Les élections législatives allemandes du 23 février 2025 ont marqué un tournant politique majeur avec la progression fulgurante du parti Alternative für Deutschland (AfD). En se classant deuxième force politique derrière les conservateurs de la CDU et en dépassant pour la première fois le SPD, l’AfD s’installe durablement dans le paysage politique allemand. Ce succès ne se limite plus aux anciens Länder de l’Est : le parti élargit son électorat tant sur le plan géographique que socio-économique. Un phénomène qui divise encore plus profondément l’Allemagne en trois blocs électoraux bien distincts.
Une percée électorale spectaculaire
Ils sont plus de 10 millions d’Allemands, sur un total de 59 millions de votants, à avoir choisi l’AfD, lui permettant de doubler son score par rapport à 2021. Longtemps cantonné aux Länder de l’Est, le parti nationaliste a réussi à conquérir de nouveaux bastions, notamment dans certaines circonscriptions de l’Ouest, témoignant d’un enracinement qui dépasse désormais le clivage historique entre les deux Allemagne.
Lors du scrutin, les candidats de l’AfD sont arrivés en tête dans une majorité de circonscriptions de l’ex-RDA, à l’exception notable de Berlin, qui reste un bastion de gauche. Plus impressionnant encore, l’AfD s’impose comme la deuxième force dans de nombreuses circonscriptions de Bavière, devancé uniquement par la CSU, parti traditionnellement ancré à droite.
Un pays politiquement divisé en trois blocs
Le résultat de ces élections confirme une tendance lourde : l’Allemagne est désormais fracturée en trois blocs distincts.
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L’Est sous domination AfD
Dans des régions comme la Saxe, la Thuringe ou le Brandebourg, l’AfD dépasse souvent les 40 % des suffrages et devient majoritaire dans plusieurs circonscriptions, notamment à Görlitz, où il obtient un score record de 46,7 %. Cette vague électorale confirme que l’extrême droite n’est plus un simple vote protestataire, mais un véritable choix politique structurant.
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L’Ouest vacille
Si l’AfD reste plus faible en Allemagne de l’Ouest, il y réalise tout de même une percée inédite. Il s’impose pour la première fois en tête dans des circonscriptions de Kaiserslautern et Gelsenkirchen, et double son score global dans les Länder occidentaux par rapport à 2021. La Bavière, région historiquement conservatrice, est devenue un terrain de conquête prioritaire, où l’AfD talonne la CSU.
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Les grandes métropoles en bastion gauchiste
À Cologne, dans la deuxième circonscription, l’AfD réalise son pire score national avec seulement 6,3 % des voix. Berlin, Hambourg, Francfort ou encore Munich demeurent des forteresses progressistes où l’extrême droite peine à percer.
La carte établie par l’excellent média Le Grand Continent parle d’elle même
Un électorat jeune et rural en quête d’alternative
Contrairement aux idées reçues, le vote AfD ne repose plus uniquement sur les générations âgées ou nostalgiques de la RDA. En 2025, le parti devient la première force politique chez les 30-44 ans, c’est à dire chez les forces vives qui travaillent, un phénomène inédit en Allemagne. La jeunesse rurale, autrefois acquise aux partis traditionnels, se tourne massivement vers l’AfD.
Dans les campagnes de Saxe et de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, le parti gagne plus de 20 points en cinq ans. Ce basculement témoigne d’un rejet croissant des élites urbaines et des politiques migratoires menées par Berlin. L’AfD séduit notamment une classe moyenne précarisée, lassée des dogmes écologistes et progressistes, et inquiète face à une immigration incontrôlée.
L’AfD fait aussi quasiment jeu égal avec Die Linke, le parti favori des 18-30 ans (21% et 24%) alors qu’en 2021, il était relégué à la cinquième place derrière le SPD, la CDU, les Vert et même les libéraux du FDP.
Le triomphe d’un discours souverainiste et identitaire
La montée de l’AfD s’explique par sa rhétorique nationaliste, identitaire et eurosceptique, qui trouve de plus en plus d’écho dans la population allemande. La crise énergétique, l’inflation et l’immigration massive sont des thèmes majeurs sur lesquels le parti s’appuie pour séduire un électorat toujours plus large.
Malgré la diabolisation médiatique et les tentatives de cordon sanitaire des autres partis, l’AfD est devenu incontournable. Sa progression soulève une question majeure : les conservateurs de la CDU finiront-ils par s’allier avec l’AfD dans certaines régions pour gouverner ? Ce scénario, autrefois impensable, devient de plus en plus plausible dans l’Est du pays.
L’AfD majoritaire chez les homosexuels et chez les Athées
Les cartes et résultats ci-dessous montrent une profonde division de l’Allemagne, mais des explications notamment religieuses, semblent pouvoir se calquer sur les résultats des votes. Lisez le Thread ci-dessous.
Par ailleurs, Jared Taylor a repéré ces intentions de vote chez des Homosexuels utilisateurs d’une application qui leur est dédiée, intentions très largement portées sur l’AfD. Ce qui fait dire au patron de American Renaissance : « Si seuls les non-hétérosexuels avaient voté en Allemagne, l’AfD aurait été le premier parti, avec 28 pour cent des voix au lieu des 21 pour cent qu’il a obtenus en réalité. Si seuls les jeunes non-hétérosexuels (de 18 à 39 ans) avaient voté, l’AfD aurait obtenu un score écrasant de 33 pour cent. Je suppose qu’elles ne veulent pas être décapitées ou jetées du haut d’immeubles. Et c’est peut-être pour cela qu’une lesbienne est à la tête du parti » en faisant référence à la sexualité de la présidente de l’AfD.
Ces élections confirment l’effondrement des partis traditionnels et l’émergence d’une nouvelle carte électorale allemande. Si l’AfD reste isolé au niveau national, il pourrait bien prendre le pouvoir régionalement dans les prochaines années, notamment en Saxe et en Thuringe.
Face à ce séisme électoral, le gouvernement en place devra choisir : persister dans l’isolement de l’AfD ou prendre en compte les préoccupations croissantes de son électorat. Une chose est sûre : l’Allemagne de 2025 n’est plus celle de Merkel, et la fracture entre les Allemands ne cesse de s’agrandir.