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Suède : ces viols de personnes âgées que les autorités ont tenté d’étouffer

©Shutterstock
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Une interview qui révèle un scandale national. Depuis maintenant six mois, la Suède réalise l’ampleur de l’affaire des viols sur des femmes âgées par leurs soignants, souvent (mais pas toujours) d’origine étrangère. Fin avril, le magazine britannique Spiked dévoilait une enquête approfondie sur ce scandale suédois qui, à une tout autre échelle, n’est pas sans rappeler celui des « grooming gangs » en Angleterre. Mais cette fois-ci, les victimes ont souvent plus de 80 ans et vivent en situation de dépendance.

Un témoignage qui fait éclater le scandale

Tout commence en septembre 2024. Elsa, alors surnommée Vera par les journalistes pour préserver son anonymat, donne une interview au journal local d’Uppsala, ville au nord de Stockholm où elle réside. Âgée de 84 ans, elle raconte avoir subi une agression de son soignant, « né à l’étranger », envoyé par la municipalité pour l’aider au quotidien. En 2023, l’homme, missionné pour prendre soin d’elle, se montre rapidement intrusif. Il donne à Elsa des surnoms affectueux, envisage de s’installer chez elle et finit par l’embrasser de force. Un jour, il va même jusqu’à exhiber son sexe devant l’octogénaire choquée. L’arrivée providentielle à sa porte de « deux Témoins de Jéhovah qui voulaient prêcher la parole de Dieu » permet de faire partir le soignant. Elsa contacte alors la société des soignants, rapporte les faits et demande à ne plus être prise en charge par cet individu. Pendant un temps, sa requête est prise en compte. On lui assure même qu'une enquête est diligentée. Mais, au printemps 2024, l’individu revient et la viole dans sa chambre. « J’ai tenté de le repousser, mais il était fort et moi très faible », raconte avec émotion Elsa. Se sentant salie par l’agression qu’elle vient de subir, elle garde le silence. Mais un jour, elle finit par contacter la société de soignants. Le responsable se montre compréhensif et lui assure qu’elle ne verra plus jamais son agresseur. Cependant, il lui indique qu’il ne sera pas licencié - donc, qu’il continuera à s’occuper de personnes âgées - car cette décision ne lui incombe pas. Elsa se tourne alors vers la police qui effectue un travail remarquable pour tenter de soutenir l'octogénaire. Mais faute de preuves, l’affaire est rapidement classée. Six mois plus tard, Elsa se décide à rendre public le viol qu’elle a subi.

Son témoignage en suscite rapidement d’autres, dans le pays. Une femme âgée prend ainsi la parole pour dénoncer les trois viols qu’elle a subis par trois soignants, « tous originaires du même pays ». La parole se libère. Contacté, le Service de santé suédois finit par recenser 45 affaires sur les cinq dernières années. Un nombre sous-estimé, selon les journalistes suédois qui retrouvent, dans la presse locale, de nombreuses affaires non prises en compte par les autorités.

Peur d'être accusés de racisme

Mais au-delà de l’horreur de ces agressions, il apparaît que les autorités ont, pendant un temps, tenté de noyer le scandale. En effet, à la fin de l’année 2024, alors que les témoignages affluaient, deux femmes décident d’organiser une manifestation en soutien à Elsa et autres victimes. « Inquiets de la mauvaise publicité », des élus locaux auraient d’abord tenté d’empêcher le rassemblement, puis essayé en vain de le déplacer dans un lieu moins visible. Et alors que les cas se multipliaient, les autorités ont, pendant de longs mois, gardé le silence. Nul doute qu’outre l’âge des victimes, l’origine de bon nombre d’agresseurs posait problème. « Il est vrai que certains des soignants accusés de maltraitance et de viol sont issus de l'immigration. Il semble plus que plausible que trop d'entre eux aient hésité à révéler ces cas de peur d'attiser une réaction raciste ou anti-immigrés dans l'opinion publique », analyse le journaliste britannique qui a enquêté sur ces faits.

La France n’est pas épargnée par ces agressions contre les personnes âgées. En octobre dernier, alors que le scandale émergeait en Suède, Danielle, octogénaire française, faisait face à son violeur devant le tribunal criminel de Melun. À deux reprises, en août 2021, Danielle aurait été violée par le veilleur de nuit de la résidence pour seniors où elle habitait. En 2021, également, Berthe, 91 ans, était retrouvée « massacrée » et « déshabillée » chez elle. « Il y a une suspicion d’agression sexuelle », confiait alors l’avocat de la famille de la victime, lors du procès de son agresseur, un Pakistanais de 25 ans sous OQTF. Et comment ne pas citer Huguette ou également Chantal, également agressées chez elles ?

Sur ce sujet des agressions de personnes âgées, une omerta semble régner, en France. Difficile d’obtenir les chiffres et des détails précis sur le profil des agresseurs. La sénatrice Les Républicains Valérie Boyer tente depuis plusieurs mois d’alerter le gouvernement sur ce sujet mais peine à obtenir une réponse suffisante.

Clémence de Longraye

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