Car l’INSEE est implacable. L’organisme de statistiques officiel en France a une nouvelle fois jeté l’effroi parmi ceux qui suivent l’économie française. On avait pris l’habitude d’évoquer la masse colossale des 3.000 milliards d’euros de dette française : l’INSEE affiche aujourd’hui 3.345,8 milliards d’euros, plus proche désormais de la barre des 3.500 milliards.
L’endettement de la France atteint 114 % du PIB, un nouveau record. Et ce n’est pas une surprise. « Cette augmentation de 40 milliards d’euros sur trois mois est cohérente avec un déficit public prévu à 160 milliards d’euros cette année, soit 40 milliards par trimestre », constate l’économiste Christian Saint-Étienne, professeur des universités émérite et titulaire de la chaire d'économie industrielle au Conservatoire national des arts et métiers, interrogé par BV ce 27 juin.
Macron influence ou conduit l'économie française depuis... 13 ans
La situation ne doit évidemment rien au hasard. Et la responsabilité d’Emmanuel Macron est énorme, magistrale, écrasante. L’homme qui fut porté deux fois à l’Élysée contre Marine Le Pen essentiellement pour sa crédibilité revendiquée sur les dossiers économiques est au cœur du pilotage de l’économie française presque sans interruption depuis... 2012 ! Rappelons-le, notre Président mondialiste fut deux ans le secrétaire général adjoint de l’Élysée et principal conseiller économique du Président François Hollande, deux ans ministre de l’Économie (2014-2016) avant de revenir, après quelques mois, à l’Élysée, le 14 mai 2017, pour dix ans. Voilà donc treize ans qu’Emmanuel Macron influence au sommet de l’État ou conduit la politique économique de la France.
« Sa responsabilité est totale, juge Christian Saint Étienne. Depuis les gilets jaunes, il a ouvert les vannes sans limites. » Le Covid-19 a encore accentué la dérive présidentielle : en termes de dépenses, « il a été plus loin que tous les autres chefs d’État, très au-delà de ce qui était nécessaire », poursuit Christian Saint-Étienne auprès de BV. On écrira un jour quel fut le rôle de la peur dans la carrière d’Emmanuel Macron : peur de la droite lors de la Manif pour tous, peur d’une révolte fiscale en France lors des gilets jaunes, peur des banlieues qui l’empêchera de défiler contre l’antisémitisme, peur de la menace RN, peur de disparaître sur la scène internationale qui lui inspire une agitation vaine et contradictoire… Peur de tout, sauf de creuser la dette. « Si la France avait mené une politique raisonnable, on serait à -2 % par an, soit -15 milliards d’euros par trimestre, pas -40 milliards !, nous explique Christian Saint-Étienne. Le système n’est plus géré, c’est n’importe quoi. » Faute d’avoir démissionné après l’échec de la dissolution, Macron se laisse emporter par un bateau ivre, sans voile ni gouvernail.
« Le conducteur du véhicule France s’est endormi »
Aucun pays n’accumule de tels déficits impunément. La France est entrée dans une zone à haut risque. Le spectre d'un scenario à la grecque se rapproche. « Si la France n’intervient pas, l’emballement de la crise peut être très rapide, estime Saint-Étienne. On se dirige vers une intervention de la BCE et du FMI, ce que le pouvoir semble attendre pour prendre des décisions. Le conducteur du véhicule France s’est endormi, ce qui n’aide pas à prendre les virages... ». La chance de Macron ? « Qu’il n’y ait pas onze millions de Français dans la rue pour lui demander de partir », lance l’économiste.
Impossible, à ce stade, de ne pas se souvenir du Macron de l’entre-deux-tours en 2017, hautain et donneur de leçons durant le débat qui l’opposa à Marine Le Pen. « La question qui est posée aujourd’hui à nos concitoyens, c’est de savoir s’ils veulent l’esprit de défaite que vous portez, car ce que vous portez, c’est l’esprit de défaite, énonçait ledit Mozart de l'économie, le 3 mai 2017, sur France 2. Vous expliquez à nos concitoyens que c’est trop dur pour nous, la mondialisation, c’est trop dur l’Europe, donc on va se replier, on va fermer les frontières, on va sortir de l’euro, sortir de l’Europe, parce que les autres y arrivent mais pas nous ! » Et Macron concluait, un peu plus loin : « Madame Le Pen, je n’irai pas vous voir pour recevoir quelques leçons que ce soit. La France mérite mieux que vous. »
Pour les Français qui ont voté Macron, choisissant le sauveur de l’économie au prix d’un désastre migratoire, le constat s’impose : ils ont eu le désastre migratoire mais aussi l’explosion hors de contrôle de la dette. La guerre et le déshonneur.