Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La macronie prise par la fièvre du CornaviRusse

La macronie prise par la fièvre du CornaviRusse

« Le poids des mots, le choc des photos… » Et ce choc peut être cruel. Sur les champs de Mont-Lozère-et-Goulet, commune de 400 habitants, 12 000 zombies se sont éclatés du 12 au 14 juillet lors d’une rave-party formellement interdite par le préfet de la Lozère, inquiet à bon droit des risques que faisait courir un tel rassemblement (y compris de fumeurs, de tabac comme d’autres herbes plus illicites) en période de grande sécheresse et de vents violents favorables aux incendies. Simultanément, pour la fête nationale, la Macronie faisait défiler moult chars Leclerc (dont la fabrication a cessé en… 2008 !) et 7 200 militaires et assimilés (même les gardiens de prison avaient été rameutés), histoire de montrer ses muscles et de convaincre Vladimir Poutine que la France n’a peur de rien. Sauf, évidemment, des raveurs, des black Blocs et des gamins des cités qui, la veille, avaient incendié un gymnase dans la Seine-Saint-Denis — une des quelques centaines d’incivilités recensées la même nuit dans les « territoires perdus de la République » couvrant désormais la quasi-totalité de l’Hexagone.

La France, « cible prioritaire » de Poutine : réalité ou bonne occase ?

Le 11 juillet, pour la première fois depuis 2021, preuve que l’heure est grave, Thierry Burkhard, actuel chef d’état-major des Armées (CEMA), avait tenu une longue conférence de presse sur la « forme de guerre hybride multimilieux-multichamps, c’est-à-dire un affrontement physique, mais aussi dans l’espace, dans le cyber, dans les fonds marins ainsi que dans le champ informationnel » que nous livrerait la Russie qui considérerait désormais la France comme « sa cible prioritaire ».

Sans doute, admet le général Burkhard, avons-nous échappé à « des actions comme celles qu’ont subies certains de nos voisins […], par exemple, des sabotages qui ont visé des usines d’armement allemandes ou des grands dirigeants de ces sociétés ». Mais, ajoute-t-il, « la Russie, c’est une menace durable. Pour la Russie, la guerre en Ukraine est existentielle et elle veut absolument obtenir ce qu’elle a fixé comme objectif, ou au moins ce que Poutine a fixé comme objectif, avec probablement comme état final recherché : affaiblir l’Europe et démanteler l’OTAN. C’est l’objectif de Poutine.…  Avant 2030, la Russie constituera à nouveau une vraie menace à nos frontières. »

Le chef de l’État a-t-il craint que l’avertissement de son CEMA ne soit passé inaperçu ? Le 13 juillet, il s’invitait sur presque toutes les chaînes de télévision pour y lancer à son tour un cri d’alarme. Soulignant derechef « la permanence d’une menace russe aux frontières de l’Europe […], une menace préparée, organisée, durable, et à laquelle nous devrons être capables de faire face », il annonçait pour l’automne une « actualisation de la loi de programmation militaire » pour 2024-2030, qui prévoit en l’état 413 milliards d’euros pour les armées. Un « effort nouveau et historique » — évalué à 34 milliards d’euros alors qu’un minimum de 40 milliards d’euros de réduction des dépenses est indispensable — puisque, pour l’Elyséen, « notre indépendance militaire est indissociable de notre indépendance financière ». « Face à un monde plus brutal, la Nation doit être plus forte, car pour être libres dans ce monde, il faut être craint ; pour être craint il faut être puissant », a martelé notre président avec une insistance rappelant fâcheusement l’entreprise de sidération et le bourrage de crânes systématiquement mis en place il y a cinq ans à l’époque du corona virus, dit Covid. Une occasion en or pour le sortant de faire oublier la galopante criminalité allogène, voire de se faire octroyer les pleins pouvoirs après le vote de l’Article 16 par un Parlement tétanisé et de prolonger ainsi son mandat ? Un comble pour le pourfendeur autoproclamé des démocraties dites illibérales !

De l’Union franco-britannique au « Nuclear Supervisory Group »

En tout cas, ainsi s’achevait, avant le défilé militaire du lendemain, le plus spectaculaire depuis celui de 1914 (mauvais présage), la séquence commencée le 9 juillet outre-Manche, et qu’ont malheureusement éclipsée aux yeux du grand public les mondanités et les concours d’élégance entre les premières dames britanniques — la reine Camilla et la princesse Catherine — et française (1).

A l’occasion de ce voyage d’État, Emmanuel Macron accompagnant le 10 juillet le Premier ministre britannique (et travailliste) Keir Starmer sur la base militaire de Northwood, près de Londres, avait en effet décidé le franchissement d’« une étape majeure dans la coordination des forces nucléaires » de la France et du Royaume-Uni, les deux seuls pays européens à maîtriser l’atome. Baptisée Nuclear Supervisory Group, cette instance coprésidée par l’Élysée et le Cabinet Office « coordonnera la coopération entre les deux pays sur le plan des politiques, des capacités et des opérations ». Cependant que la Force expéditionnaire conjointe franco-britannique (CJEF) basée à Northwood « montera en puissance pour passer du niveau « brigade » à un niveau « corps d’armée », bien plus important » car les deux partenaires « n’envisagent pas de menace extrême à la sécurité de l’Europe qui ne susciterait une réponse rapide de la part des deux pays et ce, quelle que soit la nature de cette réponse », nucléaire comprise.

