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Les Français ne vivent plus dans un état souverain

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164 vies ruinées par un grand groupe américain, qui ferme l’usine et licencie. [i] Scène devenue commune sur notre territoire - Vies ruinées signifie : devoir déménager la famille entière pour trouver un emploi ailleurs, vendre la maison toujours sous crédit et y perdre, déscolariser les enfants et les mettre dans une autre école ; c’est aussi s’éloigner de son cercle de connaissances, ses repères, ses amis. Quant aux plus anciens ? L’avenir est sombre, car non diplômés, ne connaissant professionnellement que la fabrication du verre. Ils passeront de « stages » de formation en stages de comment rédiger un CV, en attendant une retraite au rabais. Il ne faut pas oublier les postes indirects : Plus de 400 emplois en sous-traitance sont concernés, ce qui porte le total à plus d’un demi-millier, perdus, sur une population de 9 000 habitants. Tout ce chambardement dû à la décision d’un homme de main envoyé d’Amérique, payé certainement grassement pour faire le grand ménage.

La bouteille de Perrier. Vertes, rondouillardes, faisant véritablement partie du patrimoine. A Vergèze, là où jaillit la célèbre source Perrier, à une centaine de mètres seulement de cette eau mondialement connue se dresse la verrerie du Languedoc, où, depuis plus d’un demi-siècle, est soufflée la mythique bouteille verte. Depuis 2011, cette usine appartient au groupe mondial du verre Owens-Illinois, [ii] qui possède également neuf autres plans en France. En avril dernier, le couperet est tombé pour tous les salariés : le géant a annoncé la fermeture du site. Point-final. Les grilles se sont fermées pour toujours début octobre 2025.

Brutalité face à des employés isolés. Pour comprendre : le verrier américain n’a pas hésité à clore le site alors que la négociation du PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi), prévu jusqu’au 31 octobre, n’a toujours pas abouti. Apparemment ces cow boys venus d’Owens n’apprécient guère le sens de la contestation made in France. Manifs, sitting, palettes brûlées, blocage des livraisons. C’est comme cela que fin septembre, pendant une semaine, les syndicats ont multiplié les actions pour défendre leur gagne-pain. Des négociations d’un PSE dont la proposition patronale des indemnités est jugée inacceptable. Suite à une réunion avec les représentants le 9 octobre, la direction a tout bonnement fermé l’usine - Officiellement, pour des raisons de sécurité. Un argument non justifié pour l’intersyndicale, car les négociations du PSE ne sont pas terminées. L’accord de méthode prévoyant encore deux réunions d’ici le 31 octobre. Pour Zouber Amara,[iii] délégué FO c’est une situation choquante, par respect des salariés et du droit français, Owens-Illinois ayant l’obligation de tenir le calendrier. Du côté des autorités françaises, les services du ministère du Travail « devaient » envoyer un courrier appelant le groupe américain à respecter les délais de négociations prévus… D’où le titre du billet, « Le français ne vit plus dans un état souverain », puisque la loi est bafouée, et que l’employeur n’a cure du respect des règles, se comportant plus comme s’il traitait les employés français comme des cols bleus américains habitués à filer doux.

