Nous étions dans une sorte de flottement presque serein. Nous avions un premier ministre qui avait cessé de vouloir parler, il faut dire que ses rares interventions avaient été déroutantes, voire lunaires. Pendant ce temps les journalistes continuaient à donner la parole aux ministres démissionnaires, leur attribuant de facto un rôle et même une autorité, qu’ils n’avaient plus, mais qu’à cela ne tienne, il faut bien faire de l’audimat. Surtout, comme ils s’accrochaient à leur ministère malgré tout, pourquoi ne pas leur demander leurs avis ? Et puis soudain la machine s’est emballée. Macron a exigé un gouvernement pour dimanche soir et Lecornu s’est exécuté. Le pauvre, que pouvait-il faire d’autre que ce que nous avions imaginé, à savoir reprendre les mêmes et nous vendre cela comme une rupture ? Pour masquer la supercherie, il y incorpora des faux nouveaux, dont le fameux Le Maire.
Là, tout bascula, une levée de boucliers et douze heures plus tard, une nouvelle démission. Etait-ce une provocation volontaire de sa part ou une sottise ? On se demande bien comment l’idée de reprendre le responsable de plus de 1000 milliards de dette supplémentaire a pu germer dans son esprit. C’est là que l’on se rend compte de la philosophie de Macron lui-même et de la macronie, totalement déconnectés d’avec le réel, ils n’ont aucune mesure de ce qu’ils font et du sentiment qu’ils provoquent. Macron a immédiatement acceptée cette démission. On se demande si tout cela n’est pas une mise en scène, ou si l’exécutif est totalement dépassé par la situation ? À force de vouloir contrôler tout le monde, la gauche avec la nomination de Vallaud Belckacem, ou la droite avec celle de Retailleau, Macron ne semble plus rien maîtriser. Dérive réelle ou programmée ? On ne sait plus trop, veut-il gagner du temps, pour continuer à mettre en place l’agenda européen avec l’euro numérique et l’obligation de placer l’armée sous commandement extérieur? Pense-t-il réellement que sa stratégie est la bonne et qu’il pourra peser d’une quelconque manière dans un pays devenu ingouvernable ? Unique certitude, la crise institutionnelle dans laquelle Macron a plongé volontairement la France est plus grave que ce qu’il avait pu imaginer et l’impasse créée pourrait lui être fatale.
Nous l’écrivions il y a quelques jours, la révision constitutionnelle devient une nécessité, n’en déplaise aux LR qui s’imaginent que réécrire une constitution est un crime. Qu’ils se rassurent, s’ils ne savent pas faire, d’autres y parviendront sans problème. Et non, ce n’est ni un échec ni une forfaiture, mais une preuve de maturité. Les constitutions ne sont pas éternelles, d’ailleurs rien ne l’est ici bas. Nous n’avons plus les outils pour sortir de ce marasme. La seule chose qui pourrait peut-être sauver le pays c’est la destitution de Macron, puisque ce dernier se refuse à quitter le pouvoir. Au passage, au RPF, nous conseillons une opposition plus rugueuse, à savoir la censure systématique des Premiers Ministres nommés par Macron et sa destitution. Finalement, on y arrive mais on aura perdu six bons mois. Et encore, certains n’ont pas compris, cette option est pour le moment écartée par les principaux partis RN en tête, et LR côté sénateur. Larcher toujours lui, est le rempart qui préserve Macron… il compte en faire quoi ? Cette démission du Premier ministre a eu au moins le mérite de nous épargner l’éternelle hésitation des oppositions dont nous avons été témoins les fois précédentes, consistant à donner le bénéfice du doute, pour finalement censurer, perdant ainsi un temps précieux. Mais là, le doute n’était pas permis puisque nous avions les mêmes ministres. Lecornu a dû s’en rendre compte et a préféré abréger ses souffrances. D’ailleurs, nous arrivons à l’aberration que nous soulignions dans nos colonnes, à savoir que les ministres démissionnaires reconduits sont à nouveau démissionnaires, mais qu’ils ne bougent toujours pas !
Macron aurait-il inventé un nouveau statut ? De cela aussi il faudra peut-être s’en inquiéter un jour. Le déclic va-t-il enfin frapper nos responsables et les conduire à demander de concert le départ de Macron avec un ultimatum à la clé, sa destitution ? Si l’on en croit les déclarations de ce jour, la demande de son départ commence à être unanime, dans le peuple aussi, en plus. Est-ce de la part de la classe politique une dernière politesse envers Macron, lui offrir une porte de sortie honorable juste avant de le destituer ? On aimerait le penser. Croire que la situation pourra s’améliorer dans le contexte actuel est une hérésie… Il n’y a pas de majorité à cause d’un mode de scrutin qui ne le permet plus, faisant se succéder les gouvernements avec les mêmes têtes, garantissant une continuité régulièrement dénoncée et censurée ! Nous sommes, au RPF, pour un scrutin législatif, uninominal à un seul tour, comme en Angleterre. Le mal est profond, il est directement incarné par Macron lui-même. Esquivera-t-on encore longtemps le problème des institutions et de la place réservée au Président ? Rien ne fonctionne et si nous sommes dans cette impasse institutionnelle, c’est bien parce que plus rien n’est en mesure de corriger les défauts rencontrés. La Vème vit ses derniers instants, et refuser de l’admettre est encore une erreur. Il n’y a plus de solutions et attendre qu’un miracle survienne ne fait que prolonger l’agonie. Dans cette France bloquée institutionnellement que peut-il se passer ? Le déclenchement de l’article 16 ?! Pas impossible, même si les conditions ne sont pas réunies, mais quand on voit la faible résistance des députés, et la douce complicité des Sénateurs on peut craindre le pire. Et là, que se passera-t-il ? Où Macron finira-t-il de nous envoyer avec ses rêves de grandeurs guerrières ? La comédie à assez duré, la patience, de vertu, s’est faite faiblesse, il faut trancher, demander son départ avec une date butoir, et sans réaction de sa part, le destituer. Les motifs ne manquent pas, c’est juste le courage des parlementaires qui fait défaut…
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