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Un « mur de fer » contre l’immigration illégale à Mayotte. Et en métropole ?

Capture d'écran Présidence de la République
Capture d'écran Présidence de la République
Le bloc communiste eut, jadis, son rideau de fer. Israël, aujourd’hui, possède son dôme de fer. La France, elle, va désormais se doter d’un « mur de fer » contre l’immigration illégale. Tout du moins à Mayotte. « Opération Uhura wa shaba », a lancé, lundi, Emmanuel Macron, à l’occasion de son passage d’une dizaine d’heures à Mayotte, devant le conseil départemental. « Uhura wa shaba » : en mahorais, « mur de fer ». Objectif ? Reconduire 35.000 clandestins à la frontière par an, contre 25.000 actuellement. Au fait, il paraît, selon la Constitution, que le Premier ministre « conduit la politique de la nation ». Or, en écoutant Emmanuel Macron s’exprimer devant les élus mahorais, on avait l’impression d’avoir affaire à un Premier ministre, voire à un super-préfet, et non au président de la République. Il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond, depuis que cette cohabitation de guingois s’est installée au sommet de nos institutions. Passons.

La réalité démographique

Mais avant d’aller plus loin, posons, à titre de rappel, quelques bases démographiques : selon l’INSEE, la population de l’archipel était estimée, au 1er janvier 2024, à 321.000 personnes, soit le double de ce qu’elle était, il y a une vingtaine d’années ! Transposons ces chiffres à l’échelle de la métropole. 25.000 clandestins raccompagnés ? C’est comme si on expulsait plus de 5 millions de clandestins, chaque année. On en est loin… Doublement de la population à Mayotte ? Comme si la population métropolitaine était passée de 33 à 66 millions d’habitants, entre 2004 et 2024. Vertigineux. Bien évidemment, cette explosion démographique est la résultante d’une immigration massive en provenance - principalement, mais pas seulement depuis plusieurs mois – des Comores voisines (plus de 7 naissances sur 10 sont de mères étrangères) et d’une fécondité largement supérieure à la moyenne métropolitaine : 4,5 enfants par femme. Ainsi, la maternité de Mamoudzou, avec plus de 12.000 naissances par an, est la première de France et même de l’Union européenne. Là-dessus s’ajoutent la pauvreté, les conditions précaires et un cyclone, en décembre dernier, qui a aggravé les choses. On sait tout cela. C’est pourtant ces chiffres et cette réalité, et non l’idéologie, qui devraient être le fil conducteur de toute réflexion politique sur la situation de Mayotte.

« Opération Uhura wa shaba »

Cela posé, revenons à notre « mur de fer ». Emmanuel Macron a donc annoncé le lancement de cette opération qui devrait – espère-t-il – pouvoir produire ses effets dès début 2026. Une opération de police, relevant du ministre des Outre-mer et du ministre de l’Intérieur, qui n’a rien vraiment de nouveau, si l’on écoute bien le Président : il s’agit, en fait, d’amplifier ce qui se fait déjà (reconduire 35.000 clandestins au lieu de 25.000) en y mettant plus de moyens techniques (radars) et humains, notamment pour faire face à une immigration qui ne vient plus seulement des Comores mais aussi de l’Afrique des Grands Lacs. Sur ce sujet de l’immigration clandestine, Emmanuel Macron n’a pas de problèmes. Il n’en a jamais eu, d'ailleurs. « Lutter contre l’immigration illégale » fait partie du fond de sac narratif de la Macronie, l’immigration « tout court » restant, évidemment, « une chance pour la France ».

Entre pompe aspirante et cocotte-minute

Une immigration qui devient pourtant invivable, pour les Mahorais, au point que les élus de tous bords, y compris du Rassemblement national, souhaitent que soient supprimés les titres de séjour territoriaux. En effet, le représentant de l’État à Mayotte n’accorde des titres de séjour que pour le seul territoire de Mayotte, ce qui est dérogatoire du droit commun. L’idée est évidemment de limiter le phénomène de pompe aspirante en direction de la métropole, mais elle a pour effet pervers d’accroître un autre phénomène : celui de la « cocotte-minute » dans notre département ultramarin. « Une anomalie au sens étymologique du terme », souligne Emmanuel Macron, mais qui a été mise en place, justement, à cause de cette « situation migratoire profondément anormale », toujours selon les mots du chef de l’État.

À situation démographique profondément anormale, loi légèrement hors normes du fameux droit du sol. Le 8 avril dernier a été adoptée largement (en gros, tout le monde sauf la gauche) à l’Assemblée la loi qui durcit les conditions d’accès à la nationalité française. Auparavant, il suffisait seulement qu’un des deux parents réside régulièrement en France depuis au moins trois mois. Désormais, il faudra que les deux parents résident régulièrement depuis au moins un an. Pas de quoi crier aux « pires heures ». Et pourtant... LFI, socialistes et écolos ont saisi le Conseil constitutionnel. Résultat des courses autour du 7 mai. Ce n’est pas gagné… De toutes façons, LFI a la solution pour régler le problème migratoire à Mayotte : il suffit de faire venir tout le monde en métropole...

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Il fallait bien que Barrot s'en mêle...

Le « mur de fer » à Mayotte relève de la méthode habituelle. Comme toujours, en Macronie, on fait tout et son contraire, et en même temps. Preuve en est la déclaration de l’inénarrable Jean-Noël Barrot, ce mardi 22 avril, sur France Info. Pour le ministre des Affaires étrangères, le maintien de l’aide au développement des Comores permet de « renforcer la lutte contre l’immigration irrégulière au départ ». Ce qui a fait bondir Marine Le Pen : « Subventionner, avec l’impôt des Français, un État hostile, francophobe, qui ne reconnaît pas le choix des Mahorais de demeurer Français et dénie à la France sa souveraineté sur Mayotte, est non seulement une faute politique mais un camouflet pour nos compatriotes mahorais… »

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Nous en sommes donc à 25.000 personnes reconduites par an, rien qu'à Mayotte (chiffres incontestables du Président). Dans le même temps, on a éloigné du territoire français seulement 21.601 étrangers en situation irrégulière en 2024 (chiffres incontestables du ministère de l'Intérieur). Un « mur de fer » pour protéger notre territoire métropolitain contre l’immigration illégale, c’est pour quand ?

Georges Michel

https://www.bvoltaire.fr/un-mur-de-fer-contre-limmigration-illegale-a-mayotte-et-en-metropole/

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