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Encyclique aux Français : le testament politique de Bernanos

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Par Axel Tisserand

Ce texte de Bernanos, trop méconnu, est le dernier du polémiste et romancier : écrit sur son lit d’agonie, la mort en interrompit la rédaction. Bernanos n’a toutefois rien perdu de sa verve : Mauriac n’a fait que remplacer Maurras dans une détestation tous azimuts de ce que représente le personnage.

Le titre, une fois surpassé l’étonnement, dit tout. Comment en effet Bernanos peut-il se permettre d’écrire et d’envoyer une encyclique ? L’exercice n’est-il pas réservé aux évêques et, surtout, au premier d’entre eux, celui de Rome ? N’appartient-il pas au pape d’envoyer des « circulaires » – sens du grec « encyclique » ? C’est que ce dernier texte boucle, justement, tout le combat du royaliste Bernanos depuis sa jeunesse : le refus radical du ralliement à la (IIIe) République, imposé par le pape Léon XIII dans son encyclique Au milieu des sollicitudes du 16 février 1892, confirmée par l’encyclique Notre consolation du 3 mai suivant – textes que l’éditeur a eu la judicieuse idée de livrer aux lecteurs en annexes.

Or, ces deux textes sont, pour Bernanos, non seulement à l’origine de la déchristianisation de la France, principalement de sa bourgeoisie, mais aussi l’acte de naissance d’une démocratie chrétienne envers laquelle il n’a jamais caché son mépris haineux. C’est pourquoi dans le texte Mauriac, considéré par Bernanos comme la statue du Commandeur de la démocratie chrétienne, remplace Maurras devenu, depuis Les Grands Cimetières, la statue du Commandeur du conservatisme bourgeois – le doctrinaire de ce fameux « réalisme » qui serait la doctrine de la démission nationale, alors que, quelques années auparavant, Bernanos, avec lucidité, avait vu dans la condamnation de l’Action française un Ralliement bis. Et Bernanos se montre d’autant plus méchant envers Mauriac qu’en rejoignant, lors de l’affaire espagnole, le camp républicain, comme ce dernier, tout en accablant d’injures son camp historique – l’Action française – qui prit le parti du camp national, il sembla avoir sinon rejoint, du moins accepté pour alliée cette démocratie chrétienne qu’il n’a pourtant jamais cessé de vitupérer. Aussi tient-il avant de mourir à remettre les pendules à l’heure.

Mais ce texte est aussi un plaidoyer pro domo : après avoir fait de la bourgeoisie un mythe répulsif, il tient à montrer que la chose est plus complexe et à rendre hommage à cette partie de la bourgeoisie restée chrétienne en dépit d’un XIXe siècle impitoyable aux pauvres, celle à laquelle appartenait son père, par ailleurs lecteur de Drumont. Par cette encyclique, Bernanos, à la veille de sa mort, remplit aussi un devoir filial.

https://www.actionfrancaise.net/2025/02/10/encyclique-aux-francais-le-testament-politique-de-bernanos/

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