Afin de mieux protéger les agriculteurs contre ces gens aux oreilles sensibles, la loi du 15 avril 2024 était censée ne pas donner droit à ce harcèlement juridique contre la vie normale des campagnes françaises. Quand une exploitation agricole existait déjà avant l’installation des riverains que le bruit et les odeurs offusquent, la loi dit désormais qu’il n’est pas censé être pénalement responsable. C’est bien la moindre des choses. Et pourtant, on en est là, et ce brave éleveur devra désormais se justifier de s’être levé aux aurores pour pouvoir simplement faire son travail.
Denis Bully, président de la FDSEA 80, a décidé de prendre les choses en main et de ne pas laisser l’injustice française faire son travail. C’est au nom de sa fédération que ce rassemblement de soutien doit avoir lieu, sous le slogan « La campagne, tu l’aimes ou tu la quittes ». On notera, au passage, cet emprunt pas très discret au Jean-Marie Le Pen des années fastes : une preuve supplémentaire que le prophète de la Trinité, qui, comme Odin, avait perdu un œil pour connaître la vérité, est mort mais que ses idées n’ont jamais été aussi vivantes.
Dans son communiqué, M. Bully précise sa position : « Pour nous, c'est important d'être présents, de lui apporter notre soutien même si, en tant que public, nous ne pourrons évidemment pas prendre la parole. En plus de subir cette audience injustifiée, il est visé par des menaces et des insultes de la part de ses voisins. C'est important d'être là, pour qu'il ne se sente pas seul et pour essayer d'éviter que cela se reproduise. » Menacé et insulté par ses voisins pour avoir simplement vécu comme il devait : le monde à l’envers. Tiens, par parenthèse, ces gens auraient-ils porté plainte pour tapage nocturne si des fêtards alcoolisés ou des scooters lancés à fond les avaient réveillés à la même heure, mais dans une zone plus urbaine ? On se perd en conjectures.
Le fossé entre la France des villes et celle des périphéries se creuse de jour en jour. Ces deux France n’ont plus rien en commun : ni l’architecture, ni la population, ni les priorités, ni les opinions politiques, ni même désormais l’heure du réveil. Des agriculteurs, il en faudra toujours. Des gens qui se réfugient hors des grandes villes pour finir par emmerder les campagnes (on se souvient de ces histoires de coqs chantant trop tôt le matin), on en est moins sûr. Bon courage à cet agriculteur, à qui on souhaite que la Justice, pour une fois, fasse ce pour quoi Nicolas la paie.
Arnaud Florac