Négociations de paix ? Oui, mais les revendications russes en Ukraine ne sont pas négociables…
Certes, les Russes sont prêts à négocier en Ukraine, mais à leurs conditions : pas touche aux territoires libérés, pas d’adhésion à l’Otan pour Kiev, et limogeage de Zelensky sont présentes sur la table, a minima. A maxima, il pourrait y avoir – il y aura à terme – l’annexion de la totalité des territoires russophones revendiqués par Moscou : voir la carte ci-dessus.
Le Kremlin est dans son bon droit : son armée avance sur le terrain face à des troupes kiéviennes inférieures en nombre et en matériel, et surtout profondément démotivés par trois années d’un carnage sans nom et sans espoir. Trump l’a parfaitement compris, qui est prêt à céder à Poutine sur tout, et à refiler le bébé aux Européens. Ce qui intéresse Trump, c’est le bras de fer engagé depuis le début du XXIe siècle avec la Chine, un ennemi autrement plus coriace que la Russie.
Des Européens qui avancent en ordre dispersé. « Nous sommes prêts et disposés à contribuer aux garanties de sécurité pour l’Ukraine en envoyant nos propres troupes sur le terrain si nécessaire« , a écrit ce dimanche le Premier ministre travailliste Keir Starmer dans le Daily Telegraph. Une position suivie ce lundi par la Suède, devenue membre de l’Otan il y a tout juste un an, qui « n’exclut pas » l’envoi de troupes au sol en Ukraine.
L’Allemagne et la Pologne estiment quant à elles l’affaire trop risquée. La porte-parole du gouvernement allemand a ainsi jugé « prématurées » des discussions sur le sujet : « Nous nous sommes exprimés à plusieurs reprises sur le fait que nous devions d’abord attendre de voir si et comment la paix, comme nous l’espérons, s’instaure en Ukraine« .
Soutien à la fois de Moscou et de Donald Trump, la Hongrie de Viktor Orban a, sans surprise, fustigé les dirigeants européens qui se sont rencontrés ce lundi à Paris. « Des dirigeants européens frustrés, pro-guerre et anti-Trump se réunissent pour empêcher un accord de paix en Ukraine », a estimé le ministre des Affaires étrangères hongrois, Peter Szijjarto.
Si l’on ajoute à cela que les Européens sont globalement très à la traîne par rapport aux Etats-Unis en matière d’aide – militaire, financière, humanitaire – à Kiev, on peut trouver parfaitement légitime la position du nouveau locataire de la Maison-Blanche qui leur a signifié qu’ils n’étaient pas les bienvenus pour négocier avec Moscou. La paix en Europe est une chose trop sérieuse pour que les Européens s’en mêlent.
C’est dans ce contexte que l’idée d’envoyer des troupes européennes fait son retour au premier plan. Au premier plan, mais comme on l’a vu, dans le flou artistique le plus complet. Le président français avait été le premier à suggérer cette option en février 2024. Une sortie polémique qui avait déjà permis de constater les divergences parmi les partenaires européens, profondément divisés sur la question.
L’envoi de troupes répondrait cette fois à une situation nouvelle. Si la proposition de départ d’Emmanuel Macron visait à stopper l’offensive russe, il s’agit aujourd’hui de se poser en garants de la sécurité de l’Ukraine et de l’Europe. L’accord russo-américain, dont ont perlé quelques détails, exclut en effet une adhésion de Kiev à l’Otan, et écarte l’idée d’envoyer des troupes américaines. Un cessez-le-feu serait alors difficile à contrôler sur le terrain.
Une question que personne n’ose poser, sauf à Riposte Laïque, est celle de la résilience du troufion européen moyen, biberonné aux droits de l’homme et au Coca-Cola, face à des Popov aguerris par trois années d’un rude combat. Quand on voit la manière dont les troupes nord-coréennes envoyées en renfort dans l’oblast de Koursk aux côtés des Russes ont salement morflé, on est en droit de se demander ce que vaudront les bidasses made in France sur un terrain autrement plus exigeant qu’une vulgaire opex. Et ne parlons pas du fait que l’armée française n’aura royalement que trois jours de munitions à offrir à ses soldats. Après, c’est la baïonnette, le gourdin ou le lance-pierres. Présider chaque semaine dans la cour des Invalides une cérémonie d’hommage pour 50 ou 100 soldats morts au combat en Ukraine, Macron et son Premier ministre s’en lasseront vite. Et les Français encore plus.
Henri Dubost