France état de non droit. D’abord depuis l’accession au pouvoir de Macron, plus de 1600 entreprises importantes ont changé de mains, souvent en tombant dans celles d’Oncle Sam. Les PME comme cette verrerie font partie d’un lot en milliers achetés par des firmes étrangères. Le tissu économique de la France profonde s’étiole d’année en année tant et si bien que lorsque l’on traverse le pays, l’impression d’être sur une terre désertée est prégnante. Il n’y a pas si longtemps, ces gens d’Owens-Illinois auraient réfléchi avant de se comporter comme ils l’ont fait ; mais ils savent que la France actuelle est devenue une auberge espagnole où celui qui pèse le plus en dollars interprète la loi, la tourne à son avantage, tout en sachant que ce ne seront pas les autorités supposées faire appliquer les règles qui interviendront… Au pire elles « devraient », elles enverront peut-être un avertissement, une tite tape sur la main, pas trop menaçantes hein, car, on ne veut surtout pas se mettre à dos ceux qui nous marchent dessus. Il est vrai qu’on inspire le respect que lorsqu’on est respectable. Vu ce qui se passe depuis huit longues années, se retrouver en but avec une société américaine sans foi ni loi ; d’ailleurs, il suffit de regarder comment chez eux les travailleurs sont traités pour comprendre qu’ils se contrefichent des règles et de la vie des ouvriers. Seul et seulement le billet vert parle et dicte sa loi. Pour ces envahisseurs (et autres, chinois, russes, arabes), la France est devenue un pays de cocagne où il suffit de se baisser et de se servir, quant aux lois… Prendre les subventions, raboter les avantages sociaux, vider l’entreprise de ses assets, de ses actifs, de son outil de travail, comme les machines démontées à la sauvette et enfin mettre tout le monde à la porte en indemnisant le moins possible… Puis, recommencer plus loin. Ce capitalisme de gangsters ruine la vie des gens modestes, de leur famille, de leur communauté dont nos gouvernants se désintéressent, où alors, ils envoient de Paris un lampiste pour essuyer les plâtres, sachant que le pauvre bougre n’est là que pour débiter la doxa et éventuellement être pris en otage dans l’atelier et recevoir quelques gifles. Pourtant, le code du travail, le code pénal sont là avec des myriades de lois de protection du citoyen… Il est vrai que bien souvent ces lois sont votées par des « représentants du peuple » qui ont tout intérêt à pencher du côté de ceux qui tiennent les manettes.

Le fric c’est le fric ! Cette usine a dégagé 7% de bénéfices en 2024. Selon ce qui est dit dans la vidéo jointe, le site de Vergèze fermerait parce ce que il y aurait un problème lié à la production de bouteilles de vin ??? dont ce site ne s'occupe pas... Et comme on n'est pas à une aberration près dans tout ce micmac ; la production bouteillère sera décentralisée vers un autre site du groupe à l’autre bout de la France, dans les Vosges. Alors, qu'il n’y a que 100 mètres pour faire voyager les bouteilles pour embouteillage à la source Perrier. Il faudra faire rouler 6 000 camions par an qui traverseront le pays sur 600 kms pour mettre l’eau en bouteille. Un technicien nous explique : « chaque bouteille c’est 80gr de co2, alors que lorsqu’elles arriveront des Vosges ce sera 140gr… Calculez ? Nous fabriquons des millions de bouteilles chaque année  ». Question ? On en est où question empreinte carbone et préservation écologique ? Bien sûr, le ministère de l’écologie joue la fille de l’air, pendant que le bilan carbone explosera.

Comme beaucoup d’autres sociétés américaines établies sur le territoire, bien qu’ayant bénéficiée du CICE avec 15 millions d’euros, ayant fait un chiffre d’affaire de 800 millions,[i] Encore une fois, une entreprise qui n’est pas en difficulté économique va avoir le droit de licencier. Elle ne connait pas de difficultés économiques. Simplement, elle s’est engagée à délivrer 24% d'EBITDA (excédent brut d'exploitation) à ses actionnaires. Et comme elle n’en a fait que 18%,[ii] donc des mesures de rétorsion sont prises sur l'emploi, s'insurge Philippe Thibaudet, secrétaire général de la Fédération CGT Verre & Céramique. Owens-Illinois a claqué la porte au nez de son personnel, sans se retourner, en marchant sur les règles, le respect humain, sur l’écologie et continuera sa prédation vers toujours plus de profits afin de goinfrer ses actionnaires. Qui par ricochet, voteront pour que les têtes dirigeantes du groupe en fin d’année touchent des bonus, que l’ouvrier de base ne peut concevoir tellement le montant est indécent.

Après cette « opération », chacun repartira de son côté : les « executives  » dans leur jet, la piétaille vers de nouvelles galères, les fonctionnaires eux gratteront la paperasse, les politiques eux, pondront des notes et s’offusqueront à la TV ; quant à la petite bouteille ronde ? Elle se promènera, sans savoir qu’elle pollue la planète…

Deux options restent : Les barricades ou s'écraser à plat, il n'y a guère d'autre choix en cette société du fric.

Georges ZETER/novembre 2025

Vidéo : "C’EST UN MONDE QUI S’EFFONDRE" : UNE MULTINATIONALE AMÉRICAINE BRISE 164 VIES EN France.

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-francais-ne-vivent-plus-dans-264236

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