Selon certains titres de presse, la baignade dans la Seine serait « gratuite ». C’est vite dit. L’opération d’assainissement a coûté la bagatelle de 1,4 milliard d’euros, si l'on en croit la très officielle Direction régionale et interdépartementale de l'environnement, de l'aménagement et des transports (DRIAT). Une somme prise en charge par les collectivités et l'État, via son opérateur, l'Agence de l'eau Seine-Normandie. En clair, c’est Nicolas qui paie.
Un investissement hasardeux
Ce gros milliard d’euros n’aurait-il pas pu être investi de manière plus judicieuse ? De nombreux Parisiens semblent le penser. « À mon avis, ça pourrait être mis ailleurs, honnêtement, parce qu'il y a autre chose à faire que de nettoyer la Seine pour se baigner un mois dans l'année ! », a ainsi réagi, au micro d’Europe 1, Florence, employée d’un hôpital public. Une opinion partagée par Anne, 89 ans : « C'est complètement aberrant, au moment où le gouvernement essaie de faire des économies ! En plus, c'est l'argent de nos impôts. »
Sur X, les critiques sont tout aussi vives. « 1,4 milliard sur un caprice. Combien d'hôpitaux et d'écoles rénovés et climatisés ? Combien de prisons nouvelles ? », s’agace un internaute, tandis qu’un autre demande si « on n’avait pas mieux à faire avec notre argent ». En voilà, une bonne question.
Cet investissement semble d’autant plus hasardeux que l’assainissement de la Seine paraît bien relatif. En effet, malgré les mesures de contrôle quotidiennes - qui ne manqueront pas de faire gonfler encore la facture -, de nombreux risques sanitaires persistent. Selon Damien Mascret, médecin interrogé par France 3, certains publics seraient bien inspirés de rester au sec. « Pour moi, la recommandation, c'est que les gens vulnérables et fragiles ne doivent pas se baigner dans ces eaux qui sont aléatoires, déclare-t-il, évoquant des cas possibles de conjonctivite, dermatite, infection de la peau, gastro-entérites, otites externes, etc. On est sur toute la gamme d'infectiologie. Donc, quelles que soient les recommandations qui sont faites, c'est une prise de risque. » À bon entendeur... Sans parler des risques inhérents à tout plan d’eau vivante (plantes agrippantes, courants parfois puissants, hydrocution, trafic fluvial…) qui ont causé la mort de pas moins de 13 personnes, en 2024, dans la Seine.
Une diversion présidentielle
Dans son tweet, Emmanuel Macron se félicite d’avoir tenu une promesse faite par Jacques Chirac, il y a plus de 35 ans. Mais quid de ses propres engagements ? Ces dernières années, le Président a promis monts et merveilles aux Français : 60 milliards d’euros d’économies par an, l’exécution de 100 % des OQTF, la construction de 15.000 places de prison, la mise à l’abri de tous les SDF du pays… Autant d’attentes qui ont été déçues.
https://twitter.com/jon_delorraine/status/1940853228134084913
Et si le chef de l’État abandonnait les effets de manche pour, enfin, remplir la mission pour laquelle il a été élu ? Il lui reste encore beaucoup à faire : ramener l’ordre dans le pays, reconquérir les fameux « territoires perdus de la République », rétablir les frontières, reconstruire un récit national, mettre fin au laxisme judiciaire, récupérer nos otages… Face à de tels enjeux, les petits baigneurs parisiens auraient pu patienter encore un peu.