Installée sur la pelouse de Reuilly, dans le XIIe arrondissement de Paris, la Foire du Trône s’étend sur dix hectares de terrain. Plus de 2.000 employés travaillent, chaque année, sur cet événement qui s’étend sur deux mois. Cette année, la fête, inaugurée le 4 avril, fermera ses portes le 9 juin. Tous les standards sont réunis : manèges, grande roue, tir à la carabine, pêche aux canards, stand de sucettes, gaufres, barbe-à-papa… La popularité de ce rendez-vous parisien est immense : chaque année, près de trois millions de visiteurs s'y pressent. Si toutes les conditions sont réunies pour faire de cette Foire du Trône un événement familial, joyeux et festif, des vols, violences et rixes récurrents viennent assombrir le tableau. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos circulent, montrant des bagarres. Des jeunes s’en prennent aux forains pendant que d’autres profitent de la confusion pour voler les lots destinés aux vainqueurs des différents jeux. Ce lundi 14 avril, une bagarre a éclaté entre des jeunes et des forains pour un « différend commercial ». La police a dû intervenir pour faire revenir le calme et assurer la protection des visiteurs. Les policiers ont alors été copieusement hués, voire provoqués par des adolescents en casquette et jogging qui les invectivent par-derrière. Un jeune homme venu de l'Essonne et âgé de 17 ans a été interpellé.
Les familles évitent la foire en soirée
L’entrée de la foire est gratuite, les activités sont payantes. Cela offre aux visiteurs la possibilité de gérer leur visite en fonction de leur porte-monnaie. Il permet à tous de s’y rendre, même aux lycéens ou grands collégiens non accompagnés. Effet pervers de ce système attractif : les « jeunes » y entrent comme dans un moulin.
À l’entrée de la foire, deux fourgons et deux voitures de police sont garés. Une vingtaine de policiers s’équipent pour prendre leur tour de surveillance autour des manèges. Dans les allées du parc éphémère, des groupes de jeunes adolescents traînent les pieds, regardent les stands du coin de l’œil, quand leurs yeux ne sont pas rivés sur leur téléphone. La plupart des manèges sont à l’arrêt. Les vendeurs de gaufres et de pommes d’amour sont accoudés au comptoir en attendant les clients.
Quelques familles se promènent, avec des jeunes enfants et des poussettes. Une maman se confie : « On profite du calme de l’après-midi pour les enfants. Le soir, il y a beaucoup trop de monde. Beaucoup de jeunes qui ne sont pas là que pour les manèges. L’ambiance est moins festive l’après-midi, c’est sûr. Mais nous ne voulons pas emmener les enfants le soir, c’est trop risqué. »
Un forain, devant son stand de tir à la carabine, abonde en ce sens : « Pour le moment, c’est calme, parce que vous venez en milieu d’après-midi. Mais revenez ce soir, à la tombée de la nuit, je vous assure que l’ambiance n’est pas pareille. » Il confie à BV : « Les jeunes, toujours le même profil, débarquent en bande pour s’amuser. Parfois, ça se finit mal, c’est sûr. Il y a des bagarres. Pas toujours, mais parfois. C’est dommage, ce n’est pas du tout l’atmosphère que nous voulons installer à la foire du Trône. » Il ajoute avoir des craintes financières, liées à ces épisodes de violences. Les vols font perdre de l'argent aux forains, mais c'est surtout la réputation que ces jeunes font à la Foire du Trône qui pourrait finir par dissuader les visiteurs de s'y rendre, peste-t-il. Cette fête voulue populaire et accessible à tous devient, chaque soir ou presque, une zone de non-droit. Une de plus...