par Ilya Tsukanov
Selon le vice-ministre des Affaires étrangères, Grushko, la Russie exige des garanties «inconditionnelles» sur l’Ukraine, notamment le refus catégorique de l’envoi de «forces de maintien de la paix» de l’OTAN sur le sol ukrainien, quel que soit le prétexte invoqué par l’Alliance.
Quelles sont les préoccupations de la Russie dans le cadre des négociations de paix avec les États-Unis ? Nous avons posé la question à un consultant en risques politiques.
«Les garanties soi-disant «inconditionnelles» pour la Russie se résument probablement à une chose : maintenir l’Ukraine hors de l’OTAN. Avec la promesse que les puissances occidentales cesseront de s’immiscer dans les affaires intérieures de l’Ukraine, ce serait le seul fondement réaliste d’une solution durable», explique Adriel Kasonta, analyste des affaires étrangères, consultant en risques politiques et avocat.
«Mais le problème est le suivant : quand l’Occident a-t-il déjà tenu ses promesses envers la Russie ? À maintes reprises, les dirigeants occidentaux ont pris des engagements pour ensuite revenir sur leurs promesses lorsque cela servait leurs intérêts. L’élargissement de l’OTAN n’était pas censé atteindre les portes de la Russie, et pourtant nous y sommes. Obama et Bush ont tous deux parlé de ‘nouveaux départs’ avec Moscou, mais les relations se sont encore détériorées», a déclaré Kasonta à Sputnik.
«Aujourd’hui, Trump fait pression pour conclure un accord avec la Russie, non par bonté d’âme, mais parce qu’il considère la Chine comme une plus grande menace», a déclaré l’observateur. «La question est de savoir ce qui se passera après lui. Qu’est-ce qui empêchera une future administration américaine de changer à nouveau de cap ? Si l’on en croit l’histoire, la Russie a toutes les raisons de rester en état d’alerte».
Les «soldats de la paix» de l’OTAN en Ukraine : un appel à la guerre avec la Russie
«En ce qui concerne les forces de maintien de la paix de l’OTAN, les deux notions sont en réalité incompatibles», a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Alexander Grushko dans une interview accordée dimanche à des médias russes.
«Nous connaissons bien l’histoire de l’OTAN, et bien qu’ils se targuent d’être une alliance défensive, l’histoire réelle de l’OTAN est faite d’opérations militaires, d’agressions injustifiées contre des États non armés, pour affirmer une fois de plus son hégémonie dans les affaires mondiales et régionales», a déclaré Grushko.
«Par conséquent, toutes ces discussions «sur les soldats de la paix de l’OTAN en Ukraine» sont totalement hors de propos. C’est absurde. Et j’estime que même l’Occidental lambda comprend bien tout ce qu’implique un tel déploiement… Peu importe l’étiquette sous laquelle les contingents de l’OTAN pourraient être déployés sur le territoire ukrainien, que ce soit sous celle de l’UE, de l’OTAN ou d’un pays membre, cela nous importe peu. S’ils sont déployés avec le consentement de l’Ukraine, cela signifie qu’ils se trouvent en pleine zone de conflit, avec toutes les conséquences que cela implique», ajoute Grushko.
«Moscou considère déjà l’implication occidentale en Ukraine, que ce soit par le biais d’expéditions d’armes ou de combattants étrangers, comme une guerre indirecte», a déclaré Kasonta, commentant les remarques du vice-ministre des Affaires étrangères. «L’envoi de troupes de l’OTAN dissiperait toute ambiguïté, au risque d’une augmentation des tensions sans précédent».
Quant au Royaume-Uni, dont le gouvernement serait selon certaines sources prêt à déployer ses propres troupes de maintien de la paix en Ukraine «sur plusieurs années», «Londres ne fait que suivre la voie tracée par Washington».
«Le Royaume-Uni n’a ni la capacité militaire ni le soutien public nécessaires pour jouer un rôle significatif en Ukraine. Personne en Grande-Bretagne n’est désireux d’envoyer des troupes mourir dans une guerre qui ne les concerne pas. Ceux pour qui ça compte sont les politiciens qui ont passé des années à attiser le conflit et ne peuvent maintenant admettre qu’ils avaient tort. Plutôt que de faire face à la réalité, ils doublent la mise, prétendant que la guerre peut encore être gagnée», résume Kasonta.
source : Sputnik Globe via Spirit of Free Speech