Qui fixera le niveau de « menace extrême » ?

Et, surtout, peut-on faire confiance aux Britanniques ?

On se souvient comment fin mai 1940, lorsque la France entraînée par Londres dans la guerre se trouva envahie par la Wehrmacht, nos alliés se tirèrent des pattes à Dunkerque, refusant l’accès de leurs navires aux réfugiés et à nos soldats voulant échapper aux stalags. Comment, le 3 juillet 1940, la Force H de la Royal Navy sous les ordres de l’amiral Somerville attaqua notre base maritime algérienne de Mers el-Kébir, détruisant toute notre flotte et tuant 1300 marins français. Comment enfin, sous prétexte de libérer la France, la RAF prit une part éminente aux bombardements de 1944-45 — au napalm dans certains cas comme à Royan —, qui coûtèrent la vie à plus de 62 000 civils ensevelis sous les décombres.

Bis repetita, l’expédition franco-britannique lancée en 1956 par  un contingent franco-britannique (dont fit partie un certain lieutenant Jean-Marie Le Pen) et également appelé Force H — fâcheux rappel — après la nationalisation du canal de Suez par l’Égypte nassérienne fut un fiasco malgré des succès initiaux : peu soucieux de se laisser entraîner dans cette aventure en pleine campagne présidentielle pour sa réélection, le président sortant états-unien Dwight Eisenhower siffla la fin de la récréation, et Albion s’exécuta aussitôt.

Début juin 1940, donc après le lâchage des Anglais à Dunkerque, le banquier et redoutable agent d’influence Jean Monnet avait proposé un projet d’union globale entre le Royaume-Uni et la France et de fusion de ces deux États. Projet accepté par le Prime Minister Winston Churchill et le président du Conseil français Paul Raynaud mais dont la débâcle militaire empêcha la réalisation. On sait quel culte porte Emmanuel Macron à Jean Monnet, ce pseudo « père de l’Europe » panthéonisé en 1988. Alors même qu’il se veut le chantre de « notre indépendance militaire », il semble s’inscrire dans sa lignée avec la nouvelle Entente cordiale nucléaire, justifiée par la menace russe. Car, pour citer encore le général Burkhard, « une victoire russe en Ukraine serait une vraie défaite européenne » qui ferait de nous « des herbivores dans un monde de carnivores et ce n’est pas une position très confortable de se retrouver en bout de chaîne alimentaire ». Mais s’exposer à une riposte atomique ne serait guère plus confortable.

« Libérons l’Ukraine ! » Et pourquoi pas Kaliningrad ?

Au demeurant, on ne peut à la fois se mobiliser pour l’Ukraine avec laquelle, au contraire de la Russie, nous n’avons aucun lien organique, et tolérer dans le même temps la perpétuation en Pologne, pays membre de l’Union européenne et de l’OTAN, de l’enclave soviétique de Kaliningrad, autrement dit Königsberg, perle de la Poméranie et ville natale du philosophe Kant, ainsi rebaptisée en 1945 par les envahisseurs soviétiques en l’honneur du répugnant Mikhaïl Ivanovitch Kalinine, président de 1938 à 1946 du præsidium du Soviet suprême de l’URSS. Et, en cette qualité, cosignataire le 5 mars 1940 avec Staline, Molotov et quelques autres criminels contre l’humanité, de l’ordre d’appliquer la peine de mort par fusillade, « sans comparution devant des tribunaux, ni acte d’accusation », à 25 700 Polonais faits prisonniers par l’Armée rouge, « anciens officiers, fonctionnaires, agents de police, agents de renseignement, gendarmes […], membres de diverses organisations contre-révolutionnaires d’espions et de saboteurs ». D’où les massacres, de Katyn notamment, découverts par les Allemands lors de leur entrée en URSS après la rupture du pacte-germano soviétique (2)… et aussitôt attribués à la Wehrmacht par Moscou et ses compagnons de route occidentaux.

On conviendra que s’il est un territoire à sauver d’urgence des griffes de l’ours russe, c’est « Kaliningrad ». Mais, nul n’en souffle mot, pas même Varsovie, qui se veut pourtant en pointe contre l’ogre Poutine, et moins encore l’OTAN. Il serait temps de s’interroger sur cette conspiration du silence.

Camille Galic 18/07/2025

Camille Galic

(1) Qui est apparue bien défraîchie, peut-être traumatisée par la relaxe en appel de ses deux « calomniatrices » Natacha Rey et Amandine Roy qui l’avaient définie comme « une femme transgenre », née Jean-Michel. Brigitte Macron s’est aussitôt pourvue en cassation.
(2) La vérité fut établie en 1943 dans Je suis partout par Robert Brasillach qui le paya de sa vie puisqu’il fut condamné à mort en janvier 1945, après un procès expéditif — moins de six heures, les jurés étant en majorité communistes.

Écrire un commentaire

Optionnel