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Christian Bouchet : « La question musulmane n’est que secondaire par rapport à l’immigration dont elle est une des conséquences » [Interview]

Il a été militant nationaliste-révolutionnaire, candidat pour le FN à la mairie de Nantes, ou encore éditeur dissident (Ars Magna). Christian Bouchet est une figure clivante dans la galaxie patriote, identitaire, nationaliste-révolutionnaire. Il vient de sortir trois livres coup sur coup, qui sont de véritables témoignages, à la foi sur son engagement, mais aussi sur d’autres figures de cette mouvance au sens très large.

Afin de discuter de la sortie de ces ouvrages (disponibles sur le site des éditions Ars Magna, en lien ci-dessous), nous l’avons interviewé.

Breizh-info.com : Christian Bouchet, vous venez de publier successivement trois titres : De Nouvelle Résistance au Bastion SocialParoles de rebelles et Nationaliste et révolutionnaire. Pourquoi ces ouvrages ?

Christian Bouchet : Tout simplement parce que depuis mon adolescence, je m’intéresse à la mémoire du mouvement national au sens large, je me désole qu’elle ne soit pas mieux sauvegardée, je me révolte que notre histoire ne soit pas écrite par nous-même mais par nos ennemis… Il est donc logique que je veuille laisser un témoignage historique, un témoignage qui dépasse ma personne et qui permette de comprendre ce que fut la réalité du nationalisme-révolutionnaire français, un courant politique ultra-minoritaire mais persistant, et ce que fut l’itinéraire intellectuel et spirituel de ses cadres.

De Nouvelle Résistance au Bastion Social est une anthologie des textes théoriques de la mouvance NR de 1991 à 2022. Je compte sortir plusieurs autres tomes et remonter progressivement jusqu’au tout début des années 1960, voire jusqu’au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale.

Paroles de rebelles est un livre d’entretien où j’ai soumis à la question treize cadres nationalistes-révolutionnaires ou proches de ce courant. Cela va du GUD à Tenesoun en passant par les Bretons de L’Oriflamme. J’ai demandé à chacun d’expliquer les raisons de son engagement, ce en quoi il croit, ses références historiques, etc. Au final, l’ouvrage donne de l’optimisme et montre la forte mobilisation d’une nouvelle jeunesse pour qui les mots sang, tradition, hiérarchie, honneur, foi, solidarité ont un sens.

Quant à Nationaliste et révolutionnaire qui est sous-titré « Un itinéraire rouge-brun », il s’agit tout simplement de mon autobiographie. Si j’y relate ma vie de militant et mes activités de journaliste, de traducteur et d’éditeur, je m’y livre aussi un peu : j’y évoque ma passion pour les vallées de l’Himalaya, mes études d’ethnologie et de science des religions, mon intérêt pour les subcultures, etc.

Breizh-info.com : Vous avez débuté votre engagement politique à 14 ans. Avec le recul, quel était le moteur de votre engagement initial et comment a-t-il évolué au fil des décennies ?

Christian Bouchet : J’ai commencé à militer durant le second semestre de 1969. Mon moteur initial est incontestablement le rejet quasi épidermique de la chienlit de mai 68.

Il faut y ajouter aussi un fort passif environnemental puisque je suis issu d’une famille de la classe moyenne historiquement enracinée dans la droite radicale. J’ai d’ailleurs été surpris d’avoir retrouvé dans mon arbre généalogique, quand je l’ai dressé, des traces dans plusieurs branches d’engagement contre-révolutionnaires remontant jusqu’en 1789 et cela pas uniquement dans l’Ouest de la France. C’est au point que je me suis interrogé un temps sur une transmission génétique de l’idéologie. La réalité est sans doute plus prosaïque : j’appartiens à une famille possédant une culture interne très forte.

Mon engagement, réactif tout d’abord est ensuite devenu réflexif. J’ai beaucoup lu, j’ai fait des rencontres et je suis devenu ce que je suis. Quand il m’arrive de relire mon journal intime, que je tiens depuis mes onze ans, je suis toujours impressionné de voir que je suis « fixé » idéologiquement très tôt, que mes idées et mes références n’ont guère variées depuis la fin de mon adolescence.

