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[TRIBUNE] Ministère de l’Agriculture ou du Ravitaillement ?

Capture d'écran
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Un an après sa nomination, à deux reprises, au ministère de l’Agriculture, Annie Genevard, qui a passé sans dommages le cap de l’éviction de Matignon de Michel Barnier et de François Bayrou par le Parlement, a déclaré, dans un long discours devant le monde agricole en crise, qu’elle est en guerre. Contre qui ? On ne sait pas. Contre l’effondrement de l’agriculture auquel elle a participé avant et pendant sa responsabilité ministérielle ? Sans doute. Mais qu’importe le passé ; elle se déclare décidée à faire « la guerre des champs », se fait lyrique lorsqu’elle ambitionne de « réenchanter » l’agriculture (sic) et redevient réaliste (en intention) en appelant au « Grand Réveil alimentaire » (le terme « Reconquête » eût été préférable, mais c’est un mot tabou pour la fausse droite).

À qui la faute ?

Pour l’essentiel, son discours aurait pu être celui du président de la FNSEA lorsqu’il constate, dénonce l’inversion de la balance commerciale agricole qui, d’exportatrice, est devenue importatrice sur le marché européen et mondial. À qui la faute ? Le ministre en fait un inventaire déculpabilisant : à la Russie, évidemment ; aux États-Unis, qui subventionnent trop leurs paysans ; au réchauffement climatique, cause de tous nos maux, mais pas aux ministres qui se succèdent depuis les mauvais accords de Marrakech en 1992 et ceux de Maastricht en 1994 approuvés par les européistes de droite comme de gauche ?

Je ne veux pas accabler Madame le Ministre des péchés des autres ; les siens lui suffisent. Pour clarifier le débat et le porter sur la place publique en des termes que chacun pourra comprendre, j’aurais aimé entendre le syndicalisme agricole lui poser l’éventail de questions suivantes : qui a donné son aval aux accords du Mercosur et veut nous faire croire à la fiabilité de clauses de sauvegarde financières et sanitaires ? Pourquoi ne pas éradiquer les surtranspositions françaises pénalisantes des règlements agricoles européens, en les supprimant en une seule fois par une loi rectificative ? Qu’attendez-vous pour limiter le pouvoir des grandes surfaces sur leur amont agricole et agroalimentaire, elles dont vous souhaitez pourtant de nouvelles implantations de leurs magasins alors que leur densité sur notre territoire est la plus élevée du monde ? Pour quelles raisons ce régime de faveur ? C’est vrai qu’un service en vaut un autre : le petit commerce appréciera. Allez-vous mettre fin au harcèlement des écolos-bobos qui parviennent à caviarder vos lois inutiles (par exemple les lois EGAlim), de contraintes vertes dont sont victimes les agriculteurs et les éleveurs livrés aux guérillas des Black Blocs, comme ils le sont à l’imperium de votre administration pléthorique et paperassière. Par découragement, chaque jour, un paysan se suicide : que répondre, et par qui, à leur angoisse avant leur geste fatal ?

Palabres et répression

Votre assujettissement sans résistance, à Bruxelles, à des technocrates non élus est affligeante. À quand la révolte, à quand l’usage du compromis de Luxembourg, la seule arme qui reste à la disposition des États membres pour faire plier la toute-puissante Commission européenne. C’est contre elle qu’il faut faire la guerre, Madame le Ministre, pas contre des moulins à vent.

Alors, maintenant, que va-t-il se passer ? Rien. Des palabres. Il est prévu des Conférences de la souveraineté alimentaire. Elles auront le même sort que le Grand Débat national avorté de l’après gilets jaunes.

Et maintenant, la brutale répression (avec blindés et hélicoptères) d’éleveurs ariègeois qui veulent protéger leur cheptel d’un abattage contesté et contestable témoigne de l’incompétence ministérielle et du mépris du pouvoir en place pour les paysans.

François Guillaume

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