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Raz-de-marée natio en Roumanie : finalement, ce n’était pas dû à l’ingérence russe…

George Simion, aux portes du pouvoir

Les choses se suivent et se ressemblent. Le 4 mai 2025, George Simion, leader de l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR), a balayé ses adversaires lors du premier tour de l’élection présidentielle roumaine, obtenant 40 % des voix. Călin Georgescu, l’autre figure de la droite roumaine, n’avait réalisé « que » 23 % lors des élections de novembre 2024, élections annulées par le Conseil constitutionnel qui avait argué de possibles ingérences russes via le réseau chinois TikTok, ingérences jamais prouvées. La candidature de Georgescu aux présidentielles de 2025 avait été invalidée pour les mêmes raisons. Écœurés par ces pratiques dignes de l’époque Ceaucescu, les Roumains ont voté en masse pour Simion qui a par ailleurs dit pendant la campagne qu’au cas où il serait élu, il nommerait Georgescu Premier ministre.

Simion, inspiré par Donald Trump et Giorgia Meloni, a su galvaniser la fureur d’une population lassée des élites pro-européennes et des partis traditionnels, discrédités par des scandales et une inertie persistante, sur fond d’inflation chronique et de paupérisation des classes moyennes et populaires.

Parlant d’« effet boomerang », Marine Le Pen a ironisé sur le résultat de ce premier tour, à l’opposé de celui escompté par la nomenklatura européiste qui pensait bien qu’après l’épisode Georgescu, le peuple roumain allait « rentrer dans le rang » et voter massivement pour les candidats du système :

« L’élection intervient dans un contexte post-Covid dont la gestion de la pandémie a suscité beaucoup de méfiance et également le sujet du conflit en Ukraine, très présent en Roumanie puisque, de temps en temps, un drone s’écrase sur le territoire », analyse Antonela Capelle-Pogacean, spécialiste de la politique roumaine.

Par ailleurs, la Roumanie fait également face à une importante crise économique. La croissance est en berne et les inégalités s’accroissent entre la capitale Bucarest et les zones rurales du pays. « Bucarest est l’une des capitales européennes les plus riches, mais, à 100 kilomètres à peine, vous avez une personne sur deux qui vit sous le seuil de pauvreté », pointe la chercheuse. « Au niveau des votes, cela s’observe parfaitement. Les villes moyennes et les zones rurales ont en grande majorité voté pour George Simion. Ce sont, en général, des personnes appartenant à la classe moyenne inférieure qui craignent pour leur propre déclassement. Ce sont les catégories marginalisées, les perdants de la mondialisation ». Les catégories populaires placent généralement leur vote du côté des candidats antisystème.

Le vote des Roumains de l’étranger a également été déterminant. Selon les estimations, entre quatre et cinq millions de Roumains résident à l’étranger soit près du quart de la population. C’est l’une des diasporas les plus importantes d’Europe. 60 % d’entre eux ont placé un bulletin en faveur de George Simion et ont représenté 11 % des votes au cours de l’élection. Cette diaspora est majoritairement issue de milieux populaires.

George Simion a par ailleurs su diversifier son électorat vers les personnes âgées, envoyant des millions de lettres aux retraités.

Tout le long de la campagne, George Simion a joué la carte de la proximité avec MAGA (« Make America Great Again ») et a dénoncé l’annulation de la précédente élection.

Pour la chercheuse, George Simion a de « très grandes chances » de remporter l’élection face au maire centriste de Bucarest, Nicusor Dan, arrivé en seconde position avec 20,9 % des voix. « On observe en Roumanie une grande volonté de changement et George Simion incarne cela », juge-t-elle. « Pour gagner, Nicusor Dan doit absolument augmenter la participation et améliorer sa communication qui est, pour l’instant, très mauvaise ». Par ailleurs, Dan, en tant que maire de Bucarest, incarne la bourgeoisie arrogante, grande gagnante de la mondialisation.

Si les voix du candidat de la coalition gouvernementale pro-européenne (20,3 %), Crin Antonescu arrivé en troisième position, vont, semble-t-il, se déporter du côté de Nicusor Dan – en tout cas certainement pas sur Simion – rien n’est moins sûr concernant les voix de Victor Ponta, candidat du parti social-libéral et arrivé en quatrième position (14 %), qui a fait une campagne avec une importante dimension nationaliste. Ses électeurs pourraient en grande partie se reporter sur Simion.

Reste la grande masse des abstentionnistes du premier tour : 41 %. On y trouve nombre de citoyens « déçus du système » qui seraient plutôt enclins à voter pour un anti-système. Simion saura-t-il les mobiliser ? Rendez-vous le 18 mai.

Henri Dubost

https://ripostelaique.com/raz-de-maree-natio-en-roumanie-finalement-ce-netait-pas-du-a-lingerence-russe.html

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