 

Breizh-info.com : Vous êtes passé par l’Action française, la Nouvelle Droite, le nationalisme-révolutionnaire… Qu’est-ce qui a motivé ces changements successifs de courant ?

Christian Bouchet : Sur cinquante-six années d’engagement, j’en ai à peine passé trois à l’Action française, de quinze à dix-huit ans. Il y a eu là une influence familiale : un de mes oncles était Camelot du roi mais aussi une absence de choix. Je me rappelle bien que mon cœur battait alors pour le Mouvement Occident, mais il avait été dissout et à Angers, où j’habitais alors, le seul groupe qui y était actif était l’Action française.

Mes parents ont déménagé à Nantes peu après et là j’ai pu avoir plus de choix dans l’offre. Je me souviens d’avoir alors contacté le magazine L’Élite européenne et le Mouvement jeune révolution, puis d’être entré en contact avec un autre nantais, Yves Bataille, qui venait de scissionner d’Ordre nouveau et de créer l’Organisation lutte du peuple, considérée comme « nazi-maoïste », et s’en fut fait de moi, j’étais devenu NR !

Cela étant, j’appartenais au sein de l’AF à un courant interne qui se revendiquait du Cercle Proudhon et de l’AF d’avant 1914, donc le passage du monarchisme au nationalisme-révolutionnaire s’est fait le plus simplement possible, en gardant une grande partie de mes idées d’origine. Je crois n’avoir réellement changé que sur deux points : je n’ai renoncé qu’à une idée, l’hérédité de la direction de l’État, et j’ai élargi le champ de ma perception politique : de la France je suis passé à « la plus Grande Europe ».

En réalité, si l’on étudie bien les idées monarchistes françaises, avant leur fossilisation en une variante de la réaction bourgeoises après la guerre de 1914-1918, on en trouve beaucoup qui participent à la constitution de ce que Zeev Sternhell nomme la « droite révolutionnaire » qui, pour moi, est la matrice du nationalisme-révolutionnaire. Il faut se souvenir que Marx considérait dans Le Manifeste du parti communiste les légitimistes français comme des concurrents du socialisme, que les royalistes de la Montagne blanche furent les premiers à prôner le suffrage universel (à une époque où il était censitaire) et qu’ils avaient comme stratégie de faire des alliances avec les partis de la gauche radicale pour faire battre les candidats libéraux, et ne parlons pas de la Revue grise et du Cercle Proudhon que je viens d’évoquer.

Pour la Nouvelle Droite j’en ai été membre quelques années et compagnon de route pendant très longtemps. Ce ne fut pas un engagement en excluant un autre politique. Je fus NR et ND à la fois. Vous le savez comme moi la Nouvelle Droite est polymorphe donc je me suis reconnu dans un de ses courants. Si je dois résumer, autant je me sens toujours proche d’Alain de Benoist et du jeune Guillaume Faye – je les ai édités tous les deux – autant je me sens éloigné d’un Pierre Vial, d’un Jean-Yves Le Gallou ou du Guillaume Faye du déclin.

Breizh-info.com : Vous avez longtemps incarné une forme de synthèse entre l’extrême droite et des influences marxistes ou tiers-mondistes. Ce positionnement est-il encore pertinent aujourd’hui ?

Christian Bouchet : J’ai surtout incarné, durant un temps, aux yeux des journalistes le courant nationaliste-révolutionnaire… Dans un livre à charge mais bien documenté, L’autre tiers-mondisme, Philippe Baillet a montré sa logique interne de la prise de Fiume par D’Annunzio à aujourd’hui en passant par les frères Strasser, la République sociale italienne, Maurice Bardèche, François Duprat, le jeune Guillaume Faye et bien d’autres…

Plus qu’une synthèse avec des idées qui ne sont pas les nôtres, c’est à mes yeux une construction idéologique particulière. Un anti-occidentalisme, un anti-libéralisme, un souhait de mener un combat de libération nationale, un rêve d’un monde régi par d’autres règles…

Est-ce que ce positionnement est encore pertinent ? Je le pense. D’ailleurs, certains événements internationaux très récents vont dans ce sens.

