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(6) : Les multiples atouts de la France.

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La France a des atouts extraordinaires à utiliser, à exploiter, à valoriser : le saisir et s’en convaincre, à l’inverse du fatalisme contemporain ou d’un certain masochisme franco-français entretenu par les partisans les plus mondialistes de l’Union européenne, c’est déjà faire un grand pas vers la résolution, sinon de toutes, mais d’une bonne part des questions économiques et sociales qui se posent à notre pays.

(La suite de mon intervention aux « Regards royalistes sur l’économie » d’Aix-en-Provence, le 22 février dernier.)

D’abord, la France, c’est une vaste superficie terrestre : 551.000 km2 en métropole, presque 675.000 km2 si on inclut l’Outre-mer habitable, 1.100.000 km2 si on inclut l’Outre-mer qui n’est pas habité (si ce n’est par des manchots et quelques scientifiques). C’est un territoire, si l’on évoque la métropole elle-même, qui est bien situé sur le continent européen : n’oublions pas que nous avons tous les climats, tous les terroirs possibles. Je suis breton, je vis dans la région parisienne, j’arrive en Provence : rien qu’en regardant par la fenêtre du train, je vois des paysages, des cultures, des architectures différents. La France est d’une richesse incroyable sur un espace qui est relativement concentré. Et puis la France, c’est plus que des territoires, c’est des paysages, des terroirs, des systèmes d’agricultures, des productions agricoles, cultures, élevages d’une grande richesse, qu’on a un peu négligé en haut lieu ces temps derniers. On est en train de retrouver cette richesse, d’ailleurs, en revenant sur certaines lois stupides de remembrements qui ont défaits des particularités bocagères et dévastés de vastes espaces de biodiversité, par exemple.

La France est une puissance verte, ou une puissance verte en (re)devenir. La seule chose intelligente qu’a pu dire Monsieur V. Giscard d’Estaing lors de sa présidence, c’est que l’agriculture est le pétrole vert de la France. Qu’elle soit aujourd’hui en difficulté et que nos éleveurs comme nos cultivateurs se pensent (souvent à raison, malheureusement) abandonnés, n’enlève rien à ses potentialités et à ses atouts : encore faudrait-il que l’Etat et les pouvoirs publics soutiennent intelligemment mais fermement ce secteur ; que les multinationales agroalimentaires cessent de vouloir imposer leurs règles féodales aux producteurs de base, et que les consommateurs français soient mieux sensibilisés aux enjeux de leurs propres achats sur l’avenir de nos productions agricoles.

Deuxièmement, on a un immense territoire maritime. Le territoire maritime de la France c’est la deuxième zone économique exclusive du monde : un espace maritime de 11,5 millions de km2 malheureusement mal exploité aujourd’hui ou pas exploité du tout, ou pas protégé, simplement parce que notre pays n’a pas la marine qui va avec cette superficie. Pourtant, cette ZEE nous permet d’avoir avec notre Outre-mer, une présence partout dans le monde. En paraphrasant Rudyard Kipling, l’on pourrait dire que le soleil ne se couche jamais sur la France. Et la mer, les océans, c’est l’Eldorado de demain. Il y a aujourd’hui une course à la mer qu’on ne voit pas, qu’on évoque peu, une course aux océans, et la France a tout pour être la première. Là encore, même chose que pour la puissance verte, nous verrons qu’il manque pourtant quelque chose : une volonté ! Une volonté politique de l’État. C’est donc la France puissance bleue, une puissance là encore sous-estimée par ceux qui devraient la valoriser.

Et puis il y a la matière grise ! Nous avons contrairement à ce que nous croyons une école (publique ou privée) qui forme d’excellents cadres. Et qui, dans le même temps, ne forme, ou qui n’informe pas, une masse de la population, aujourd’hui en situation de déficit scolaire et cognitif, malheureusement. Mais, quand je vois nos classes préparatoires, certaines de nos universités, nos grandes écoles, nous avons un gisement, celui de la matière grise. C’est un des plus importants gisements qui soit et qui est aujourd’hui le plus mal exploité en France. Je vous dis cela aussi parce que je suis professeur dans un lycée public de la région parisienne. Nous avons des collégiens, des lycéens et des classes préparatoires, et je vois arriver en Seconde des jeunes un peu faibles parfois, mais l’on arrive à en faire des jeunes qui ont des connaissances, de la culture, des savoir-faire, une intelligence à mettre au service… mais de qui ? Après leurs études, on n’a pas prévu le service après-vente ! Aujourd’hui on a entre 100 et 120.000 de nos jeunes qui quittent la France une fois leur diplôme en poche. L’un des grands problèmes de la France qu’on évoque rarement, c’est l’émigration des cerveaux ! Ils ne trouvent pas de débouchés en France, ou on ne leur en offre pas, ou bien encore on ne leur fait pas confiance, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays : alors, ils se planteront peut-être mais on leur aura fait confiance, on leur redonnera autre chose, ils auront l’occasion de réussir, qu’ils saisiront s’ils en sont capables, ou non !… Mais voilà, on leur donne leur chance là-bas. En République française, on n’a pas confiance dans notre jeunesse, dans notre matière grise et on ne se donne pas les moyens de l’accueillir dignement.

