On était pourtant parti la fleur au fusil de l’écologie radicale, au ministère des Finances, avec cette prose et ces procédures dont notre administration a le secret. « La circulaire du 21 novembre 2023 a été déclinée en 15 actions pour "verdir" les mobilités, 17 cibles intermédiaires étant arrêtées pour 2024 », rappelle la Cour des comptes, dans sa synthèse. Objectif, pour tous les ministères : réduire de 22 % en 2027, par rapport à 2022, les émissions de gaz à effet de serre, soit une baisse de 5 % par an. Cela ne rigolait pas, dans le temple des impôts.
Le coût écologique de l'insécurité
Hélas, les fonctionnaires de Bercy concernés ne vivent apparemment pas tous comme des paysans du Larzac. S’ils restaient tranquillement dans leur canapé en se contentant de toucher leur traitement, tout irait bien. Mais ils se déplacent. « Les émissions relatives aux mobilités des 133.682 agents du ministère représentent 168.897 tonnes équivalent CO₂ (t éqCO₂), soit 3,7 % des émissions de gaz à effet de serre de l’État au titre des mobilités », s’alarme la Cour des comptes. De sacrés pollueurs, mais il faut bien venir au bureau… « Les déplacements domicile-travail représentent plus de 77 % des émissions totales de gaz à effet de serre liées aux mobilités relevant des ministères économiques et financiers, contre 23 % pour les déplacements professionnels. » Tout de même, au fond, pourquoi cette orgie de CO2 ? On vous le donne en mille ! Tout se rejoint. L’insécurité, les agressions, le danger du monde façonné par les gouvernements qui se sont succédé, avec le soutien actif des Verts bien souvent, imposent… l’usage de leur automobile aux fonctionnaires ! « L’augmentation du parc de véhicules de la direction générale des finances publiques a été entreprise en 2023, tant pour des raisons de sécurité après l’homicide d’un agent identifié par son véhicule personnel qu’écologiques, afin de davantage maîtriser l’impact des déplacements professionnels des agents », constate le palais Cambon. Au passage, le ministère, coincé par ses objectifs écolos, utilise tout de même 4.570 véhicules, si on a bien compris…
Tout cela agace nos magistrats. « La mise en œuvre de la politique de verdissement des mobilités au sein des ministères économiques et financiers reste insuffisante au regard des cibles 2024 fixées par la circulaire de 2023 », pestent-ils. L’État avait déterminé 17 cibles, donc : seules neuf ont été atteintes. Le verdissement des mobilités reste au rouge vif : les fonctionnaires n’ont pas voulu réduire leurs déplacements « professionnels, aériens, consommation de carburant, ni le parc des véhicules ». Ils résistent. En gros, ils s’en cognent un peu, aux Finances, du « verdissement des mobilités ». C’est bon pour les pauvres, cette histoire, pour les Gueux interdits de ZFE, comme le dénonce, pour BV, Alexandre Jardin. À Bercy, si on peut prendre l’avion plutôt que la voiture du ministère, on ne va pas non plus se faire des nœuds au cerveau. « Les faibles résultats obtenus en matière de réduction des déplacements aériens appellent une révision de la doctrine de recours à ce type de transport très polluant et à un renforcement des contrôles internes afin d’atteindre la cible fixée », grogne la Cour.
Coûts supplémentaires
Et comme les fonctionnaires du ministère des Finances dépensent trop en avion, la Cour leur impose, avec cette logique très française… des coûts supplémentaires ! Il va en effet falloir payer des forêts, des associations, etc., pour compenser : « Pour les déplacements aériens indispensables, le soutien à des projets de compensation et de séquestration d’émission de gaz à effet de serre, aujourd’hui très faible, doit être encouragé. » Avec quel argent ? Mais le vôtre, voyons, quelle question ! On n’est pas sortis des ronces…
Il faudra aussi supporter le voisin fonctionnaire et faire du covoiturage, demande la Cour des comptes. Et investir en parking pour les cyclistes, soit un « équipement des sites des ministères économiques et financiers en stationnement vélo sécurisé ». Toujours aux frais du brave Français.
Bref, « ces actions de verdissement des mobilités ont coûté a minima 17,4 M€ sur la période 2020-2024 », exposent, toujours, nos magistrats. À ce coût s’ajoutera celui des « actions non encore déployées, comme le renforcement du covoiturage professionnel, la formation des agents à l’écoconduite ou l’établissement de projets de réduction et/ou séquestration d'émissions de gaz à effet de serre couvrant l’ensemble des émissions aériennes en 2023 ». Il faut reconnaître qu'on n'avait pas vu venir l'indispensable « formation des agents à l’écoconduite ». De leur vélo ? On s'y perd, nous aussi. Pour savoir où elle va, la Cour recommande d’établir « le coût de la réduction d’une tonne équivalent CO2 pour chaque action ». Voilà qui intéressera BV. Et les contribuables !