Le plus complexe est cependant d’incarner dans la politique du quotidien des idées qui sont très générales, très idéologiques, très liées à des réflexions de géopolitique. Cela, si on si prend bien est possible et est, au final, très proche que ce que sont la « gauche nationale », le « national populisme » ou l’« illibéralisme radical ».

Breizh-info.com : Vous avez été membre du MNR puis du FN. Que retenez-vous de ces expériences et que pensez-vous de l’évolution du RN sous la présidence de Marine Le Pen ?

Christian Bouchet : J’ai dirigé au sein du MNR une fraction radicale et j’ai occupé des responsabilités locale – du niveau de secrétaire départemental – au sein du Front national que j’avais rejoint en même temps qu’Alain Soral et sur des bases proches des siennes. Sans démissionner de celui-ci, j’ai pris du recul depuis près de dix ans, à la fois pour des raisons familiales et pour dégager du temps pour ma maison d’édition.

J’ai vu l’organisation croître, le succès être au rendez-vous et je m’en réjouis.

Cela étant, j’ai tout à fait conscience qu’il y a une immense différence de niveau entre la politique groupusculaire et idéologique et la vraie politique. L’une n’exclue pas l’autre et toutes les deux, ce n’est pas le privilège de la seconde, peuvent avoir une influence sur le réel. Et cette influence, on peut modestement l’avoir en jouant sur les deux tableaux, ce qui est bien préférable à adopter une attitude sectaire et coupée du réel…

Cela dit je trouve profondément ridicule, voire grotesque, la position des leaders de groupuscules qui n’ont jamais dû avoir sous leur coupe plus de 100 à 150 adhérents et qui vous expliquent ce que Marine Le Pen ou Jordan Bardella devraient faire pour gagner et les erreurs qu’ils commettraient.

J’ai la modestie politique qu’ils n’ont pas et je sais que les choix politiques des « grands partis » menés sous la critique continuelle des médias sont des exercices difficiles et périlleux. Et je suis convaincu que la direction du Rassemblement national tente d’agir au mieux. Cela étant, quand certaines positions me hérissent – n’ayez crainte, il y en a, surtout en politique étrangère – je me tais car si je les désapprouve j’ai, dans le même temps et quasiment toujours, conscience de leur nécessité stratégique.

Breizh-info.com : Et Éric Zemmour ?

Christian Bouchet : Je m’en suis toujours tenu éloigné et je ne me suis jamais reconnu dans ses positions. Ma première critique de ses thèses date de 2007, époque où j’avais chroniqué de manière très négative dans un mensuel de la mouvance son roman Petit frère. Pour ce qui est de ses campagnes électorales et celles de Reconquête, j’y ai retrouvé tout ce que je n’aime pas « à droite » : l’occidentalisme, le bourgeoisisme, l’islamophobie, la croyance en l’intégration, le soutien à l’entité sioniste, etc.

C’est avec une grande perplexité que j’ai vu dans mon relationnel large une partie des plus extrémistes des extrémistes, se ralier à lui… Il n’y avait aucune logique politique ou idéologique dans tout cela. Grâce au ciel, les événements du lendemain des européennes de 2024 ont, j’espère, mis un terme à l’aventure Zemmour-Reconquête. Cela étant, à mes yeux, Marion Maréchal ne vaut, politiquement et idéologiquement, pas mieux que le leader du parti qu’elle a abandonné en rase campagne.

Breizh-info.com : Dans votre livre, vous évoquez Charles Maurras, Jean Thiriart, Julius Evola ou encore Alexandre Douguine. Quels sont ceux qui ont eu la plus grande influence sur vous et pourquoi ?

Christian Bouchet : Charles Maurras ? Il ne m’en reste que bien peu de choses. Peut-être une touche d’empirisme organisateur. Sans doute aussi une réactualisation personnelle de sa thèse des « quatre États confédérés ».

