Ces derniers se sont vu intimer l’ordre d’abattre la totalité de leur élevage, soit au total 8.250 poules, dont 2.000 réformées, trop âgées pour suivre le rythme de ponte d’un élevage professionnel, et qui devaient être revendues à bas prix et finir tranquillement leur vie chez des particuliers. Malgré un coût d’environ 30.000 euros, ce couple d’éleveurs annonçait vouloir réinvestir pour remplacer son cheptel et assurer ainsi la continuité de son activité, mais les choses se sont alors compliquées, aucun abattoir ne pouvant prendre en charge l’abattage de leurs poules dans la région.
Le monde paysan ébranlé
L’affaire s’est rapidement ébruitée et n’a pas manqué de faire réagir un monde paysan déjà fortement ébranlé par les abattages forcés de vaches de ces derniers mois, notamment en Savoie et, plus récemment, dans l’Ain. La Coordination rurale est montée au créneau pour soutenir et défendre les Chaffangeon et Alain Pioteyry, président de la CR 42, s’est confié à BV sur le développement dramatique de cette affaire. « On impose d'abattre ces poules, sauf qu'il n'y a pas d'abattoir disponible ici, il n'y a rien, explique-t-il, il faut donc que les éleveurs attendent, et en attendant, il faut nourrir les poules. Or, c'est un coût qu’ils ne peuvent financièrement pas supporter. » Un « détail » qui pourrait donc bien empêcher ces derniers de réinvestir et les mener à la faillite.
Il faut tout de même rappeler que tout est parti d’une simple poussière contenant de la salmonelle, comme on en trouve un peu partout. Vaccinées, les poules de l’exploitation sont en bonne santé et les œufs n’ont pas été contaminés. Les Chaffangeon ont donc demandé une contre-expertise, en vain. « Les autorités ont refusé et ne veulent rien savoir, constate Alain Pioteyry. Qu’importe pour elles que l’élevage et les œufs soient sains. Il y a de la salmonelle sur un mur, donc il n’y a pas lieu d’autoriser une contre-expertise, même aux frais de l’éleveur... Il faut tout abattre ! »
L’incompréhension gagne toute la profession. « La loi française va bien au-delà des normes européennes. On est en train de détruire nos élevages, et sans raison valable. Cela devient catastrophique », s’insurge Alain Pioteyry, pour qui « personne ne comprend ce qui se passe. D’autant plus qu’une fois abattues, ces poules seront vendues pour terminer dans des plats préparés, et leurs œufs partiront en casserie ».
Destruction des exploitations et concurrence déloyale
Dans son communiqué, le président de la Coordination rurale 42 rappelle, par ailleurs, que « l’éleveur français n’a plus le droit de vendre sa production pour une poussière, mais qu’en est-il des poulets et des œufs importés de l’autre bout du monde ? Quelles détections des salmonelles sont effectuées dans ces pays ? » Ici comme sur bien d’autres sujets, nos paysans sont confrontés à des différences de législations qui font d’eux les victimes systématiques d’une concurrence déloyale. Mais à l’arrivée, conclut le communiqué, ce sont les Français qui pâtissent de ces aberrations normatives : « Que mangera-t-on, demain, quand on aura vidé nos campagnes des agriculteurs ? Du poulet bourré d’antibiotiques ayant traversé les océans ? Des œufs de poules élevées en cage dans des conditions indignes ? »
Étrangement, sur ces questions, nous ne recevons jamais le moindre communiqué de la part des défenseurs des animaux et des organisations et partis écologistes…
En attendant, Magalie et Maxime Chaffangeon vivent un double drame, à la fois financier et humain.
Etienne Lombard
https://www.bvoltaire.fr/scandale-de-labattage-des-cheptels-apres-les-vaches-les-poules/