si les questions politiques fondamentales qui ont conduit à la guerre en premier lieu ont été réglées.

C’est le troisième scénario de Clausewitz qui s’applique à l’Ukraine. Le précédent historique, en gros, est la fin de la Première Guerre mondiale.

Après près de quatre ans de guerre d’usure avec peu de mouvement sur les lignes de front après les premiers gains territoriaux allemands en 1914, le haut commandement allemand sous Hindenburg et Ludendorff lança une série d’offensives massives sur le front occidental (21 mars – 18 juillet 1918) visant à briser les lignes alliées (françaises, britanniques) avant l’arrivée d’importants renforts américains.

Les troupes qui n’étaient plus nécessaires sur le front de l’Est après le traité de Brest-Litovsk, qui a sorti la Russie de la guerre, ont été déployées dans les offensives occidentales et des percées ont été réalisées. Mais à 70 kilomètres de Paris, les assauts cessent. La capacité des forces allemandes avait atteint son apogée.

Une contre-offensive alliée commença en août 1918 («offensive des Cent-Jours»), renforcée par plus d’un million de soldats américains, qui repoussa les forces allemandes. Les deux camps avaient subi plus de 500 000 pertes.

Mais les réserves de main-d’œuvre allemande étaient maintenant épuisées. En septembre, Ludendorff dit au Kaiser qu’un armistice devait être recherché. Le nouveau chancelier, le prince Max von Baden (3 octobre 1918), écrivit au président américain Woodrow Wilson le 4 octobre pour demander des conditions d’armistice basées sur ses quatorze points.

À la fin d’octobre ou au début de novembre, la quête de Baden pour les conditions de l’armistice s’était de facto transformée en recherche de conditions de reddition. Avec la mutinerie des marins de la flotte de haute mer à Kiel le 29 octobre, à laquelle se sont jointes des révoltes de soldats et des fraternisations avec les révolutionnaires socialistes et communistes dans la plupart des grandes villes allemandes, y compris la capitale Berlin, le front intérieur s’était effondré et il était hors de question de poursuivre la lutte sur le front occidental.

Il ne restait plus qu’à tracer la ligne d’armistice et à établir les dispositions militaires jusqu’à ce qu’un règlement de paix final puisse être conclu. Le 9 novembre, l’empereur Guillaume II abdique et s’enfuit en Hollande. Baden démissionne et confie la chancellerie au leader parlementaire socialiste Friedrich Ebert. L’Empire n’était plus.

Lors des pourparlers d’armistice dans un wagon de chemin de fer dans la forêt de Compiègne, les conditions les plus dures étaient maintenant imposées par la délégation alliée dirigée par le commandant suprême, le maréchal Foch : les forces allemandes devaient se retirer de tous les territoires occupés (et de l’Alsace-Lorraine) derrière le Rhin, la Rhénanie serait sous occupation militaire alliée et les forces allemandes devaient être désarmées.

Selon les termes de Clausewitz, la perte de la volonté de combattre avait soumis l’Allemagne entièrement à la volonté du vainqueur. À 11 heures du matin le 11 novembre, l’armistice entre en vigueur et les canons se tuent.

Le traité de Versailles (1919) imposa les conditions les plus dures à l’Allemagne. C’était la mauvaise façon de faire la paix. En l’espace de 20 ans, une autre guerre mondiale a éclaté entre les mêmes partis, avec des massacres à une échelle plus grande d’un ordre de grandeur.

La fin de la Première Guerre mondiale présente de fortes similitudes et des leçons pour la situation en Ukraine et la fin potentielle de la guerre dans ce pays. Le point culminant des forces ukrainiennes a été atteint à peu près à mi-chemin de leur tentative de contre-offensive estivale de juin à novembre 2023.

Les forces russes dans les sections sud (Zaporozhe) et centrale (Donetsk) de la ligne de front avaient créé de vastes infrastructures défensives, notamment des fossés, des tranchées, des positions d’artillerie et des mines terrestres. La progression ukrainienne a été douloureusement lente et a été marquée par le nombre de victimes et de pertes de matériel. Et la Russie, à tout moment, a maintenu sa supériorité aérienne. À la mi-septembre, les progrès avaient ralenti à la vitesse d’un escargot. À la mi-novembre, les opérations offensives s’essoufflent.

Depuis décembre 2023/début janvier 2024, les forces ukrainiennes, ayant perdu certaines de leurs meilleures unités, sont sur la défensive. Pendant ce temps, la guerre d’usure méthodique menée par les forces russes fait payer un lourd tribut aux hommes et aux machines. À la manière d’un rouleau compresseur lourd, les brigades russes au complet avancent contre les brigades ukrainiennes en sous-effectif.

Il y a un nombre croissant d’incidents d’effondrement du moral au combat au sein de la compagnie et jusqu’au niveau de la brigade. Les désertions du côté ukrainien sont élevées (100 000 depuis 2022), et les nouvelles recrues sont de plus en plus difficiles à trouver, car des millions d’hommes ukrainiens en âge de servir dans l’armée ont fui vers l’ouest, vers la Pologne et d’autres pays d’Europe de l’Est, mais principalement vers l’Allemagne.

Bien que les «rapports» ukrainiens fassent état de pertes russes beaucoup plus élevées que celles ukrainiennes, ces rapports sont très certainement faux. Les Russes ne mènent pas d’opérations risquées très mobiles, mais s’appuient fortement sur l’artillerie massive et les bombardements aériens, puis mènent des attaques d’infanterie en unités relativement petites.

Bien sûr, ils ont des victimes, mais il est exagéré de supposer qu’ils sont plus importants que les Ukrainiens. En fin de compte, les réserves de main-d’œuvre russe dépassent celles de l’Ukraine dans une proportion de 4 pour 1.

Ce tableau ne correspond pas encore à l’effondrement de la capacité et de la volonté des forces allemandes de se battre en octobre/novembre 1918. Mais il se dirige dans cette direction et toute percée russe significative pourrait rapidement se traduire par une déroute.

Dans ces circonstances, une condition préalable pour que Trump soit le pacificateur est la nécessité pour lui d’assurer à Poutine que l’Ukraine ne se verra jamais offrir l’adhésion à l’OTAN. C’est la principale motivation pour Poutine de venir à la table des négociations. La menace de coercition par le biais de sanctions supplémentaires, comme l’a évoqué Trump, est un raté et n’a même pas été commentée par la partie russe.

Les négociations sérieuses portent sur la ligne d’armistice et les conditions. Il est faux de supposer que – comme dans le cas de l’impasse coréenne – la ligne de contact de combat est la bonne. Poutine peut atteindre ses objectifs politiques en continuant à s’efforcer. Trump et l’OTAN ne le peuvent pas.

Très probablement – et du point de vue d’une analyse clausewitzienne lorsque la défaite militaire est proche – l’Ukraine devra céder le contrôle de l’ensemble des régions administratives de Donetsk et de Louhansk et des parties actuellement contrôlées par la Russie des oblasts de Kherson et de Zaporozhe et se retirer du saillant de Koursk en Russie.

Sur la base d’un tel armistice, un accord de paix ultérieur qui peut durer devra être intégré dans une nouvelle structure de sécurité européenne plus large, du type de celle qui semblait possible à l’époque immédiatement après l’effondrement de l’Union soviétique, mais qui n’a pas été exécutée et a plutôt cédé la place à une expansion implacable de l’OTAN vers l’Est, la principale cause du désastre de la guerre en Ukraine.

source : Asia Times via Histoire et Société

https://reseauinternational.net/comment-les-guerres-se-terminent-et-pourquoi-celle-dukraine-pourrait-seterniser/

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