Pour ce qui est purement du politique, ce sont François Duprat et Jean Thiriart qui ont généré ce que je suis devenu : un activiste nationaliste-révolutionnaire et un partisan du Grand Empire européen de Galway à Vladivostok.

Julius Evola et Alexandre Douguine quant à eux, on fait de moi un traditionaliste enraciné, je le précise, dans sa tradition native. En effet, je considère toute conversion à une autre tradition que celle de ses pères et de sa terre, quelque sympathique qu’elle soit, comme une trahison et, accessoirement, comme un tourisme spirituel aussi vain que le tourisme estival.

Il faut ajouter à tout cela l’influence immense qu’ont eu les écrits d’Alain de Benoist sur moi. À chaque fois que je dis ou que j’écris cela, je ne peux m’empêcher de penser que ce malheureux n’a sans doute pas mérité un aussi médiocre disciple que je le suis…

Breizh-info.com : Vos voyages, que vous relatez dans votre autobiographie, vous ont mené en Russie, en Inde, en Libye, dans plusieurs pays du Moyen-Orient. Quelle perception du monde en avez-vous retiré ?

Christian Bouchet : Mes voyages n’ont sans doute pas modifié ma perception du monde, par contre ils m’ont confirmé dans deux idées : celle que, pour parodier X Files, « la vérité est ailleurs » et celle que la marche vers le Kali Yuga est inéluctable.

Je m’explique.

J’ai eu l’occasion, à plusieurs reprises, en toute autonomie, d’être présent dans des lieux où l’histoire, plus ou moins grande, s’écrivait. Je me suis ainsi rendu au Cachemire, à plusieurs reprises, durant la guerre qui voyait s’affronter les islamistes et l’État indien, en Syrie durant l’été 2011, en Iran lors de la Révolution verte de 2009, en Lybie sous l’embargo, au Donbass, très récemment.

Or, à chaque fois, ce que j’ai pu observer, en toute liberté, n’avait absolument rien à voir avec ce que la Propaganda Staffel du Nouvel Ordre mondial nous répétait chaque jour dans les mass media. À chaque fois, la vérité était ailleurs… D’où, chez moi, un mépris infini pour les journalistes à qui convient bien le nom qu’Alain Soral leur a donné.

Comme, d’autre part, j’ai eu l’occasion de me rendre dans divers pays d’Orient à plusieurs reprises avec parfois un intervalle important entre chaque voyage, j’ai constaté les changements s’étant produits dans ces pays. Je n’ai jamais eu l’occasion de m’en réjouir : le sel ronge l’acier, le monde moderne progresse, la Tradition recule…

J’ai vu cela de manière très nette dans la vieille ville de Jérusalem, rénovée par des colons sionistes et épurée de tout ce qui en faisait une authentique ville sainte. Je l’ai vu à New Dehli. Je l’ai vu à Damas sous al-Assad où la presse discutait déjà de la théorie du genre alors que je n’en avais pas encore entendu parler en France. Je l’ai vu au Cachemire où j’ai pu assister au remplacement d’un islam soufi et identitaire par un islam wahabisant et universalisant alliant le hijab à la saoudienne pour les femmes aux pokémons pour les enfants…

Breizh-info.com : Justement, vous avez étudié de près l’islamisme et les mouvements anti-impérialistes arabes. Quelle est votre position actuelle sur l’islam en Europe et sur l’évolution de ces mouvements ?

Christian Bouchet : Puisque j’ai fait des études d’ethnologie et de sciences religieuses, j’ai écrit, il y a bien longtemps, un petit ouvrage sur les islamismes. Pas une dénonciation, juste une explication de ce qu’était ce courant plus divers que l’idée que s’en font les militants et les béotiens. J’ai aussi donné, lors de la première université d’été d’Égalité et réconciliation, une conférence sur l’histoire des rapports entre l’islam et la droite nationale. En ce qui concerne les mouvements nationalistes arabes, souvent théorisés par des chrétiens, j’en ai la connaissance d’un honnête homme… Mais il s’agit de choses très différentes et qui nécessitent une réponse double.

