Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

[SATIRE À VUE] L’incorrigible Lucie fraude dans les transports clermontois

Capture écran Clermont Auvergne Métropole
Capture écran Clermont Auvergne Métropole
À Clermont-Ferrand, une campagne de lutte contre la fraude dans les transports en commun présente le contrevenant sous les traits d'une jeune fille de bonne famille.

Dans le monde parallèle des campagnes d'affichage ciblant les fraudeurs dans les transports et autres adeptes de moto-cross en milieu urbain, la ville de Clermont-Ferrand nous présente sa nouvelle recrue parmi la délinquance locale. Elle est chic, elle est tendance. Prénommée Lucie, le quasi top model se fait une joie de voyager sans billet. En ce jour où la photo fut prise pour figurer dans les Abribus™, la resquilleuse porte veste blanche ouverte sur un pull rouge. Ne nous fions pas à ses cheveux au vent et son sourire avenant. Selon les initiateurs de cette campagne, ce type de jeune fille déjoue la vigilance du personnel des bus et les tramways de la ville. Le texte le confirme aux Clermontois : « Bien joué ! Encore un trajet gratuit pour Lucie ! (La misérable fut photographiée quelques secondes après son méfait.) Mais la fraude est un jeu qui finit toujours par coûter cher. »

 

Une remarque et elle jette son sac Vuitton™ à la tête des contrôleurs, une amende et ce sont les voitures du personnel de son papa qui sont incendiés. Les habitants frémissent à la vue de toute potentielle Lucie. Les Lucette sont encore pire. Les Lucas, n'en parlons pas. Rien ne va plus, au cœur de l'Auvergne. Dans les salons de thé, les contrôles au faciès se multiplient. Un chignon, un blazer bleu marine et c'est une nuit au poste.

Comment éradiquer ce fléau ?

À Clermont-Ferrand, l'incorrigible Lucie rejoint la bande de blancs-becs tirés à quatre épingles qui terrorisent les Français. Le jeune homme en blouson fraîchement repassé qui cabre son scooter sur une affiche visant à lutter contre les rodéos accueillera son pendant féminin à l'arrière du véhicule. Les Bonnie and Clyde du temps présent sont identifiés par les publicitaires au service du déni de réalité. Le profil type du couple inquiétant est établi. Les portraits-robots des délinquants circulent. Le retraité à chien est chassé des centres-villes. Les punks avec caniche et chihuahua sont la plaie des gares. Aux policiers, ils mendient un peu de protection... Comment se débarrasser de cette racaille qui dérange les arracheurs de colliers ? Les municipalités de gauche ne savent comment éradiquer ce fléau.

La bande dessinée doit venir au secours des professionnels de l'affichage surréaliste : « Tintin et Milou cassent des vitrines », « Bécassine fraude les transports bretons ». Sous réserve de l'autorisation des ayants droit, ces campagnes raviront le public. Mieux encore : après un passage aux urgences, les victimes peuvent êtres maquillées pour figurer leurs agresseurs. Et des titres ronflants d'accompagner les visuels : « Une rebelle en ITT menace la tranquillité du centre-ville », « Les béquilles de Lucas abîment les trottoirs tout juste rénovés ».

Dans sa quête d'inversion du réel, rien n'arrête le propagandiste.

Jany Leroy

Écrire un commentaire

Optionnel