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Retailleau, Pécresse et Némésis : Paris vaut bien une reculade…

@Aymeric Guillonneau-Wikimedia commons
@Aymeric Guillonneau-Wikimedia commons
Il y a deux mois, le ministre de l’Intérieur intervenait à l’occasion des dix ans du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure (CRSI), laboratoire d’idées fondé par l’avocat Thibault de Montbrial. Bruno Retailleau y parlait menace terroriste, politique migratoire, narcotrafic. À la fin de son intervention, lors de la séance des questions, interrogé par une jeune fille sur la dissolution du mouvement antifa La Jeune Garde, le ministre félicitait celle qui l’interpellait : « Némésis. Bravo pour votre combat ! Vous savez que j’en suis très proche. »

La jeune fille n’était autre qu’Alice Cordier, la responsable et fondatrice du mouvement féministe de droite Némésis. On pouvait s’étonner de cette parole publique courageuse apportant son soutien à une association politiquement très identifiée. Sa dénonciation très ferme de toute compromission autour de l’immigration et de la montée de l’islamisme en Europe classe ses accointances partisanes très à droite.

La surprise fut de courte durée puisque, trois jours plus tard, interrogé par Sonia Mabrouk, Bruno Retailleau fit marche arrière et sembla tout d’un coup découvrir le mouvement Némésis. Par une pirouette de langage dont les hommes politiques chevronnés ont le secret, il prit ses distances : « Némésis ne m’a rien dit, sur le moment, j’ai vu après que c’était une association très radicale qui avait très brutalement d’ailleurs, par exemple, attaqué Valérie Pécresse, et je ne me sens pas du tout proche de cette association. »

Les ennemis de mes amis sont mes ennemis

En politique, rien n’est affaire de hasard. Interpellé par ce rétropédalage, BV soulignait les contradictions d’un ministre de l’Intérieur qui cède un bout de terrain à la gauche. Pourrait-on ajouter, aujourd’hui, qui conditionne ses soutiens à ses calculs électoraux ? N’oublions pas que Bruno Retailleau est en pleine campagne pour la présidence du parti LR. Dans une bataille qui fait rage avec Laurent Wauquiez, chaque soutien est primordial. Celui de la présidente de la région Île-de-France, la plus grosse fédération LR, est attendu. Or, comme l’a souligné Bruno Retailleau sur CNews, Némésis a le tort de « s’attaquer » à Valérie Pécresse, dont le collectif dénonce la duplicité et le « clientélisme islamiste » en rangeant la présidente de région du côté des « islamo-droitardes ».

Alors, tant pis si ces accusations se basent sur des faits indiscutables. Tant pis si Valérie Pécresse défend le port du voile à l’université. Tant pis si elle a tout renié du combat de la Manif pour tous. Tant pis si, depuis qu’elle dirige la région Île-de-France, le wokisme et le lobby LGBT sont à la fête.

Valérie Pécresse, un soutien de poids

Le ministre de l’Intérieur ne peut être complaisant avec une association qui vilipende un soutien de poids. Les ennemis de mes amis sont mes ennemis. Alors, il se désolidarise.

Prudence gagnante. Dimanche 16 mars, dans un entretien accordé au Figaro, Valérie Pécresse a apporté son soutien à Bruno Retailleau, envers lequel elle dit avoir « une dette d’honneur », mentionnant la loyauté « sans faille » dont il fit preuve en 2022. On se souvient, effectivement, du long chemin de croix que fut la dernière campagne présidentielle de l’ancienne candidate des Républicains. « Il est l’homme de la situation pour relever la droite, parce que les Français recherchent de la force, de la sincérité et des résultats », s’enthousiasme l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy.

Sur BFM, lundi matin, Valérie Pécresse parlait avec une émotion sincère de Bruno Retailleau, « l’homme qui lui a tendu la main » et « qui met ses convictions avant ses ambitions ». Jusqu’à un certain point. Paris vaut bien une messe...

Yves-Marie Sévillia
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