Pour faire simple, les différentes variantes du nationalisme panarabe ont été considérées comme l’ennemi principal au Proche-Orient par l’entité sioniste et le Nouvel Ordre mondial et de ce fait éradiquées par les armes. Le Baas est tombé en Irak et en Syrie, Kadhafi a été renversé, les mouvements laïcs ne pèsent plus guère en Palestine.

Si la lucidité m’oblige à constater que leur temps historique est passé, j’ai toujours une très grande sympathie pour ces diverses manifestations d’un même nationalisme, assez proche dans sa forme de celui que je défends en Europe.

Pour ce qui est de l’islam et de l’islamisme, on est dans quelque chose de tout à fait différent puisqu’il s’agit d’une foi universaliste donc non liée à un territoire. Il y a un problème évident, que toute personne censée constate, générée en certains lieux, de plus en plus nombreux, par la présence d’une population professant cette foi.

Par contre, à mes yeux, l’islamophobie, souvent imbécile et sacrilège, est aussi stupide que contre-productive. C’est se tromper sur la cause et sur l’ennemi. L’islam en soi est une religion respectable – et qu’il convient de respecter – tout comme le christianisme ou le judaïsme. Par contre, il est un symptôme d’un remplacement de peuple. C’est ce qui fait que pour moi, la question musulmane n’est que secondaire par rapport à l’immigration dont elle est une des conséquences. Sur ce plan, le combat que j’ai pu mener avec d’autres par la plume ou dans la rue a toujours été de dénoncer et de s’attaquer à la maladie, c’est-à-dire à l’immigration, et surtout à ceux qui en sont les responsables, c’est-à-dire le grand capital dont les principaux membres dirigeants, il faut bien en convenir, sont loin d’être des musulmans même s’ils ont parfois des attaches moyen-orientales.

J’ajouterai à ceci qu’une immigration non-musulmane n’est pas plus acceptable qu’une immigration musulmane contrairement à ce que voudraient nous faire croire la droite assimilationniste. Si l’on remplaçait tous les musulmans présents en Bretagne par des catholiques camerounais, polis, corrects et respectueux de nos lois, aurait-on réellement amélioré notre situation en tant que peuple ?

Par ailleurs, si vous me permettez un excursus sur la situation au Proche-Orient, je tiens à préciser clairement que je me sens solidaire, quelle que soit leur religion et quelle que soit leur manière de combattre, de ceux qui luttent pour la libération nationale de leur terre ancestrale colonisée par ceux-là même dont les organisations communautaires nous poursuivent en France quand nous dénonçons l’immigration.

Breizh-info.com : Vous êtes éditeur et traducteur de nombreux penseurs hétérodoxes. La censure, l’ostracisation de certaines idées, est-elle plus forte aujourd’hui qu’hier ?

Christian Bouchet : Elle l’est sans aucun doute. Je la vois s’exercer sur d’autres, mais j’avoue ne pas en souffrir.

Les thèmes qu’abordent les collections d’Ars magna ne sont pas des thèmes réellement « dangereux » et quelle que soit la manière dont on les traite, il est difficile de les faire tomber sous le coup de la loi… Les livres que je publie sont donc disponibles via les plus importants sites marchands et de très nombreuses librairies. D’autre part, je constate de fréquents achats par des bibliothèques universitaires et municipales.

La seule chose qui m’est totalement fermée c’est la presse hors-ghetto. Je ne bénéficie jamais de recensions dans la presse mainstream et ce de manière volontaire. J’ai par exemple le souvenir d’un journaliste du Monde me disant l’intérêt qu’il avait pris à lire un livre que j’avais publié sur Mircea Eliade et précisant « si ce n’était pas vous qui l’aviez sorti, je l’aurais chroniqué ». De même, quand des livres que j’ai édités sont évoqués dans un article leur titre et leur éditeur ne sont pas précisés. Pensez donc, il pourrait se trouver que des malheureux veuillent les acheter… Cela étant Google fait son travail et pallie cela.

