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  • Mobilisation générale pour les Assises présidentielles de Lyon ! | Marine Le Pen

  • François Fillon, l'espoir invertébré

    À l’inverse de ce qu’écrivait mon ami Bruno Larebière dans le précédent numéro de monde&vie, il ne m’est pas possible de voir en Fillon le candidat de la « droite hors les murs »...

    « Je suis gaulliste et de surcroît je suis chrétien, cela veut dire que je ne prendrai jamais une décision qui sera contraire au respect de la dignité humaine, au respect de la personne, de la solidarité », a déclaré François Fillon, le 3 janvier sur TF1. Reste que les gaullistes sont loin d'avoir toujours respecté la dignité humaine, et quant à celle de la personne, elle n'a pas empêché le chrétien Fillon d'avoir voté toutes les lois socialistes favorables à l'avortement.

    Je ne lui reproche certes pas d'avoir fait état de sa foi chrétienne, ce dont s'indignent un Guaino ou un Bayrou (ce dernier avait déjà été l'un des seuls politiciens à protester contre la décision de Jacques Chirac de mettre les drapeaux en berne après la mort du pape Jean-Paul II...) Mais quel espoir placer en lui, dans l'éventualité où il serait élu président de «la République en 2017 ? Établi au cœur du système, il appartient pleinement à la droite « dans les murs », qui a avalé tous les crapauds que la gauche lui présentait, en en redemandant. Depuis le début de sa carrière voilà plus de 36 ans, cinq fois ministre, dans le gouvernement de Balladur, puis dans ceux de Juppé et de Raffarin sous la présidence dé Chirac, enfin premier ministre pendant tout le quinquennat de Nicolas Sarkozy, François Fillon a soutenu et été associé à la politique de cette pseudo-droite conservatrice de tous les abandons, qui a conduit le pays (en alternance complice avec les socialistes) à la situation dans laquelle il se trouve. La juge-t-on si bonne qu'il faille le remercier ?

    Pendant toutes ces années, le principal acte de courage de Fillon aura consisté à réformer le régime de retraites des fonctionnaires, lorsqu'il était ministre des Affaires sociales, en 2003. Mais il avait alors suffi d'une visite de François Chérèque, le secrétaire général « réformiste » de la CFDT, pour que le ministre consentit aux syndicalistes du public toutes les compensations qu'ils souhaitaient, sans souci de leur financement. Chirac le voulait comment l'eût-il refusé ?

    « Courage Fillon » !

    L'anecdote est révélatrice. Devenu premier ministre de Sarkozy, Fillon, de même, a tout consenti et tout signé l'ouverture à gauche, le traité de Lisbonne, la constitution du conseil français du culte musulman, le maintien de l'immigration au niveau de 200 000 entrées par an, le pouvoir de flicage conféré à la Halde, la discrimination prétendument « positive », la catastrophique réforme des collèges inspirée par Richard Descoings, l'introduction par son ministre Chatel de l'idéologie du genre dans les programmes scolaires, l'explosion de la fiscalité et de la dette publique. Sur ce dernier chapitre, il avait, il est vrai, annoncé la faillite financière de la France, mais sur le reste, a-t-il jamais protesté ? Il se préoccupe aujourd'hui du sort des chrétiens d'Orient, ce qui est à son honneur, mais s'en souciait-il lorsque Sarkozy et Juppé contribuaient avant Hollande et Fabius à déstabiliser cette région par leur politique en Libye et en Syrie ?

    Il est vrai que l'ancien premier ministre s'est plaint de la manière de gouverner « clanique » de Nicolas Sarkozy, qui l'aurait mal traité. À en croire Patrick Buisson, le roquet des Hauts-de-Seine l'avait même surnommé « courage Fillon ! » Mais s'il était si malheureux, que n'a-t-il démissionné ? Son influence auprès de Sarkozy se réduisit paraît-il au maintien au gouvernement de son amie Roselyne Bachelot, qui attendit comme lui que la gamelle fût vide pour trouver la pâtée saumâtre. « Le pauvre homme ! », aurait dit Orgon.

    Parce que sa réussite à la primaire a permis d'éviter le retour de Sarkozy ou la candidature de Juppé, il nous est présenté comme le candidat naturel des catholique et de La Manif Pour Tous, réduite aux acquêts du du groupe « Sens commun ». Cette espérance répond à la soif de victoire d'une fraction de l'électorat conservateur accoutumée à élire la droite « dans les murs », qui s'essuie pourtant les pieds sur elle depuis des décennies. Mais Fillon n'est jamais qu'un moindre mal. Comment oublier qu’il fut le ministre de Juppé lorsque celui-ci était chef du gouvernement, et vice-versa ? Entre les programmes des deux hommes, il n'existe (sauf en politique étrangère) qu'une différence de degré, pas de nature, encore cette différence de degré est-elle faible. Et il est à la fois symbolique et révélateur qu'au lendemain de sa victoire, Fillon ait « récupéré » comme porte-parole celui du maire de Bordeaux, le calamiteux Benoist Apparu, type du politicien « dans les murs ». Il eût été très étonnant qu’il fit appel à une personnalité « hors les murs », comme Robert Ménard, par exemple.

