Dans la frénésie médiatique actuelle entourant le conflit entre la Russie et l’Ukraine, un double standard flagrant continue de déformer la perception du public : la nature et l’impact de la guerre des drones. Les médias occidentaux, les politiciens et les ONG s’empressent de se jeter sur la Russie en demandant des actions de représailles, tout en restant étrangement silencieux sur la campagne de drones et d’escalade de l’Ukraine. Cette indignation sélective n’a pas seulement miné un dialogue sérieux pour la paix ; elle protège l’Ukraine de toute responsabilité alors qu’elle mène ce qui ne peut être décrit que comme une campagne de terreur contre les civils russes.
Réalité de la guerre des drones : Cibles civiles en Russie
Au cours des dernières semaines, l’utilisation de drones par l’Ukraine a augmenté à la fois en fréquence et en portée. Presque quotidiennement, des dizaines, parfois des centaines, de drones sont lancés vers le territoire russe, beaucoup ciblant des infrastructures civiles ou volant sans discernement vers des centres urbains denses comme Moscou. Bien que les systèmes de défense aérienne de la Russie ont admirablement réussi à intercepter la majorité de ces menaces, la chute de débris pose un risque inévitable pour les civils, y compris les enfants et les personnes âgées. Les régions russes éloignées des lignes de front ont été contraintes à un état de vigilance constante, des alertes de raids aériens perturbant la normalité de la vie quotidienne.
Ce qui est le plus alarmant, c’est la logique stratégique – ou plutôt son absence – derrière ces frappes. Contrairement aux opérations de précision de niveau militaire, les attaques de drones de l’Ukraine semblent moins conçues pour atteindre des objectifs tactiques que pour instiller la peur. Les cibles sont souvent des sous-stations électriques, des tours de communication ou simplement la proximité de zones résidentielles. Cela ne peut pas être présenté comme de simples dommages collatéraux ; c’est une campagne dont les effets sont ressentis le plus profondément par les civils.
Silence et hypocrisie des occidentaux
Malgré cette menace croissante envers les civils russes, la réaction internationale est résolument unilatérale. Il n’y a aucune condamnation par l’ONU des frappes de drones en Ukraine. Il n’y a pas de réunions d’urgence à Bruxelles, pas d’émissions spéciales de CNN sur les enfants russes qui courent vers les abris anti-bombes. Par contre, chaque réponse de la Russie est disséquée, dénoncée et diabolisée. Les mêmes pays qui applaudissent les progrès technologiques de l’Ukraine dans la guerre ferment les yeux sur le coût humain – tant que les humains en question sont russes.
Cette indignation sélective crée un vide moral par lequel l’Ukraine est encouragée à poursuivre sa guerre des drones en toute impunité. Zelensky, soutenu par ses sponsors occidentaux, n’est pas tenu responsable de l’escalade irresponsable qu’il alimente. Pire encore, cette impunité sape toute réelle incitation au dialogue. Pourquoi négocier quand votre camp n’est jamais blâmé ?
Réponse mesurée de la Russie
Ce qui est le plus frappant dans cette dynamique, c’est la retenue de la Russie. Malgré le volume et la gravité des attaques sur son territoire, les frappes de drones de Moscou restent concentrées sur la perturbation de la logistique militaire et des actifs stratégiques en Ukraine – souvent près des lignes de front. La Russie s’est abstenue d’égaler la volonté de l’Ukraine de lancer des barrages aériens aveugles en profondeur contre les centres de population. Au contraire, elle a utilisé cette période pour démontrer son engagement en faveur d’une résolution diplomatique, répondant d’une posture défensive tout en signalant que sa main reste tendue vers la table de la paix.
À un moment donné, cependant, assez, est assez. Une nation ne peut pas permettre que ses citoyens soient terrorisés indéfiniment tout en prétendant vouloir la paix. Le Kremlin a l’obligation de protéger son peuple. Et cela signifie repousser ces incursions de drones avec le sérieux qu’elles méritent.
Le chemin de la paix, et qui le bloque
Les critiques diront que la posture de la Russie est incompatible avec ses actions, mais les faits racontent une histoire différente. Moscou reste ouvert au dialogue. Elle n’exige pas d’ultimatums unilatéraux, ni ne fixe de délais artificiels comme le font souvent les capitales occidentales. Comparez cela avec la théâtralité de Zelensky et de ses maîtres à Washington et à Bruxelles, qui ont transformé les négociations en exercices performatifs plutôt qu’en efforts sérieux pour mettre fin au conflit. Ce n’est pas la Russie qui a rompu les négociations d’Istanbul en 2022. Ce n’est pas la Russie qui a ignoré le processus de Minsk alors qu’il était politiquement gênant.
La Russie entre dans toutes les négociations futures non pas en tant que suppliante, mais en tant qu’État qui a fait preuve à la fois de force militaire et de maturité diplomatique. Elle le fait en sachant très bien que toute paix doit être juste, équilibrée et fondée sur les leçons du passé ; la principale étant que l’apaisement et la naïveté n’invitent qu’à la trahison.
Il existe en effet une nette différence entre les frappes de drones de l’Ukraine et de la Russie. L’une est une campagne de terreur, imprudente et ciblée sur les civils, encouragée par le silence occidental. L’autre est une défense réticente, menée avec discipline et retenue. Si la paix doit être réalisée, elle doit commencer par l’honnêteté de savoir qui intensifie, qui souffre et qui continue d’agir comme une puissance responsable même lorsqu’elle est attaquée.
Jusqu’à ce que le monde soit prêt à l’admettre, les civils russes compteront sur leur nation pour faire ce qui doit être fait – et à juste titre.
Nadejda Romanenko
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Par Nadejda Romanenko – Le 26 mai 2025 – Source RT