Le seul véritable cas de censure dont j’ai été directement témoins a été lié à mon activité de traducteur. En 2002, j’ai traduit une grande partie de L’Autre Visage d’Israël du juif antisioniste Israël Shamir. Le travail m’avait été confié par son attachée littéraire, une universitaire propalestinienne charmante quoique « de gauche ». La traduction achevée, je l’ai avertie que des parts notables de l’ouvrage risquaient de « tomber sous le coup de la loi ». Naturellement, elle ne m’a pas cru, cela n’était pas possible car elle appartenait au « camp du bien ». Le livre est donc paru chez Balland. Dès le lendemain de sa publication une virulente campagne de dénonciation commençait, il y eut même un article dans Le Monde, et dans la semaine Balland retira le livre de son catalogue en s’excusant platement. Le titre fut repris par l’éditeur Al Qalam qui fut immédiatement poursuivi à son tour par la Licra et qui fut finalement condamné par les tribunaux en 2006 à 7 500 euros pour « incitation à la haine et à la discrimination » et à verser 8 000 euros de dommages et intérêts à la Licra.

Breizh-info.com : La France de 2025 vous semble-t-elle plus conforme à votre idéal quand vous vous êtes engagé, au lendemain de main 68, ou au contraire encore plus éloignée ?

Christian Bouchet : J’ai connu enfant la France d’avant Vatican II, d’avant mai 68, et je m’en souviens bien. Elle n’était pas parfaite et la décadence était déjà là, mais les églises étaient pleines, les immigrés étaient quasi-inexistants, les hommes étaient des hommes et les femmes des femmes, les familles étaient soudées et l’honneur avait un sens.

Depuis tout s’est accéléré, accentué. D’une certaine mesure, je suis un exilé dans mon propre pays et je ne cesse de me répéter cette phrase de Francis Parker Yockey dans Imperium « La médiocrité se lève à l’horizon d’une race mourante comme son dernier grand idéal. »

Breizh-info.com : Cependant, vous êtes toujours militant. Ne pensez-vous pas que l’époque où l’action militante pouvait être révolutionnaire, dans la rue, soit révolue. Sommes-nous entrés dans une ère où le combat politique se mène uniquement par l’influence intellectuelle et médiatique ?

Christian Bouchet : Je ne pense pas. D’ailleurs l’extrême gauche ou les écologistes n’ont pas abandonné la rue.

Des mouvements comme les gilets jaunes ou les bonnets jaunes ont montré qu’il était encore possible de mobiliser dans la rue. Le Système craint ces mobilisations et utilise contre elle les forces de l’ordre régulières ainsi que, comme on l’a vu lors du mouvement des gilets jaunes ou de la résistance aux mesures liées au Covid, les antifas comme forces de l’ordre supplétives.

Maintenant, pour aboutir à un résultat, il faut savoir organiser et noyauter tout cela et il faut bien admettre que pour ce faire l’extrême gauche est bien plus compétente que nous ne le sommes.

Quitte à vous surprendre, je crois donc toujours au travail militant de terrain.

Je crois aussi encore en l’importance de la presse papier et je me désole que la mouvance nationale radicale française ne soit pas capable de générer un média de combat imprimé.

Je crois donc toujours au combat et je dis, avec Lucien Rebatet : « Je pense souvent, et je ne suis pas le seul, que tout est fichu. Et je me dis que je ne suis qu’une vieille bête, qu’il y a encore des forces magnifiques, pour secouer les barreaux, trouver la grande issue, qu’il y en a toujours eu, qu’il y en aura toujours. »

C’est ce qui m’a fait soutenir ces dernières années des initiatives comme le Bastion Social, l’Alvarium, L’Oriflamme, Academia christiana, Tenesoun, Luminis, Des Tours et des Lys, etc.

Christian Bouchet, De Nouvelle Résistance au Bastion social. Tracts, déclarations, manifestes, programmes. Anthologie du nationalisme-révolutionnaire français 1991-2022. 30 euros.

Christian Bouchet, Nationaliste et révolutionnaire, un itinéraire rouge-brun. 24 euros.

Christian Bouchet, Paroles de rebelles. Entretiens avec une jeunesse dissidente. 24 euros.

Éditions Ars magna : www.editions-ars-magna.com

Propos recueillis par YV

Crédit photo :  DR
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