    Est-ce sur cet invertébré qu'il faudra compter désormais pour restaurer le prestige et la parole de la France dans le monde ? À cinq mois de l'élection, Fillon accuse déjà physiquement les effets et les ravages des premiers bombardements médiatiques; il était déjà gai comme un pinson déplumé, le voici lugubre comme une dinde à la veille de Noël. À le voir si déprimé, me viendrait presque l'envie de lui taper dans le dos pour lui faire cracher ses humeurs noires, et de dire à ce droopy de la Sarthe « Allez, quoi, mon petit vieux, fais rillette aux électeurs ! »

    Eric Letty monde&vie  12 janvier 2017

  • La déroute annoncée de François Fillon (2/2)

    Suite de Le faux succès des primaires et la déroute annoncée de François Fillon (1/2)

    La bien-pensance médiatique – celle qui ne jure que par le duopole libéral-libertaire des « Républicains », du P « «S » et de leurs affidés – a tôt fait de présenter François Fillon comme un futur président de la République en puissance étant donné l’état de déliquescence plus qu’avancé de sa (pseudo) alternative (faussement) de gauche que représente le P « S », et ce quel que soit le candidat qui sortira des primaires de ce dernier.

    François Fillon a effectivement réalisé une excellente campagne des primaires « de la droite et du centre » :

    •  en attirant à lui la droite catholique traditionnelle clairement méprisée par Alain Juppé, plus que lassée par les tours de girouette de Nicolas Sarkozy, consciente des chances infiniment maigres de son propre candidat (JeanFrédéric Poisson) et lassées d’être perpétuellement non représentée dans les appareils de partis ;
    • en se présentant comme la réelle et seule alternative crédible au centrisme bobo, relativiste et multiculturaliste d’Alain Juppé d’une part, aux outrances vides de réel contenu de Nicolas Sarkozy d’autre part (ce que n’est pas parvenu à réaliser Bruno Le Maire) ;
    • et surtout en ouvrant grand son programme aux intérêts du grand patronat, de la finance et des multinationales qui l’ont de ce fait abondamment subventionné et soutenu[i].

    En rassemblant derrière lui une large base du socle électoral de la droite classique et tout en parvenant à taire – pendant la durée de la campagne[ii] – les contradictions de ce rassemblement (son programme économique très favorable au patronat sera très lourd pour les classes moyennes dont est pourtant très largement issu le milieu catholique traditionnel), François Fillon est parvenu a remporté haut la main ces primaires. Le bilan du quinquennat de François Hollande étant un boulet pour quiconque portera les couleurs PS, les habitués du bipartisme à la vue courte[iii] - et qui sont aussi, fort logiquement, des thuriféraires aveugles du principe des primaires – ont donc immédiatement discerné en François Fillon le futur chef de l’Etat. Pourtant le socle que qu’il a su mobiliser est extrêmement faible (voir également la premier partie de l’article). Si François Fillon devait, au jour J du 1er tour des présidentielles, se contenter des 1,9 millions d’électeurs qui ont porté leur choix sur lui au 1er tour des primaires (2,9 millions au 2nd tour), il ne réaliserait qu’environ ….  5,2% des voix (7,9% sur la base des électeurs du 2nd tour des primaires)[iv] !

    Dans cette perspective, il lui est donc impératif d’élargir très grandement sa base électorale, sans pour autant perdre ce qu’il a conquis lors de ces primaires. Or, tant dans la forme (puisqu’il n’a cessé de scander qu’il était homme à se tenir à son programme) que dans le fond, son programme économique[v] lui interdit tout élargissement d’importance. François Fillon s’est d’ores et déjà mis à dos une très large majorité de la fonction publique (soit de l’ordre de 6 millions d’électeurs ...), non seulement parce que sa proposition est une aberration dans la situation économique que connaît notre pays (supprimer 500 000 emplois – dussent-ils être publics – alors que près de 6 millions de Français sont en souffrance sur le marché de l’emploi) mais aussi parce qu’une large part de cette fonction publique (hôpitaux, douanes, police, armées, enseignants) a déjà beaucoup souffert des réductions d’effectifs des deux précédents quinquennat[vi] et que les modalités de mise en œuvre sont demeurées très floues … si ce n’est en annonçant que les fonctionnaires restant devront travailler davantage alors même qu’une grande partie d’entre eux n’a en pratique jamais connu les 35 heures ! Conforme aux préconisations de l’Union européenne[vii], son projet de privatisation[viii]en masse de la sécurité sociale, tout aussi aberrant économiquement puisque le système de notre sécurité sociale est l’un des plus performants – sinon le plus performant –  de la planète en rapport coût-efficacité[ix], lui aliène d’emblée les classes populaires, la plus grande majorité des classes moyennes ainsi que, probablement, les personnes âgées, segment pourtant traditionnellement assez proche de la droite. L’ancien premier ministre et son équipe peuvent tenter de bien oiseux retournements sur ce sujet[x], il est plus que probable que le mal est fait et que cet électorat, le plus important numériquement et potentiellement le plus décisif[xi], lui a pour une grande part définitivement tourné le dos (et que ces retournements retourneront aussi une part de l’électorat qui a construit sa victoire aux primaires !). Rajoutons à tout cela que François Fillon peinera à regrouper derrière lui une frange grandissante (et sans doute majoritaire aujourd’hui) de Français plus que lassés par les travers de l’européisme bureaucrate et des politiques austéritaires qui y sont liées si l'ancien disciple de Philippe Séguin – mais qui en a totalement renié l’héritage en assumant ouvertement tous les « Munich sociaux » – continue à prôner les vertus de la souveraineté (ce qui s’entend bien) tout en demandant une intégration accrue dans la « gouvernance » de la zone euro (ce qui est totalement incompatible avec tout discours sur la souveraineté !). Enfin, les « Républicains » ne pouvant se permettre de tirer à contre-camps, le passif du quinquennat Sarkozy a été peu évoqué pendant la campagne des primaires. Nul doute que le premier ministre de tout ce piteux quinquennat ne pourra très longtemps s’exempter d’un devoir d’inventaire sur ces cinq années qui n’ont été guère glorieuse pour la France[xii].