Puissance verte, richesse bleue, matière grise et je pourrais continuer ainsi sur nombre d’autres domaines : par exemple, nous avons aussi un patrimoine historique extraordinaire. Je crois que la France a le plus gros patrimoine historique, avec l’Espagne et l’Italie. Aujourd’hui, la France n’apparaît plus comme la première puissance touristique, elle se fait passer devant par l’Espagne, au moins en termes de revenus touristiques ! Parce que l’Espagne sait valoriser son patrimoine, contrairement à nous, et cela malgré de belles exceptions comme Le Puy du Fou, en Vendée. Nous ne savons ou ne voulons pas le faire complètement. Pourtant, Dieu sait s’il y a des opérations pour le faire connaître, aimer même, et on peut remercier Stéphane Bern pour avoir joué un rôle qui n’est pas négligeable dans la mise en valeur d’un patrimoine que parfois on néglige, toujours à tort. Regardez la France ! Paris 2024 ! Paris a été la capitale du monde. Alors évidemment on l’a peu vu, parce qu’il y a eu les troubles liés aux élections et tout le désordre qu’il y a eu après, et on peut « remercier » certains d’avoir remis de l’huile sur le feu… et en particulier le « plus haut placé » qui aurait dû justement être le protecteur des Français et qui, au contraire, a été le pyromane en chef. Je ne parlerai pas, évidemment, de la cérémonie d’ouverture où il y a eu de belles choses, ne le nions pas, notamment techniques avec le Cheval et artistiques avec la prestation de Céline Dion, et puis d’autres choses beaucoup plus douteuses qui étaient une volonté de rabaisser la France, ou de la ramener à sa seule identité « républicaine ». Montrer une scène de bacchanales et la tête coupée d’une reine, même M. Mélenchon a trouvé que c’était un peu fort de café, c’est tout dire ! Et ce n’était pas un bon exemple. Mais pour le reste, les Jeux Olympiques en tant que tels, j’ai constaté par moi-même que ça avait attiré beaucoup de gens et qu’il y avait une ambiance tout à fait sympathique. J’étais à Versailles pendant les 15 jours des JO pour voir comment ça allait se passer, nombre de mes amis et moi-même étions très inquiets au départ, notamment à cause des risques autour de la sécurité. En définitive nous avons vu des gens qui étaient sympathiques, qui venaient faire la fête sans les excès, et la France faisait bonne figure, comme on aimerait la voir plus souvent. Pas de problème de sécurité, des gens qui se promenaient gentiment, cela donnait l’impression d’une France apaisée. C’était très étonnant, avec tous ces gens qui venaient d’ailleurs ; ça faisait très « Europe d’avant 1914 ». On voyait peu les Asiatiques car ils n'allaient qu’au château pour les épreuves puis montaient dans la navette pour reprendre le train, sans s’arrêter en centre-ville. Dans la ville de Versailles, nous étions tous frappés de retrouver une ambiance vraiment sympathique, comme s’il n’y avait pas tout ce qui se passe autour de nous : les guerres, la crise, la désindustrialisation… Des gens contents ! On a eu ce moment, cette espèce de parenthèse enchantée qui m’a montré (et qui a prouvé si besoin en était) qu’il était encore possible de faire un peu de concorde dans notre cher et vieux pays.

Et puis on a eu Notre-Dame de Paris, enfin rouverte en cette fin d’année 2024. Ça a été un des plus grands chantiers qu’il y a eu depuis longtemps et qui a montré toute la valeur de la France des terroirs et des « mains », des ciseaux, de la pierre, du bois, du travail de ces matières nobles… et cela suscite des vocations. C’est ça, la France, capable d’avoir son propre modèle où l’on ne pense pas qu’à la formule franklinienne « le temps c’est de l’argent », la formule la plus terrible que je connaisse. On a vu à travers Notre-Dame de Paris, qui n’est toujours pas finie (je connais un ancien élève du lycée Hoche qui y travaille encore, sur un escalier en bois à double révolution absolument unique au monde…), tout d’un coup on a vu une France des métiers. Une France qui reprenait main avec le bois, la pierre et qui a donné envie à d’autres, à des jeunes de créer, de recréer. Il y a quelques années, au sortir de la Covid, certains évoquaient la nécessité d’un temps de disruption, avec des jeunes qui voulaient changer de modèle en se réfugiant à la campagne et en vivant comme des ermites, mais malheureusement, ce n’était parfois (pas toujours, heureusement) qu’une posture, voire une imposture. Mais là, on a la vraie rupture avec le monde moderne : prendre son temps.

Voilà les atouts d’aujourd’hui. Ces atouts semblent méconnus mais ils ne le sont pas, ce sont plutôt des chances qui sont ignorées, inexploitées, gâchées. Les royalistes doivent axer leurs critiques sur la mauvaise volonté politique dont font preuve la République. Il y a un esprit d’abandon dans les couloirs du pays légal. On ne donne pas envie aux jeunes Français de travailler pour la France. En fait, si vous ne travaillez que pour quelques picaillons, vous travaillerez ce que vous devez travailler, point : manque alors la motivation d’aller plus loin. En revanche, si vous donnez aux gens l’occasion de travailler pour quelque chose qui les dépasse (qui les transcende, diraient certains), et on l’a vu avec Notre-Dame de Paris, ils travailleront beaucoup mieux, ils ne compteront pas leurs heures. Ce qui compte encore plus que le salaire, c’est la motivation, même si le salaire ne peut pas être négligé, nous en sommes bien d’accord. Mais, pour faire de grandes et belles choses, l’un et l’autre sont nécessaires, chacun à leur mesure et à leur juste place, et éminemment complémentaires…

(à suivre)

https://jpchauvin.typepad.fr/jeanphilippe_chauvin/2025/07/6-les-multiples-atouts-de-la-france.html

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