Une redoutable aisance orale
Pour illustrer son propos, Yann Piette s’appuie tout d’abord sur une interview que Sarah Knafo avait accordée à LCI, en septembre 2024. Le journaliste l’avait alors attaquée sur le faible score du parti Reconquête aux législatives, avant que celle-ci ne lui renvoie les audiences modestes de sa chaîne info. « Elle se sert des attaques des journalistes et les retourne contre eux, salue le coach. C’est particulièrement efficace. […] Elle reprend la main et, quand elle termine sa joute, on voit un petit sourire car elle sait qu’elle a gagné. Elle l’a foutu à terre. »
Une stratégie de judoka dont la trentenaire avait également usé, face à Benjamin Duhamel, lorsque celui-ci avait souligné son statut de « compagne d’Éric Zemmour », comme pour mettre en doute sa légitimité. « La question m’étonne beaucoup venant de vous, Benjamin, parce que je sais que vous subissez aussi ces accusations de piston, car vous êtes "le fils de", "le neveu de" », lui avait-elle alors répliqué, sans se départir de son aimable sourire.
Une intervention sur l’audiovisuel public a également été donnée en exemple : Sarah Knafo y faisait face à trois journalistes hostiles, lui coupant la parole à la moindre occasion. « Vous allez comprendre pourquoi j’appelle Sarah Knafo un "bulldozer délicat" », annonce Yann Piette, avant de diffuser la séquence vidéo.
https://twitter.com/ojim_france/status/1919382638948725214
« Ici, c’est l’illustration d’un rouleau compresseur qui ne s’arrête jamais, mais elle ne le fait pas dans la force et l’agitation. Elle le fait avec une certaine forme de calme, de précision et, si je puis dire, de délicatesse, poursuit l’analyste. Elle nous fait le coup du "hit and run" : elle ne donne pas le flanc, elle met un taquet et repart tout de suite sur son argumentaire. C’est ça, qui est hyper puissant : il n’y a pas de pause. Et tout ça, dans le plus grand calme. Elle le fait avec une certaine forme d’empathie, elle varie ses tonalités, elle veut chercher à provoquer de l’émotion chez les gens qui la regardent. »
Une éloquence qui inquiète
Est-ce justement parce qu’elle est redoutable à l’oral qu’on voit si peu Sarah Knafo sur les plateaux de gauche ? France 3 ou France 5 se sont bien gardés de l’inviter, pour le moment. Président de l'Institut de la parole, Philippe Bilger a lui aussi noté l’ostracisme dont semble faire les frais la jeune élue de droite. « On peut être tout à fait en désaccord avec elle, ce qu'elle pense et ce qu'elle représente, sans que soit justifiée la rareté de ses interventions dans les médias publics, a estimé le magistrat honoraire, sur son site Web personnel. Une Sarah Knafo ou un Michel Onfray qu'on laisse délibérément de côté par un décret impérieux d'une humeur médiatique orientée ne sont pas remplaçables ni interchangeables. Les citoyens, alors, en sont scandaleusement privés. »
Difficile de ne pas voir, en effet, une certaine différence de traitement avec, par exemple, une Marine Tondelier. Le parti EELV n’a pas dépassé les 5 %, à la dernière élection présidentielle, et pourtant, sa dirigeante semble jouir d’un siège réservé sur certaines antennes publiques. L’écologiste n’a pas les mêmes facilités que Sarah Knafo - pour le dire pudiquement -, mais la presse de référence n’a pas hésité à faire d’elle une « figure politique centrale », une « révélation », la « nouvelle star »… Il faut croire que le port d’une veste verte suffise à faire de vous la sensation du moment, à gauche.
https://twitter.com/VesteTondelier/status/1816517139366281531
Encore plus retors, d’autres médias consentent à évoquer les mérites de Sarah Knafo, mais dans le seul but de lui causer du tort. C’est le cas, notamment, de L’Express, qui a expliqué que la « surexposition » médiatique de la jeune femme s’avérait en fait contre-productive pour son parti. « L’eurodéputée, vice-présidente du parti d’Éric Zemmour, prend la lumière et affiche ses ambitions électorales au point de faire de l’ombre à son candidat et compagnon », a ainsi écrit l’hebdomadaire, en février 2025, flirtant avec la presse people. Tel est le petit milieu politico-médiatique français qui a le talent et l’intelligence des élus en horreur.