    C’est donc une longue et pénible campagne qui s’annonce pour François Fillon jusqu’aux jours d’avril 2017 et rien ne garantit son accession au 2nd tour des présidentielles. Celles-ci seront probablement, comme c’est de plus en plus le cas dans toutes les démocraties frappées par le discrédit de plus de trente années de néolibéralisme, d’une très grande indécision et l'on peut s'attendre à voir nos éditocrates sondagiers s'émouvoir qu'un candidat plébiscité aux primaires se fasse piteusement disqualifié quelques mois plus tard au cours d'une élection pour le coup bien plus démocratique que ne le sont ces primaires.

    [i] Lire François Fillon : le candidat des banquiers et des grands patrons, c'est lui, Etienne Girard, Marianne, 23/11/2016.

    [ii] Ces contradictions se retrouvant dans les programmes d’à peu près tous les candidats de la primaire.

    [iii] Ce bipartisme n’a paru comme une évidence sous la Ve République que pour les élections de 1974, 2007 et 2012. Toutes les autres se sont jouées au moins à trois candidats en mesure de franchir le premier tour.

    [iv] Sur la base des 36,6 millions de suffrages exprimés au 1er tour des présidentielles de 2012.

    [v] Impôts, travail, sécurité sociale… le programme économique de Fifi mains d'acier, T homas Vampouille, Marianne, 28-nov-16.

    Santé et sécurité sociale : les incohérences du programme Fillon, Elie Arié, Marianne, 30-nov-16.

    [vi] La RGPP, révision générale des politiques publiques, initiée sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy qui consistait – entre autres – à ne pas remplacer arbitrairement un poste de fonctionnaire sur deux lors des départs à la retraire, poursuivie, dans une à peine moindre mesure par la MAP, modernisation de l’action publique, par M. Hollande.

    [vii] Quand l’Europe veut s’attaquer à la Sécurité Sociale, Laurent Herblay, Gaulliste libre, 23-oct-12.

    [viii] Privatisation que François Fillon avait déjà, plus ou moins discrètement, largement initiée lors de son passage à Matignon :

    Coût de la santé : le mensonge par omission du gouvernement, Laetitia Clavreul, Le Monde, 13-oct-10.

    Le gouvernement baisse de 35% à 15% le remboursement de 150 médicaments, Laetitia Clavreul, Le Monde, 17-avr-10.

    [ix] Une autre histoire de la Sécurité sociale, Bernard Friot & Christine Jakse, Le Monde diplomatique, dec-15.

    Sécurité Sociale: le risque de la privatisation, Elie Arié, Le Monde, 20-sept-10.

    Santé : c’est la privatisation qui coûte cher,                 Noam Ambrourousi, Marianne, 12-déc-14.

    Rajoutons que le programme de privatisation de François Fillon fera la part belle aux lobbies de la santé … ceux-là même qui plombent notre système de santé :

    Labos-professions de santé : 236 millions d’euros de cadeaux !, Clotilde Cadu, Marianne, 18-mars-15.

    Médecins : leurs liaisons dangereuses bientôt mises à nu, Clotilde Cadu, Marianne, 16-mars-15.

    Lobbies pharmaceutiques et Commission européenne : l'amour fou, Roger Lenglet, Figarovox, 06-sept-15.

    [x] Rembourser ou non le rhume : le camp Fillon se mouche, Etienne Girard, Marianne, 12-déc-16.

    Sécurité sociale : cette "clarification" de Fillon qui a tout d'un reniement, Etienne Girard, Marianne, 13-déc-16.

    [xi] Les mesures-chocs de François Fillon rejetées par les Français, Jean-Christophe Chanut, La Tribune, 09-déc-16.

    [xii] Lire :

    Réponse au tract bilan de Nicolas Sarkozy, l’œil de Brutus, 24/01/2012.

    Petit bilan des petites réformes de M. Sarkozy, l’œil de Brutus, 23/08/2011.

    http://loeildebrutus.over-blog.com/2017/01/la-deroute-annoncee-de-francois-fillon-2/2.html